Grasset
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De Gaulle, une vie Tome 1 : l'homme de personne, 1890-1944
Jean-luc Barré
- Grasset
- Essais Grasset
- 18 Octobre 2023
- 9782246834175
L'auteur s'est fondé en grande partie sur les archives du Général, qu'il a été le premier historien à pouvoir exploiter et sur quantité d'écrits inédits tirés de sa correspondance ou exhumés des manuscrits de ses Mémoires. Il s'est appuyé également sur des fonds d'archives publics ou privés en France et à l'étranger, dont certains accessibles depuis peu. Un salutaire retour aux sources.
Loin de tout esprit hagiographique, Jean-Luc Barré s'est attaché à saisir l'homme du 18 juin dans toute sa complexité. Il n'occulte rien de ses aspects les plus contestables. En privilégiant une approche critique et équilibrée, il bouscule bien des contrevérités ou idées toutes faites sur sa vision de l'Histoire, de la France, de l'Europe et du monde, sa conception de l'Etat, des institutions, de l'exercice du pouvoir, de l'action politique, sociale et économique, de ses choix diplomatiques. Il révèle ainsi un de Gaulle guidé très tôt et avant même son entrée dans l'histoire par une vision, des principes et des convictions qui expliquent la cohérence de sa politique et n'ont rien à voir avec le seul pragmatisme qu'on lui a prêté. Il montre ainsi comment le Général eut, dès les années 30, l'intuition de la fin du système colonial, comment il Inventa les institutions de la Cinquième république en 1941 ; en quoi il fut dès cette époque un européen conscient des limites du nationalisme ; et ce qui fit de lui, réputé de droite, un contempteur souvent féroce des valeurs bourgeoises et du monde de l'argent.
On trouvera aussi dans ce premier volume des éléments nouveaux sur la part déterminante que son apprentissage du théâtre a joué dans l'élaboration de son personnage et son sens de la communication ; sur la véritable tragédie personnelle que représenta pour lui sa longue période de captivité durant la Grande Guerre, tournant majeur de son existence qui marque la fin prématurée de ses rêves de soldat et la naissance de l'homme d'Etat ; sur sa conversion de monarchiste en républicain de raison; sur ses relations avec Pétain, la résistance et les communistes ; son rôle dans l'assassinat de l'amiral Darlan ; son affrontement avec l'administration américaine; sa vision révolutionnaire d'un nouveau modèle de civilisation... Sa vie familiale, conjugale et sentimentale est ici traitée comme elle ne l'a jamais été auparavant, ainsi que ses relations avec les écrivains et intellectuels de son temps. -
« Je suis entrée comme apprentie chez MM. Durand frères. J'avais alors douze ans ». Ainsi commence le témoignage de Lucie Baud (1870-1913), ouvrière en soie du Dauphiné, femme rebelle et oubliée, en dépit de grèves mémorables. Une ouvrière méconnue peut-elle être une héroïne ? Michelle Perrot s'efforce de comprendre son itinéraire en renouant les fils d'une histoire pleine de bruits et d'ombres, énigmatique et mélancolique. Mélancolie d'un mouvement ouvrier qui échoue, d'une femme acculée au départ et peut-être au suicide, de l'historienne enfin, confrontée à l'opacité des sources et à l'incertitude des interprétations.
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Deux soeurs ; Yvonne et Christine Rouart ; les muses de l'impressionnisme
Dominique Bona
- Grasset
- 29 Février 2012
- 9782246798101
Tout le monde connaît les soeurs Rouart... sans pourtant les connaître : peintes par Renoir, au piano, elles sont aussi mythiques que les Danseuses de Degas ou les Tournesols de Van Gogh. Leurs visages sont des icônes de l'Impressionnisme.
Filles du peintre et collectionneur Henry Lerolle, les belles Yvonne et Christine ont grandi au milieu d'artistes de génie. Renoir, Degas, mais aussi Debussy, Ernest Chausson, ou encore Claudel, Gide et Mallarmé étaient des familiers, toujours enclins à peindre ces deux jeunes filles modèles, à les photographier, à jouer du piano avec elles.
