Calmann-Levy
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« Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront... » Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l'expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu'il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d'une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.
À travers son destin romanesque, et sous la plume de sa fille Sarah, on plonge au coeur d'une histoire de clandestinité, d'engagement, de traque et de peur. En arrière-plan du récit de sa vie se dessine le spectre d'un siècle où s'affrontent sans merci pouvoirs politiques, haines raciales, idéologies et luttes des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l'émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d'Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d'Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d'Afrique, l'opposition aux dictateurs d'Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s'est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. S'il a rejoint des causes en apparence contradictoires, Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté. -
Tous les marins sont des chanteurs ; vie et mort d'Yves-Marie Le Guilvinec (1870-1900), poète et marin breton
Gérard Mordillat, François Morel, Antoine Sahler
- Calmann-Levy
- 14 Octobre 2020
- 9782702180099
« Il n'y a pas de hasard ou il n'y a que des hasards », comme disait Rimbaud, et c'est dans un vide-greniers à Saint-Lunaire que François Morel a trouvé un vieil exemplaire défraîchi de La Cancalaise. Dans cette revue, endommagée par le temps, étaient reproduites une douzaine de chansons d'un poète et marin breton, Yves-Marie Le Guilvinec. Intrigué par l'originalité, la singularité de ce qu'il lisait, François Morel, avec l'aide de Gérard Mordillat, a voulu enquêter sur l'auteur oublié de ces textes et établir sa biographie.
Yves-Marie Le Guilvinec, né en 1870 à Trigavou, pêcheur sur les grands bancs de Terre-Neuve, cadet d'une famille nombreuse, est mort en mer en 1900. Il vécut sans autre horizon que la pêche à la morue et disparut au moment où la gloire lui tendait les bras.
La biographie d'Yves-Marie Le Guilvinec complétée par l'intégrale du texte de ses chansons est accompagnée de plusieurs lettres émouvantes à sa mère et d'une étude sur sa mort que nous devons à l'amabilité du Dr Patrick Pelloux, ainsi que de portraits par Ernest Pignon-Ernest. -
En Pologne, après la libération ; l'impossible survie des rescapés juifs
Turkov-J
- Calmann-Levy
- 1 Octobre 2008
- 9782702139134
En pologne, après la libération, les rares juifs, " survivants par miracle " (turkov) qui ont échappé à la shoah, espèrent commencer une vie nouvelle.
Leur désillusion est terrible, marquée par le retour d'un antisémitisme virulent, ponctué d'assassinats et de pogroms, et par la montée en puissance des communistes dans l'appareil d'état, au milieu de compatriotes dont beaucoup tentent de " terminer le travail " des nazis. telle est la réalité dont témoigne ici ionas turkov. celui que la presse juive considérait en 1944 avec son épouse diana blumenfeld, chanteuse de music-hall, comme " les seuls représentants du monde culturel juif à s'être sauvés du ghetto de varsovie ", fait le tableau de la difficile reconstruction de la pologne.
Ionas turkov raconte son quotidien à lublin, l'angoisse de ne pas retrouver sa fille et la nécessité, constante, de dissimuler sa judéité. il décrit ses tentatives pour faire connaître au monde la véritable situation des juifs polonais et pour déconseiller aux expatriés de rentrer en pologne. il évoque les enfants juifs rescapés et les tançons exigées pour leur restitution. ce triste constat, cette " décevante liberté " vont le conduire à s'exiler définitivement.
Tout d'abord aux états-unis, puis en israël oú il s'installe en 1966 et oú il meurt en 1982. cet ouvrage constitue le dernier opus de son journal.
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3 carnets de croquis réalisés par le jeune illustrateur Hors Rosenthal dans le camp de concentration de Gurs. L'auteur, mort à Auschwitz en 1942, présente la vie au camp avec ironie, en reprenant le personnage de Mickey Mouse qu'il met en scène en déportation, ou en réalisant une fausse brochure touristique des camps de la mort.
