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Presses De Sciences Po
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Accusé d'être un " agent de Moscou " puis de " Moscou et Pékin ", d'être le responsable des violences exercées par le régime communiste au Viêt-Nam ou encore un diabolique docteur Fu-Manchu, interlocuteur perfide des Occidentaux pendant les guerres de décolonisation, Ho Chi Minh accède pourtant, aujourd'hui, à une double immortalité : celle qu'on réserve, dans sa culture, aux héros nationaux - avec ce buste de huit mètres installé il y a quelques années à Ho Chi Minh Ville - et celle de l'homme de culture auquel ses admirateurs et les dirigeants de l'Unesco, dans une récente commémoration, ont voulu donner une envergure universelle.
C'est dire si le personnage a suscité des appréciations variées, polémiques et contradictoires, dont ce livre rend compte pour la première fois.
Au-delà du " mythe Ho Chi Minh ", Pierre Brocheux s'attache au parcours d'un aventurier de la Révolution qui, avant de devenir président de la république démocratique du Viêt-Nam, connut le mépris de la France coloniale et les arcanes de Moscou au temps de " l'internationalisme prolétarien ".
Il tente de comprendre comment peuvent s'articuler l'ancrage dans la tradition vietnamienne, la culture communiste et les pratiques du leader charismatique.
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Marc Bloch parmi ses pairs. Marc Bloch fondateur des Annales. Marc Bloch martyr de la cause nationale. La résurrection intellectuelle, épistémologique et civique d'une figure longtemps éclipsée par Lucien Febvre et Fernand Braudel invite à se pencher sur le savant, le professeur et le citoyen qu'il était.
Dans cette biographie de l'auteur de L'étrange défaite, Olivier Dumoulin montre comment, de ses démarches intellectuelles - histoire régressive, histoire comparée, histoire des structures sociales - en passant par sa vision de l'enseignement de l'histoire, jusqu'à ses engagements de citoyen, un même questionnement a animé Marc Bloch. Et comment cette quête d'une osmose entre les différentes formes d'intervention que l'historien pratiqua fut à la fois infructueuse et pourtant créatrice. -
François de Wendel
Denis Woronoff
- Presses De Sciences Po
- References Facettes
- 21 Mars 2001
- 9782724608052
Quelle image retenir de François de Wendel : celle du chef de la Maison sidérurgique lorraine, de 1906 à 1949, ou celle d'un homme politique de droite, député puis sénateur, meneur dans l'ombre du camp conservateur ? Doit-on considérer surtout sa très longue présidence du Comité des Forges ou plutôt son action, pendant vingt-trois ans, au Conseil de régence de la Banque de France ? Ces fonctions assumées et ce pouvoir supposé ont fait de lui la cible de tous ceux, à gauche comme à droite, qui combattaient l'influence des " puissances d'argent ".
Homme public mais discret, voire secret, il a été plus cité que connu et compris.
A-t-il réellement retardé, pendant la Grande Guerre, le bombardement de ses usines du bassin de Briey ? L'accusation, qui reparaît épisodiquement de 1919 à 1949, est symptomatique du procès en trahison qui, d'un après-guerre à l'autre, lui a été fait. Image contre image, François de Wendel et les siens ont toujours revendiqué un patriotisme intransigeant et une vigilance continue à l'égard de l'Allemagne, qu'elle fût impériale, républicaine ou nazie.
Le plus parisien des Lorrains a été également soucieux de quadriller son territoire industriel et de pratiquer un paternalisme efficace. Bien qu'attentif à l'innovation technique, il ne mettait cependant rien au-dessus de l'indépendance et de la continuité de sa Maison, au risque de réagir avec retard aux changements de sa branche d'industrie. Il se sentait en effet comptable de plus de deux siècles d'histoire d'une dynastie et d'une profession qu'il a personnifiées.
Après lui, l'une et l'autre changent. Il aura été le dernier maître de forges.
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La mémoire nationale a gardé une image déformée de Maurras en n'en conservant que l'aspect du doctrinaire nationaliste et antisémite.
On n'y fait plus guère référence que comme à un " totem " pour stigmatiser toute expression de l'intégrisme catholique, du populisme d'extrême droite et du racisme. On ne pense plus guère à lui dans le monde littéraire, si ce n'est pour s'étonner de le voir mêlé à l'histoire des grands noms de la littérature de son temps. C'est la façon dont Maurras lui-même a construit son image tout au long de sa carrière et pour la postérité qui a provoqué cette vision : jeune provincial sans capital social ni culturel, il a été mis en échec dans ses tentatives de se créer une position dans les milieux littéraires parisiens.