C'est Degas, le peintre préféré de leur père, qui a l'idée de les marier aux frères Eugène et Louis Rouart, les fils de son ami, le collectionneur Henri Rouart.
Issues d'un milieu libéral, elles allaient se heurter au caractère impétueux et sombres des deux énergumènes, pourtant venus comme elles d'une famille éprise d'art, jusqu'à la folie.
Elles avaient tout pour être heureuses... L'amour sera leur grande blessure. Leurs mariages, par des chemins détournés, les conduiront de l'insouciance au désenchantement. Jusqu'à la tragédie.
Derrière les lourds rideaux de ces hôtels particuliers fréquentés par tant d'artistes exceptionnels, ou dans les ateliers des peintres, c'est tout un univers qui renaît avec ses passions et des drames, ses secrets et ses ombres. Ce monde, Dominique Bona le fait revivre dans cette biographie foisonnante, à travers l'aventure de deux soeurs au destin brisé. -
On l'appelait Maïco : Marie-Claude Vaillant-Couturier, la révoltée
Yseult Williams
- Grasset
- Essais Grasset
- 22 Septembre 2021
- 9782246822028
Marie-Claude Vaillant-Couturier, dite Maïco, est la fille gâtée de Lucien Vogel, éditeur d'avant-garde, et Cosette de Brunhoff, soeur du créateur de Babar. Adolescente à l'aube des années 30, Maïco danse aux bals russes, pose pour Vogue, croise Aragon, Picasso, Gide, Malraux, bien d'autres... Apprentie peintre à Berlin en pleine montée du nazisme, elle en revient métamorphosée et se tourne vers la photo. Elle fréquente alors les jeunes Capa, Cartier-Bresson, Gerda Taro, qui, comme elle, voient en l'URSS le seul rempart contre le nazisme. En 1933, son reportage clandestin au camp de Dachau est un scoop mondial.
Elle rencontre alors Paul-Vaillant Couturier, rédacteur en chef de L'Humanité, leader communiste et prophète vénéré des « lendemains qui chantent ». Coup de foudre absolu. L'amour et la politique ne feront désormais qu'un. A la mort de Paul, en 1937, la jeune veuve de 25 ans incarne les espoirs du héros du Front Populaire. Résistante de la première heure, déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück, son courage est inébranlable. Libérée par l'Armée Rouge, elle choisit de rester auprès des mourants et afin que « le monde sache l'horreur concentrationnaire ».
Seule femme à témoigner au procès de Nuremberg, Maïco avance sans faillir vers Goring et les accusés nazis, devant une assistance saisie par un « effroi sacré », selon Joseph Kessel. Les images de sa déposition implacable font le tour du monde. « Regardez-moi, car à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers de morts qui vous regardent, par ma voix ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent ». Devenue député, elle fera voter à l'Assemblée Nationale l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, sans jamais renier son dévouement à l'URSS et sa foi communiste. -
Les grandes vies ; Fouché, Marie-Antoinette ; Marie Stuart, Magellan
Stefan Zweig
- Grasset
- 14 Octobre 2009
- 9782246425212
Magellan (1480-1521) entreprit en 1519 le premier voyage autour du monde. Il trouva une mort absurde aux Philippines, son exploit accompli. Dans cette formidable biographie, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'« une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis ». Marie Stuart (1542-1587) reine d'Ecosse puis de France, doit en 1560 se réfugier auprès d'Elisabeth I d'Angleterre après une liaison malheureuse. Celle-ci la gardera captive vingt ans avant de la condamner à mort. Il fallait l'immense talent de Stefan Zweig pour faire revivre la femme et la reine, parée de mille grâces par les uns, peinte comme une criminelle par les autres. Qui était Marie-Antoinette (1755-1793)? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, jusqu'au lit de la guillotine. Zweig analyse une âme bouleversée par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même. Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Elève chez les Oratoriens, il devint un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi. Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière, une figure essentielle de l'Histoire.