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Winnie Mandela ; l'âme noire de l'Afrique du Sud
Stephen Smith, Sabine Cessou
- Calmann-Levy
- 7 Novembre 2007
- 9782702135594
L'Afrique du Sud passe pour « le pays de Mandela ». Mais l'homme qui incarne le « miracle » politique en Afrique du Sud est si exceptionnel qu'il ne peut être représentatif d'un pays couturé des plaies de l'apartheid. Ce privilège ambigu revient à son ex-épouse, la « mère de la Nation » durant les décennies de combat, mais qui n'est finalement pas devenue la Première dame de la « nouvelle » Afrique du Sud, parce qu'elle s'est rendue coupable de crimes de sang à la tête du Mandela United Football Club, sa milice personnelle.
Peut-on combattre un système hideux comme l'apartheid, sans en emprunter des traits, sans embrasser la violence et la haine ? Voilà le fil conducteur de cette enquête biographique, riche en épisodes inédits, qui est aussi un retour sur le passé et une interrogation sur l'avenir de l'Afrique du Sud. Il s'agit ici de retracer une histoire extraordinaire, celle d'une fille du Transkei qui « monte » à Johannesburg, la Cité de l'or, où elle épouse en même temps que l'étoile montante de l'ANC, une lutte sans merci qu'elle devra mener seule. Durant les vingt-sept années que Nelson passera debout en prison, Winnie affronte l'apartheid au quotidien : elle est harcelée jour et nuit par la police, séparée de ses deux filles, torturée en prison, trahie par des « amis », assignée à résidence puis « bannie » au coeur du pays afrikaner, totalement isolée dans la « petite Sibérie » qu'est son exil intérieur. En dépit de toutes ses blessures intimes, c'est Winnie qui inspire la résistance contre l'ordre ségrégationniste, c'est elle - bien plus que l'ANC - qui est en phase avec les townships rebelles, d'abord avec la jeunesse de Soweto, en 1976, puis avec les ghettos du pays tout entier au milieu des années 1980. Cependant, à l'heure de la « libération » négociée, elle perd, outre ses postes dans le mouvement anti-apartheid arrivé au pouvoir, à la fois son mari et son honneur. Elle n'est plus qu'une icône abîmée. Et si c'était cela la vraie image de l'Afrique du Sud, le « pays de Mandela » qui se révèlera après la mort de Nelson ? -
Parcours ; engagement et résistance, une vie
Miguel Benasayag
- Calmann-Levy
- 21 Mars 2001
- 9782702131220
Miguel Benasayag nous donne ici son livre le plus personnel, et un témoignage bouleversant sur l'exil et la torture.
Pour la première fois, il accepte de parler de son rôle dans la résistance à la dictature argentine, de la prison, du terrorisme, de ses choix politiques, de son engagement de pédo-psychiatre en France. Il nous parle de sa découverte de ce que signifie être vraiment libre. Cette liberté intérieure agit dans le monde en développant toutes les potentialités créatrices de chaque situation. C'est l'aventure de la découverte de cette liberté dans sa puissance agissante qui est au centre de ce livre.
Né en Argentine, Miguel Benasayag fut l'un des principaux responsables du réseau de résistance E.R.P. sous la dictature. Emprisonné, torturé, il fut libéré avec d'autres franco-argentins sur intervention de Mitterrand. Il exerce aujourd'hui la psychanalyse dans un service de pédo-psychiatrie à Reims. Sur le plan politique, il participe à plusieurs mouvements de résistance au néolibéralisme capitaliste.
Miguel Benasayag est l'auteur d'une dizaine de livres tous parus aux éditions La Découverte, dont Le mythe de l'individu (1999), Du contre-pouvoir (2000). -
Roma Ligocka est la petite fille au manteau rouge de La Liste de Schindler de Spielberg, l'unique tache de couleur dans un paysage dévasté rendu en noir et blanc. C'est au lendemain de la projection de ce film dans lequel elle s'est reconnue qu'elle s'attelle à la rédaction de La Petite Fille au manteau rouge, ébranlée par cette évocation brutale de son passé. Son récit de survivante du ghetto de Cracovie est publié dans douze pays et rencontre un succès public et critique considérable.
Une fois que l'on a raconté, est-on libéré ? Oui, mais le sentiment d'être peu faite pour le bonheur demeure, malgré les rencontres décisives - celle de David notamment, autre rescapé de la Shoah dont Roma tombe amoureuse. C'est un frère de destin, un infirme de la vie, comme elle. Ne peut-elle finalement aimer que ses semblables, ceux qui portent en eux une douleur d'enfance jamais vraiment guérie ? La sienne va être ravivée par un coup de poignard inattendu.