Il a contourné ces échecs en idéologisant son travail de critique littéraire et en définissant le nationalisme intégral à partir de l'affaire Dreyfus durant laquelle il devient un des ténors du camp antidreyfusard. Arrivé à l'apogée de sa réputation intellectuelle avec la Grande Guerre, quand un consensus s'est établi autour de ses propres thèses d'un art national, il va peu à peu se trouver cantonné dans son rôle le plus politique et le plus violent, jusqu'à l'épisode de l'Occupation, où il soutient sans condition la Révolution nationale.
Par-delà ce qui est déjà et depuis longtemps bien connu de sa vie et de sa doctrine, l'ouvrage propose pour la première fois de : replacer ses modes de pensée et d'action dans la filiation de la bohème fin de siècle auxquels il reste fidèle jusqu'à sa fin ; redéfinir les rapports étroits que peuvent entretenir dans son oeuvre littérature et politique, loin de la notion postérieure d'" engagement " ; dégager les constantes de ses modes d'action à travers différentes condamnations qui l'ont frappé ; analyser l'élaboration de sa doctrine à travers l'exemple de l'antisémitisme.
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Maurice Thorez
Stéphane Sirot
- Presses De Sciences Po
- References Facettes
- 3 Février 2000
- 9782724607963
Enfant des corons, secrétaire général du PCF pendant près de trente-cinq ans, figure de proue du Front populaire, vice-président du Conseil de l'après-guerre, Maurice Thorez est une personnalité majeure de la vie politique française du début des années trente au milieu des années soixante.
Son itinéraire, qui traverse le stalinisme, fait de lui un enjeu tant parmi ses contemporains que chez les historiens.
Il incarne une organisation, le " parti de Maurice Thorez ", qui bâtit autour de lui l'icône à partir de laquelle s'organisent en positif ou en négatif les représentations du " fils du peuple ". Thorez est un personnage à l'identité constamment exploitée à des fins politiques, c'est pourquoi l'analyse de la construction de l'image thorézienne s'avère indispensable à la compréhension du communisme français.
L'évocation de ses itinéraires dépasse sans cesse la simple reconstitution d'une existence dont les actes s'inscrivent pour partie dans un idéal mythique autour duquel se mettent en mouvement un homme et une organisation partisane.
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Dr Ambedkar ; leader intouchable et père de la constitution indienne
Christophe Jaffrelot
- Presses De Sciences Po
- Academique
- 23 Mars 2000
- 9782724608007
En 1997, l'élection d'un intouchable à la tête de l'Etat indien, le président Narayanan, a subitement témoigné de la montée en puissance des castes les plus basses sur la scène politique indienne.
Les intouchables, environ 150 millions de personnes victimes d'une ségrégation multi-séculaire, commencent à récolter les fruits de plusieurs décennies de lutte, combat dont Ambedkar fut le pionnier.
Bhim Rao Ambedkar (1891-1956) fut longtemps seul contre tous, et notamment contre Gandhi, pour qui les intouchables devaient demeurer partie intégrante de la société hindoue. Cela ne l'empêchera pas de participer au premier gouvernement de Nehru et d'être chargé de rédiger la Constitution de l'Inde en 1947, en raison de ses talents de juriste.
Il utilisera ces fonctions pour contenir l'influence du gandhisme et au mieux des intérêts des intouchables.
Homme d'Etat, Ambedkar était aussi un penseur. Son action politique reposait sur une analyse sociologique du système des castes dont il conclut qu'il était consubstantiel à l'hindouisme et que les divisions des castes inférieures interdisaient la formation d'une classe laborieuse, dont les marxistes indiens espéraient encore l'avènement.
D'où les deux stratégies qu'il mettra en oeuvre dès les années 1920. La première visait à améliorer la position des intouchables dans l'espace public, en les mobilisant à travers un parti politique et en obtenant pour eux des concessions auprès des Britanniques puis du Congrès. La seconde n'était autre que la conversion à une autre religion, perçue comme une migration collective vecteur d'émancipation sociale dès lors qu'elle permettait d'échapper au monde hindou.
Ministre de Nehru mais bridé dans ses projets de réforme sociale, il démissionna et prit ses distances avec l'action politique au début des années 1950 pour finalement se convertir au bouddhisme quelques mois avant sa mort.
Il disparut, amer et solitaire, sans se douter qu'il avait posé les bases d'un mouvement intouchable arrivant aujourd'hui à maturité.
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L'histoire officielle du Risorgimento italien célèbre la trilogie des pères fondateurs de l'Italie unie.
Alors que Mazzini en aurait été le penseur, Cavour le diplomate, Garibaldi était perçu comme l'homme d'action, le bras armé du mouvement de l'unité italienne. Sa vie fut écrite comme une épopée extraordinaire et comme un roman merveilleux. Bien vite, on ne sut plus distinguer le vrai de l'imaginaire. Le mythe supplanta l'homme, acquit sa propre autonomie. Poètes et romanciers, mémorialistes et historiens, peintres et cinéastes s'attachèrent à raconter la vie du héros.