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Vaste saloperie selon André Breton, mauvais livre selon le rédacteur en chef de La Croix, qui appelle ses les lecteurs à le brûler, Jeanne d'Arc provoque, à sa sortie, la colère des catholiques et des surréalistes réunis dans un combat pompeux. Amour de la chair, intrépidité, souffle lyrique, rien de tout cela ne pouvait satisfaire ces pouvoirs constitués. A peine cinq ans après la canonisation de la sainte, Joseph Delteil osait montrer une Jeanne humaine.Dans cette biographie hors du commun, il la dépouille des oripeaux de la légende pour nous présenter une fille de France, qui aime, jure, espère, échoue parfois. Alors, elle est sublime.
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Rouen, 1642. Pour soulager le travail de son père, surintendant chargé des recettes fiscales, un jeune homme de dix-neuf ans décide de fabriquer la première machine à calculer au monde. Pendant dix ans, de sa conception à sa fabrication, en résolvant les difficultés tout en luttant contre les faussaires, elle accompagne la vie et la pensée de ce génie qui s'appelle Blaise Pascal. De cette petite boîte élégante, cette « Pascaline », il fera le pari d'une existence portée par la science et la foi, jusqu'au point de rupture. Voici le compte à rebours d'une invention géniale, l'avènement d'une nouvelle vie et la naissance d'un grand écrivain.
De la chambre obscure où Pascal dessine les plans de sa machine à la lumière de la bougie aux rues grouillantes et humides de Rouen ; des salons parisiens où l'on pratique l'art de la dispute à la quiétude austère de l'abbaye de Port-Royal, Laurent Lemire nous conduit au coeur du XVIIeme siècle, dans une France déchirée par la Fronde et les querelles religieuses. A la fois récit scientifique et biographie ciblée d'un homme d'exception, La machine de Pascal est avant tout l'histoire d'une prouesse hors du commun qui changea pour jamais le destin de son concepteur. -
René Girard avait écrit en 1972 : « La violence essentielle revient sur nous de façon spectaculaire, non seulement sur le plan de l'histoire, mais sur le plan du savoir. » Il s'est éteint dans la semaine qui a précédé les attentats du 13 novembre 2015. Il n'avait rien d'un prophète de malheur. Sa pensée donne forme et sens à notre avenir. Nous devons réentendre sa voix.
Il m'a fallu répondre au choc de deux événements conjoints : la mort d'un maître et d'un ami, et les horreurs parisiennes. Ces réalités constituent une énigme où se confrontent l'invisible et le monstrueux, la violence et le secret, l'élégance et l'obscénité. Elles m'ont forcé à évoquer les « derniers jours » : ceux de René Girard et la fin des temps qu'il pensa dans son oeuvre.
Mais beaucoup se sont mépris sur son pessimisme. L'annonce d'un démembrement du monde révélait moins la mélancolie d'un romantique que la joie du Royaume entrevu un soir d'été en Avignon ou dans le silence parfumé de Stanford. J'ai voulu rendre présent ce penseur apocalyptique qui fut drôle et discret, dont l'espérance était profonde.
Ce livre raconte une amitié. Il présente l'oeuvre de Girard dans la lumière rétrospective que constitue sa fin. C'est au « jour de colère » que se fait entendre la parole. La sienne et celle des textes qu'il sut génialement interpréter : les Evangiles, Shakespeare, Stendhal ou Proust garderont longtemps pour moi l'accent du Midi. -
Publié en 1894, Napoléon chez lui est le premier livre sur la vie quotidienne de Napoléon. Frédéric Masson décrit l'organisation du palais des Tuileries, précise la fonction de chaque pièce du palais, décrivant leur décoration aussi bien que les responsabilités des personnes qui y travaillent, à commencer par Napoléon lui-même. Chambre ou cabinet de travail, quelle que soit la pièce, l'historien explique pourquoi Napoléon l'avait souhaité telle, en quoi cela correspondait à son tempérament, à sa façon de vivre. Aux Tuileries, à Fontainebleau, à Compiègne, la disposition des appartements était la même : Napoléon détestait le changement, et cela dans un but : gagner du temps.