Alors que Roma Ligocka mène à travers le monde une tournée de lectures pour la promotion de son best-seller, elle reçoit un appel téléphonique mystérieux qui fait basculer sa vie. Un journaliste prétend que, en déportation, son père était un traître au service des nazis, un kapo.
Comment vivre avec l'image de ce père, un héros dans sa mémoire, peut-être un traître dans la réalité ? Comment vivre avec le passé et vivre tout court, puisqu'une histoire d'amour se noue avec David, qu'elle ne peut mettre dans la confidence ?
Plus d'une année s'écoulera avant que Roma Ligocka ne réponde à ces questions, sache si David tient toujours à elle et qui son père était vraiment.
Un récit de vie très personnel qui met à jour ce qui restait tu dans La Petite Fille au manteau rouge et qui révèle combien le succès rend vulnérable, fait s'exposer aux coups et aiguise la tentation d'un repli sur soi finalement mortifère. Roma Ligocka se défend, cherche et trouve, et sa rage de vivre l'emporte sur tout le reste. -
« face aux reflets du soleil levant, au rose noyé des brumes sur l'étang, je fais le serment de chercher à m'élever, à progresser toute ma vie et d'en payer le prix. » marie gouze, une jeune provinciale née en 1748, mariée contre son gré, devient veuve et monte à paris avec son petit garçon.
Ni courtisane ni soumise, elle prend le nom d'olympe de gouges.
En élargissant ses enjeux personnels à ceux de la révolution française, elle rejoint le courant d'une époque et s'illustre dans la défense des droits des femmes.
La plupart des faits historiques cités sont exacts. mais ceci est un roman. le chemin qui mène une jeune fille soumise à devenir une femme libre est de tous les temps.
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Ode à l'homme qui fut la France ; Malraux, conquérant de l'impossible
Romain Gary
- Calmann-Levy
- 15 Janvier 1997
- 9782702126868
Ode à l'homme qui fut la France A des moments cruciaux de la destinée du général de Gaulle - décembre 1958, mai 1969, novembre 1970 ù, Romain Gary a été convié à faire part au public américain du regard personnel qu'il portait sur celui qu'il appelait avec humour et affection " l'homme de sa vie ". Il en est résulté trois témoignages magnifiques demeurés jusqu'à ce jour inédits en français. Leur fait écho l'hommage méconnu que Gary a consacré à Malraux en 1977, un an après sa mort.
De Gaulle, Malraux, Gary : ce recueil est la rencontre au sommet de trois " conquérants de l'impossible ". -
Alberto Diaz Gutierrez, plus connu sous le nom de Korda, naît à La Havane en 1928, la même année qu'Ernesto « Che » Guevara en Argentine. D'origine modeste, il commence sa carrière en faisant du porte à porte pour une entreprise de caisses enregistreuses, malgré une licence de journalisme. C'est en essayant de vendre une machine à un photographe qu'il découvre sa vocation. En 1956, il crée le studio « Korda ». Les plus belles femmes de La Havane posent pour lui. Dans les premiers jours de 1959, quand les « Barbudos » déboulent dans la capitale cubaine, il devient photographe au nouveau quotidien Revolución.Une année plus tard, le 4 mars 1960, un cargo français, La Coubre, avec à son bord un chargement d'armes en provenance de Belgique, explose dans le port de la Havane. Le bilan est terrible : 75 morts et 200 blessés. Le lendemain, un meeting de protestation est organisé. A la tribune, brandissant un explosif, le Premier ministre Fidel Castro dénonce l'attentat et son auteur présumé, la CIA. « Au pied de la tribune, l'oeil vissé au viseur de mon vieux Leica, moi je mitraille Fidel et tous ceux qui l'entourent. Soudain, au bout de mon objectif de 90 mm surgit le Che. Il a une expression farouche. Par réflexe, j'ai appuyé deux fois sur le déclic : une prise verticale, une autre horizontale. Je n'ai pas eu le temps d'en faire une troisième, il était déjà reparti. J'ai continué à photographier l'assistance. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir étaient là... »La photo du Che n'est finalement pas publiée mais Korda en tire un agrandissement 30 x 40 et l'accroche dans son studio. Sept ans plus tard, en juin 1967, le monde entier se demande où est passé Guevara. Personne ne sait encore qu'il est en train d'allumer un foyer de guérilla en Bolivie. Un éditeur italien proche des dirigeants cubains, Giangiacomo Feltrinelli, est à la recherche d'une bonne photo du Che. « Je lui ai donné deux tirages. Dès que la mort du Che a été annoncée, Feltrinelli a sorti une affiche. » Publié à des millions d'exemplaires, le fameux poster est devenu l'image la plus diffusée sur la planète mais le photographe n'a pas touché un centime de droits d'auteur. Alberto Korda n'est pas amer, seulement fier que son nom soit associé à la légende du Che. Il vit toujours à Cuba et ses photos sont exposées dans le monde entier.
