La mode comme observatoire du monde qui change

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Et soudain d'autres sont déjà là. Ils sont beaux. Les garçons sont doux et barbus. Les filles sont jeunes et décidées. Elles ne baissent pas les yeux. Tous ont la formidable insolence de ceux qui ne savent rien. Ils veulent tout, tout de suite, à commencer par notre mort. Je les regarde avec émerveillement, sans aucune envie d'être à leur place. Ces moins de 25 ans, je les appelle les Babys.
Ils vont devoir affronter le dérèglement climatique, les catastrophes naturelles, les nouvelles épidémies, la pollution. Ils vont devoir faire face aux révolutions et aux guerres. Ils vont subir des crises financières à répétition. L'eau va manquer. Ils vont devoir accueillir les migrants, par centaines de milliers, affamés, massés à leurs frontières. Ils vont devoir intégrer socialement les jeunes des banlieues qui n'ont que trop patienté. Ils vont devoir se battre contre de nouvelles armes de destruction massive et de nouvelles idéologies. Pour garder leurs emplois, ils auront l'obligation de rester jeunes et performants. Il leur faudra inventer un nouvel ordre familial et amoureux. Et ils vont devoir payer ma retraite. Mais rien ne les arrêtera.
Ce siècle qui déboule est un adolescent turbulent de 15 ans. Ça va tanguer.