Voici enfin une journée typique de travail de l'empereur, du réveil au coucher, et sa journée du dimanche (quand il a des dimanche !), où il déjeune en famille.
Cet « empereur dans ses meubles » en donne un portrait vivant, original et inédit.
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L'âge d'or de l'opéra, l'âge d'or des castrats : le XVIIIe siècle. Farinelli fut le plus illustre d'entre eux. Originaire du sud de l'Italie, éduqué à Naples, très vite sa renommée l'entraîna à l'étranger. Après Londres et à la demande de la reine d'Espagne, il s'établit à Madrid, où le neurasthénique Philippe V se consume dans l'inaction. Et voilà le miracle : la voix de Farinelli agit sur le roi comme une drogue miraculeuse, il revit et s'intéresse de nouveau aux affaires de l'Etat. Personnage dorénavant important de la Cour espagnole, richissime, décoré de l'ordre prestigieux de Calatrava, le castrat reste vingt-deux ans à Madrid. Il se retira à Bologne, où défila toute l'Europe, de Mozart à Casanova.
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Jean-Marie Lustiger ; le cardinal prophète
Henri Tincq
- Grasset
- Essais Documents Et Biographies
- 4 Avril 2012
- 9782246746812
Dans cette biographie d'exception, nourrie de témoignages et d'archives inédites, Henri Tincq raconte la vie extraordinaire d'un jeune enfant juif devenu cardinal-archevêque de Paris et l'une des figures religieuses les plus importantes du XXe siècle.On découvre une enfance foudroyée par la mort de sa mère, déportée à Auschwitz - drame qui marquera tous ses choix de vie ; une foi inébranlable, et sûre du lien indéfectible entre l'Ancien et le Nouveau Testament, juifs et chrétiens ; une relation privilégiée, presque fraternelle, avec Jean-Paul II ; des rapports respectueux avec François Mitterrand et beaucoup moins avec Jacques Chriac ; un homme d'action autant que de pensée.Un grand prélat, un homme au caractère énergique, mais aussi un grand esprit. Avec érudition, nuance et profondeur, Henri Tincq fait le portrait de ce grand homme d'Eglise dont l'influence se fait encore sentir dans toute la communauté catholique.
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« Moi, Président, je demanderai à Patrick Rambaud de ne pas m'écrire de chronique du règne de François Ier. » C'était impossible en effet : François Ier était pris, tout comme le méconnu François II, l'impossible François III. Et François IV fut roi de Modène.
Patrick Rambaud s'est donc choisi un roi de haut calibre : François le Petit.
Nicolas Sarkozy était romanesque à souhait, contourné, faux, kärcherisé, entretenant une cour volatile et dorée.
Avec sa montre en plastique et ses costumes bleu trempés, François le Petit est théâtral : en son palais de confetti, avec son casque à visière, au côté de ses femmes.
Pour sauver la France et de l'ennui et du médiocre, votez Patrick Rambaud !
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Yvonne et Charles ; dans l'intimité du général
Jocelyne Sauvard
- Grasset
- 17 Octobre 2018
- 9782246814993
À voir Charles de Gaulle, figé dans la stature de l'Homme du 18 juin, Yvonne de Gaulle dans celle de « la Discrète », on oublie qu'ils sont un homme et une femme, indissolublement liés au plus profond de l'intime. Charles, sensible, provocant, vulnérable, secret. Yvonne, si courageuse et si pieuse, imprévisible, parfois rieuse, et toujours amoureuse.
Si Charles est Ulysse, Yvonne n'est pas Pénélope. Elle ne reste pas à détricoter son ouvrage en l'attendant. Quitte à emporter quelques pelotes de laine, elle l'accompagne au long de l'odyssée qui les mène de Colombey à l'Élysée.