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Voici un Hegel nouveau, qui ne ressemble guère aux images familières, trop tôt coulées dans le bronze. Des documents inconnus, d'autres méconnus, une meilleure connaissance de l'entourage du philosophe et de l'histoire de son temps, permettent de tracer de l'auteur de La Phénoménologie de l'esprit un portrait singulièrement enrichi.
Car Hegel a systématiquement dissimulé, plus ou moins efficacement, plusieurs aspects de son existence, de son activité et de sa pensée intime. Et cela en divers domaines : familial, religieux, politique, philosophique... Disciples et adversaires ont ensuite rivalisé de mauvaise foi pour alourdir encore ses silences.
Le temps est venu de redécouvrir Hegel et de lui restituer son véritable visage, à la fois inquiétant et séduisant, vivant.
Professeur honoraire à l'université de Poitiers, Jacques d'Hondt est l'auteur de nombreux livres sur Hegel, dont il est en France le spécialiste incontesté.
Il a été président de la Société française de philosophie et de l'Association des Sociétés de philosophie de langue française ; il est membre du Comité de direction de la Hegel-Vereinigung et correspondant de l'Académie des sciences de Leipzig.
Il s'agit là de la première biographie de Hegel en langue française. -
Le 16 août 1972, le général Mohamed Oufkir tente d'assassiner Hassan II. Son coup d'Etat échoue. Oufkir est criblé de balles au palais. Version officielle : un "suicide de trahison". Quatre mois plus tard, Fatima, la veuve du général, et ses six enfants sont arrêtés. Pendant dix-neuf ans, ils disparaissent de la surface de la terre, emmurés dans le jardin secret du roi du Maroc.
De la palmeraie d'Assa, leur premier lieu de détention, à Bir-Jdid, un mouroir spécialement aménagé à leur intention, de leur évasion à leur arrivée en France, Stephen Smith fait revivre la terrible odyssée de ces morts vivants qui furent les intimes du souverain. Mais il raconte aussi pour la première fois la vie controversée de leur mari et père, héros de guerre et tortionnaire, connétable du roi et "général félon", jusqu'au "drame shakespearien" qui finit par dresser l'un contre l'autre Hassan II et son homme lige.
Récit biographique, saga familiale, livre d'enquêtes, notamment sur l'affaire Ben Barka, Oufkir, un destin marocain révèle les arcanes du palais et décrit, de l'intérieur, l'appareil répressif d'un régime que le général a servi puis trahi. Il restitue aussi son histoire à une famille dont on a voulu effacer jusqu'au souvenir. Car retracer le destin des Oufkir, ce n'est pas seulement réécrire les cinquante dernières années du Maroc, éclairer sa décolonisation et le rôle ambigu que la France y a joué et continue d'y jouer, c'est aussi remonter le fleuve amnésique de l'actualité jusqu'à la source d'un despotisme à la façade républicaine.
Stephen Smith est le correspondant Afrique de Libération, pour lequel il couvre le Maroc depuis de nombreuses années. Ce livre, qui s'appuie sur les témoignages de Fatima, Malika, Myriam et Raouf Oufkir, est le fruit de dix années d'enquête.