Chacun prétendant, à la différence de ses prédécesseurs, révéler le vrai Garibaldi. L'objet de ce livre n'est pas de démystifier Garibaldi, mais au contraire de prendre le mythe comme un objet d'histoire à part entière. Non pas un voile qui cacherait la réalité, mais le révélateur d'une mémoire collective, de ses tensions, de ses contradictions, de ses contestations, de ses évolutions. Il s'agit de comprendre et d'analyser la portée symbolique que revêtit et revêt encore Garibaldi, dans la Péninsule et au-delà.
L'auteur examine comment le " Héros des deux mondes " fut fabriqué pour les besoins de l'unité italienne. Les modalités des commémorations rituelles, avec leurs gestes, leurs paroles, leurs lieux de prédilection, sont ensuite analysées. Puis il étudie comment il fut récupéré, disputé, revendiqué, depuis Crispi jusqu'à Bettino Craxi, en passant par Mussolini.
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Comparé de son vivant à Jésus-Christ ou à Lénine, Gandhi fut et reste un héros de légende en Occident, depuis les écrits de Romain Rolland dans les années 1920 jusqu'au film de Richard Attenborough.
Il est aujourd'hui perçu comme l'apôtre de la non-violence, comme une sorte de grand ancêtre de l'écologie politique et des mouvements alternatifs. En Inde, en revanche, notamment dans les masses paysannes, c'est sur un tout autre registre qu'on le percevait. Pour les Indiens de notre temps, Gandhi est avant tout le père de la nation, le leader de la lutte pour l'indépendance. Finalement, c'est au mythe qu'on est en permanence renvoyé.
Ce livre explique la transformation de Gandhi en symbole nationaliste ou pacifiste et évalue sa place dans l'histoire indienne et dans le reste du monde. Il fait ainsi oeuvre de novateur car les travaux de qualité sur le Mahatma sont très rares en langue française.
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Edouard Daladier, chef de gouvernement
Collectif
- Presses De Sciences Po
- 1 Janvier 1977
- 9782724603774
L'tude du gouvernement Daladier est aussi ncessaire l'apprciation de l'exprience de Front populaire qu' la comprhension des causes de la dfaite de 1940. Se plaant dans la continuit des quipes qui prennent appui sur la majorit du Rassemblement populaire, le gouvernement d'Edouard Daladier est cependant celui sous lequel se produisent, l'automne 1938, et le renversement de la majorit issue du scrutin de 1936, et un nouvel quilibre des rapports sociaux aprs l'chec - aux yeux de l'opinion - de la grve gnrale du 30 novembre 1938.
Dans une perspective plus longue, le dernier gouvernement du temps de paix qu'ait connu la Troisime Rpublique se caractrise par une nouvelle pratique parlementaire, un rle plus affirm du prsident du Conseil dont l'autorit personnelle est renforce par le soutien de l'opinion. L'exprience est moins rvlatrice de la dgradation du systme de la Troisime Rpublique que de la recherche d'un type de gouvernement plus efficace et autorit plus concentre, tel que le connatront les Quatrime et Cinquime Rpubliques. Mais sa signification la plus profonde est sans doute, devant l'imminence des prils, celle d'un sursaut national.
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Janséniste pour les uns, protestant pour les autres, représentant de la philosophie républicaine, voire penseur petit-bourgeois : que dit cette succession d'images de Descartes et de sa pensée ? Pourquoi tant d'appréciations divergentes ? En...
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Bismarck " démon des Allemands " ou " bon Européen " ? Le premier chancelier allemand demeure, aujourd'hui encore, enfermé dans cette alternative radicale.
Ce livre, qui s'ouvre sur la retraite politique de Bismarck, analyse comment un mythe est fabriqué autour de sa personnalité et pourquoi ce mythe devient un enjeu politique et social majeur dans une Allemagne fragilisée par des crises incessantes. La figure du héros national est construite, utilisée et détournée par les forces nationalistes, elle est combattue par les catholiques, les sociaux-démocrates et surtout les libéraux et elle est finalement récupérée puis abandonnée par les nazis.
Cette instrumentalisation du personnage est au centre des débats dans l'Allemagne de l'après-guerre. Certains historiens soulignent que le mythe s'est emparé du personnage malgré lui. L'auteur considère cette objection en étudiant le monde social, les choix politiques et nationaux comme les pratiques de pouvoir du chancelier. Bismarck a-t-il été conservateur ou révolutionnaire ? A-t-il été un dictateur ou un opportuniste ? Enfin, a-t-il alimenté le nationalisme et l'antisémitisme racial de la fin du XIXe siècle ou en a-t-il retardé le développement ? À travers les " facettes " de Bismarck, ce livre propose une réflexion sur l'Allemagne contemporaine.