Derrière l'image du président omniprésent qu'on lui assigne : Charles de Gaulle, le rebelle. Derrière la légende de première dame retranchée dans l'ombre du héros : Yvonne, sa partenaire, allège le fardeau du pouvoir et des chausse trappes.
Elle a en elle quelque chose d'une Princesse de Clèves du XXe siècle, tout gel à l'extérieur, tout feu à l'intérieur. Elle réserve sa passion à un seul être : Charles.
Le grand oeuvre du général demeure la France. D'après Malraux : « C'est elle qu'il a épousée avant Yvonne Vendroux. » Marianne est la maîtresse du Général, dit-on. Dans les coulisses de l'Élysée et les rédactions, on chuchote d'autres prénoms en se rappelant que Charles, avant d'être de Gaulle, fut « un chaud lapin ». On évoque une comtesse polonaise, on lui prête une maîtresse, une deuxième, on s'interroge. Comment le plus haut personnage de l'État pourrait-il être aussi exemplaire ? Le pouvoir est un puissant aimant, c'est connu. Yvonne, l'admirable épouse, garde un sourire de parade, et se renseigne. -
Le faux ami du capitaine Dreyfus ; Picquart, l'affaire et ses mythes
Philippe Oriol
- Grasset
- 23 Octobre 2019
- 9782246860044
Dans la mémoire collective, l'affaire Dreyfus est l'histoire d'une victime : Dreyfus, et d'un héros : Picquart. Picquart, le brave lieutenant-colonel, qui, découvrant l'erreur qui a fait condamner un innocent, met tout en oeuvre pour faire réparer l'injustice, jusqu'à la prison et au sacrifice de sa carrière. En 1906, après la victoire du droit, il est réintégré, nommé général, et bientôt ministre de la Guerre dans le cabinet présidé par Georges Clemenceau.
Ce récit ne correspond pourtant pas à la vérité historique que ce livre, sur la base d'une nombreuse documentation inédite, rétablit. Le vrai Picquart, c'est un homme qui, s'il a tenté de faire réparer l'erreur judiciaire, l'a fait plus pour préserver l'armée que pour sauver un homme ; qui, dès le début des représailles, a fait marche arrière ; qui, pour assurer sa propre sauvegarde, a entravé l'action des partisans de l'innocent et ne s'est finalement lancé qu'à son corps défendant, sachant que son propre sort était scellé. Enfin, le « vrai » Picquart s'est acharné sur Dreyfus après sa grâce, faisant courir les plus injurieuses rumeurs, l'attaquant dans la presse avec des propos proches de ceux du camp adverse et, une fois ministre, a refusé de réparer la dernière injustice dont Dreyfus était victime. Comment cet antisémite obsessionnel est devenu un héros permet de comprendre la manière dont l'histoire de France peut se raconter des histoires, afin de se blanchir... -
Vallat, 1891-1972 ; du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'Etat
Laurent Joly
- Grasset
- Essais Documents Et Biographies
- 28 Mars 2001
- 9782246608318
Laurent Joly, professeur agrégé d'histoire. Allocataire au centre d'histoire sociale du XX° siècle de Paris 1, prépare une thèse de doctorat sur le Commissariat général aux questions juives sous la direction du professeur Pascal Ory.
Xavier Vallat est une figure emblématique de l'antisémitisme français et de la persécution des Juifs sous Vichy. Héraut des milieux anciens combattants de la droite catholique à la Chambre des députés pendant l'entre-deux-guerres, il fit scandale le 6 juin 1936 lorsque, s'adressant à Léon Blum du haut de la tribune parlementaire, il lança : « Pour la première fois ce vieux pays gallo-romain va être dirigé par un Juif ».
Il devint dès lors le champion des milieux antisémites français, et, en juillet 1940, il se rallia avec enthousiasme au maréchal Pétain. En mars 1941, Xavier Vallat prit la direction du Commissariat Général aux Questions Juives. Pendant un an, il s'acquitta de ses fonctions avec une ferveur fanatique, donnant à la France une législation anti-juive complète et systématique, il ordonna un recensement des Juifs en zone libre et tenta de faire adopter un nouveau Statut des Juifs, encore plus sévère que la législation nazie. Après son départ du Commissariat, il resta jusqu'au bout fidèle au régime et remplaça, en juin 1944, Philippe Henriot (assassiné par la résistance), au micro de la radiodiffusion nationale.
En 1947, son procès en Haute Cour fit sensation : Xavier Vallat assuma pleinement son action sous l'Occupation, et alla même jusqu'à utiliser ses convictions antisémites comme stratégie de défense.
Ayant sauvé de justesse sa tête, il devint le compagnon de cellule de Charles Maurras. Après sa sortie de prison, il termina sa carrière comme éditorialiste vedette de l'organe nationaliste Aspect de la France, et s'illustra une dernière fois en novembre 1967 en reprenant à son compte - tout en les dévoyant - les propos du général de Gaulle sur les Juifs « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur ».
En suivant tout au long du siècle l'itinéraire politique et intellectuel de Xavier Vallat, c'est toute une tradition politique de la France, catholique et antisémite, que ce livre fait revivre et comprendre. -
Napoléon III est, sûrement, le plus mal aimé des chefs d'Etat de la France et le Second Empire le plus mal connu de ses régimes. Pourtant de 1848 à 1870 se crée la France contemporaine. S'il inaugure son règne par un coup d'Etat, Louis Napoléon Bonaparte, aussitôt, rétablit le suffrage universel. A la différence de son oncle, il sera le champion du progrès social (droit à l'instruction pour les filles, droit de réunion, droit de grève...), autant que de la prospérité économique : il étend le réseau de chemin de fer, développe l'industrie, favorise la recherche scientifique, modernise les villes. Avec le Second Empire, le rayonnement de la France est à son apogée. La gloire militaire ne manque pas : Alma, Magenta, Solferino... L'Italie lui doit son unité et le Mexique sa liberté. L'empire colonial est déjà largement constitué. Mais il y aura Sedan. Le désastre. On ne pardonne ni les mauvais débuts ni les défaites ! En historien autant qu'en politique et dans la lignée des chercheurs anglo-saxons, contre Victor Hugo irréductible ennemi de l'Empereur, Philippe Séguin le proclame Louis Napoléon le Grand.
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Né en 1899 dans une ville de Hongrie aujourd'hui roumaine, photographe mais aussi peintre, dessinateur, sculpteur et écrivain, Brassaï fut un artiste éclectique et de son temps.
Etudiant en histoire de l'art à Budapest puis à Berlin, il s'installe à Paris au milieu des années 1920, apprend seul le français en lisant Proust, et passe des nuits entières à arpenter la capitale. Il photographie les rues, les gens, les bordels comme les chantiers, sublime les enseignes publicitaires et capture les lumières. Ami des plus grands artistes de son temps, Kandinsky, Kokoschka, Henry Miller ou Jacques Prévert, il fut aussi le portraitiste de Dali, Picasso, Matisse, Giacometti et Michaux. Alors que la photo peine à être reconnue comme un art, il réalise des clichés qui resteront à jamais les témoins d'une époque mythique : celle du Montparnasse des années 30, de la Bohème étourdissante. Photographe d'un Paris interlope et nocturne comme de la brillante société de la danse et de l'opéra, auteur d'une oeuvre aujourd'hui célèbre dans le monde entier, du Japon aux Etats-Unis, Brassaï est entré dans la légende en se promenant.
« La vie de Brassaï fut une quête inlassable et tenace. Du petit soldat communiste à l'exilé hongrois des brasseries de Montparnasse, puis à l'artiste mondialement reconnu, c'est Ulysse. Mais c'est aussi Protée, un flâneur, un grimpeur, un insaisissable vagabond qui fut le poète de sa propre vie. On ne vient pas à bout des légendes. C'est ce qui fait leur étrange beauté. » Serge Sanchez -
Le fils de Catherine la Grande, né en 1754, est un enfant fragile. Enlevé à sa mère dès son plus jeune âge, il est élevé dans les appartements impériaux par une cohorte de nourrices sous l'oeil autoritaire de sa grand mère, la tsarine Elizabeth. Privé de la tendresse maternelle, Paul est un garçon sensible et craintif, d'humeur changeante. Témoin des luttes politiques entre son père Pierre III, et sa mère la Grande Duchesse, l'enfant en devient bientôt l'enjeu. Lorsque Catherine monte sur le trône de toutes les Russies, elle possède une emprise totale sur son fils. Elle choisie sa première, puis sa seconde épouse, l'envoie en Europe afin de l'éloigner de la Cour et lui offre un territoire miniature, empire sur lequel Paul peut donner libre cours à sa passion pour l'art militaire, sans gêner les affaires de l'Etat...
Epris d'ordre et de tradition, Paul est un naïf étouffé par la personnalité despotique de sa mère. Quand elle meurt, il peut enfin, à 44 ans, s'emparer du pouvoir. Souverain lunatique ne se fiant qu'à son instinct, Paul Ier s'engage tour à tour dans des réformes éclairées ou des exactions gratuites. Il craint le jacobinisme et se frotte à Bonaparte, puis aux Anglais. Mais ses caprices entraînent la Russie dans l'incohérence et la terreur.
Après seulement cinq ans de règne, l'empereur mal aimé est trahi par ses proches. Refusant d'abdiquer en faveur de son fils Alexandre, il est sauvagement assassiné. -
Le style de Maupassant est aussi pur que sa vie est obscure; il en a brouillé les pistes. Lanoux la restitue comme un roman noir, revenant sur les lieux, retrouvant les textes, interrogeant les derniers témoins... Dans une enquête magistrale, il nous apprend la vie d'un écrivain sensuel, fécond et météorique, emporté par la syphilis et la folie à quarante-trois ans.
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Né dans une famille de la haute bourgeoisie protestante de Montpellier, voué par son père à la médecine, Bazille abandonna amphithéâtres et hôpitaux pour "monter" à Paris vivre sa passion : la peinture. En moins de dix ans, il conquiert l'amitié et le respect de ceux qui marqueront l'art de la fin du siècle : Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Zola... Il peint un des rares portraits connus de Verlaine, joue du piano avec Gabriel Fauré. Il approche les maîtres qu'il vénère : Delacroix, Courbet, Manet, Berlioz, Wagner. Il est de toutes les aventures novatrices. Atteint par une crise de doute et de scrupules, il s'engage dans la guerre où il est tué au combat le 28 novembre 1870, à vingt-neuf ans. Vivant, il eût sans nul doute donné une oeuvre considérable ; mais cette jeunesse brisée a laissé une trace importante dans le mouvement nommé "postimpressionnisme".
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Elle a régné sur la vie mondaine et intellectuelle du New York des années 30 ; elle fut une légende vivante et l'un des meilleurs écrivains de sa génération ; scénariste de Cecil B. De Mille et de George Cukor, elle participa aussi à la création de {Vanity Fair} et du {New Yorker} ; elle eut deux maris et beaucoup de scènes de ménage. Mais l'autre face du personnage, c'est une Dorothy Parker féministe avant l'âge, fondatrice de la ligue antinazie, prenant fait et cause pour les réfugiés espagnols, pour Sacco et Vanzetti ; pour Martin Luther King, son légataire universel à sa mort en 1967. Ses cendres reposeront vingt ans...sur l'étagère de son notaire, jusqu'à ce que l'Association pour le progrès des gens de couleur ne les réclame, et ne lui dresse un superbe mémorial à Baltimore.
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Marie-Laure de Noailles ; la victomtesse du bizarre
Laurence Benaïm
- Grasset
- Essais Documents Et Biographies
- 4 Avril 2001
- 9782246529811
Laurence Benaïm a 38 ans. Journaliste, elle dirige les pages consacrées à la mode au journal Le Monde. Elle est l'auteur chez Grasset d'une biographie d'Yves Saint Laurent (1993).
Son prénom est plus célèbre que son nom pourtant illustre : Marie-Laure. Née en 1902 dans une famille au croisement de l'aristocratie (les Chevigné) et du judaïsme ( les Bishoffsheim), elle est à sa mort en 1970 la dernière représentante d'un monde auquel elle n'a jamais appartenu. Enfant, elle a déchiré les lettres de Proust à sa grand-mère, Laure de Chevigné, modèle d'Oriane de Guermantes. Elle a grandi dans une maison que fréquentèrent Anatole France, Mistral, Bakst, ou Francis de Croisset, Bel-ami qui devient son beau-père. Adolescente, cette jeune femme qui fut élevée en solitaire connaît le tourbillon du monde, Lolita de Cocteau , elle s'étourdit dans les années folles. Mariée à Charles de Noailles, le couple concilie l'argent et le goût, mécène de l'âge d'or du surréalisme, demandant à Mallet-Stevens de leur construire à Hyères une maison cubiste, à Jean-Michel Frank de démeubler leur salon de la place des Etats-Unis, offrant à Bunuel de tourner L'Age d'or, dont la projection entraîne l'un des plus vifs scandales esthétiques des années trente. Une provocatrice ? Une anticonformiste ? En 1936, elle soutient les républicains espagnols et en 1968 elle se rend sur les barricades en Rolls-Royce.
Son plus grand talent ? Sentir l'époque. Il y a un ton Marie-Laure. Il y a un goût Marie-Laure : placer sur une cheminée à la fois des ivoires esquimaux, des vases étrusques et un réveil Fabergé. Tortionnaire adorée , intelligence feu follet , choquant le Faubourg Saint-Germain, cette éternelle étrangère se métamorphose, à la fin de sa vie, en Mère Ubu enjuponnée de gros tweed. La décadence de l'aristocratie, la scène avant-gardiste, l'ascension de la café-society , le gratin cosmopolite.
Avec une virtuosité d'écriture, brassant tout le paysage littéraire et artistique, de Cocteau à Crevel, de Poulenc à Dali, Laurence Benaïm a écrit le destin d'une iconoclaste, fâchée avec sa naissance. -
Portrait de l'aventurier ; Lawrence, Malraux, von Salomon
Roger Stéphane
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 20 Octobre 2004
- 9782246300748
« J'appelle aventurier celui qui s'engage au service d'une cause sans y adhérer ; qui engage sa vie plus pour son propre salut que pour la victoire.
Ernst von Salomon, un des précurseurs du renouveau socialiste qui surgira en Allemagne dès 1918 (et qui, tragiquement, aboutira à Hitler quinze ans lus tard), écrit : " Cette première question d'une vie à remplir trouve sa réponse dans la vie même. " T.E. Lawrence remarque : " L'appel du désert pour les penseurs de la ville a toujours été irrésistible. Je ne crois pas qu'ils y trouvent Dieu, mais qu'ils entendent plus distinctement dans la solitude le verbe vivant qu'ils apportent avec eux. " Et Malraux avoue : " Je n'aime pas les pauvres gens, ceux en somme pour qui je vais combattre... Je les préfère uniquement parce qu'ils sont les vaincus. " L'aventurier : le contraire du militant ; étranger par essence au fanatisme et même au manichéisme. L'aventurier : un irréductible solitaire. » R.S. -
"J'ai été blessé en Mai 68. Et maintenant, ils m'ont achevé. Et maintenant, je suis mort." C'est par ces mots que le général de Gaulle accueillit le Non des Français au référendum d'avril 69. Entre cette mort politique et la fin à Colombey, dix-neuf mois vont s'écouler durant lesquels le général va voyager, compléter ses Mémoires, s'entretenir avec des proches, se mesurer à la solitude, à la souffrance.
Compte à rebours dramatique minutieusement restitué par Jean Mauriac. Son sens du détail, l'enchaînement des tableaux composent un destin et disent un discret chagrin. Voici de gaulle grandiose dans l'adversité, solitaire et quotidien, hanté par la mort. De Gaulle, la France au coeur, aux derniers feux de sa vie.