Stephen Smith a déjà publié chez Calmann-Lévy La Guerre du cacao (avec Jean-Louis Gombeaud et Corinne Moutout, 1990), Somalie, la guerre perdue de l'humanitaire (1994), Ces Messieurs Afrique 1 et 2 (avec Antoine Glaser, 1992 et 1997). -
"La métaphore du big-bang pourrait s'appliquer à n'importe quelle vie. Mais quand on a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale en Pologne, c'est-à-dire nulle part selon la célèbre formule du père Ubu et dans le non-dit de la mère, tout commence effectivement par une gigantesque explosion qui a anéanti les époques antérieures, calciné les archives, brûlé la langue et effacé les noms des ancêtres."Ils forment un trio : Christophe, Anna et Mamouchkievitch, la mère omniprésente.De Varsovie à l'époque de Staline, au Paris des années soixante, ils nous entraînent dans un périple peuplé de personnages extravagants. Les situations rocambolesques se succèdent, le comique se mêle au tragique et la nuit, les fantômes resurgissent. Leur histoire si singulière se tisse autour de la mère et de l'amour démesuré qu'elle porte à son fils prodige, dont l'imagination débridée ne connaît pas de limites. La terre étant tout juste assez vaste pour lui, la petite Anna au "physique pas comme les autres" se tourne vers les étoiles jusqu'à devenir "doktorr astrophysik" Au fil du récit composé de particules de mémoire, l'épaisseur des personnages, leurs contacdictions, leurs zones d'ombre, le rapport compliqué qu'ils entretiennent avec leur judaïté et leur attachement inconditionnel à la Pologne. Ce livre foisonnant où jamais l'on ne s'apitoie est une leçon de vie et d'élégance face à l'adversité, comme un pied de nez au destin.
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Les très riches heures d'Antoine Naufal, libraire à Beyrouth
Nada Anid
- Calmann-Levy
- 25 Avril 2012
- 9782702143100
Qui, à Beyrouth, ne connaît pas la Librairie Antoine ? Cet avant-poste de la culture française au Levant semble avoir toujours été là tant il fait partie du paysage, avec ses belles vitrines exposant les dernières nouveautés littéraires parisiennes, ses présentoirs garnis de magazines et de journaux français, ses signatures d'auteurs et ses débats, son atmosphère à la fois fébrile et studieuse qui en font plus qu'un commerce : un lieu de culture et de rencontre entre Orient et Occident.
Antoine Naufal en fut l'improbable fondateur : il était jeune, pauvre et déraciné lorsqu'il se lança en 1933. Mais il était animé d'une passion, d'un sens des affaires et d'un amour de la France qui se conjuguèrent pour lui permettre de bâtir, à partir d'une échoppe de trente mètres carrés, un groupe prospère d'édition et de distribution qui rayonne aujourd'hui sur tout le Moyen Orient, et pour faire d'Antoine Naufal une légende.
Voici son histoire et celle de sa librairie, depuis le Mandat français jusqu'à nos jours, en passant par tous les orages et toutes les éclaircies qui ont ponctué l'histoire du Liban depuis quatre-vingts ans. -
Les coups tordus de Winston Churchill
Brigitte Rossigneux
- Calmann-Levy
- 23 Septembre 2009
- 9782702140062
Tout le monde a en tête l'image de Winston Churchill, le « vieux lion » ministre dès 1905, qui fait le V de la victoire en... juin 1940 ; mais qui connaît l'autre facette du personnage, le Mister Hyde et sa politique de coups tordus ?Chez Churchill, les coups fourrés, c'est pourtant une vieille histoire. Où qu'il se trouve, il s'inspire de ce qu'il voit pour l'adapter à ses besoins et à ceux de l'histoire. De l'horrible pensionnat anglais où il a été envoyé enfant, il apprend la ruse et la curiosité. D'un voyage à Cuba, il rapporte les méthodes de la guérilla, enseignement bien précieux pour organiser la résistance, mais aussi pour mettre à genoux l'Irlande. De l'échec de la bataille des Dardanelles, il découvre, bien plus tard, comment faire de l'intox une arme de prédilection. Pour plomber les nazis avant le débarquement, il a ainsi l'idée de larguer au sud de l'Espagne le corps d'un soldat anglais afin de convaincre l'ennemi d'une présence britannique dans le secteur, bien qu'un débarquement soit planifié en Sicile.Autant de ruses mises en oeuvre avec plus ou moins de bonheur par son bras armé, l'Intelligence Service, puis par le SOE (Special Operation Executive), officine de services secrets à sa dévotion.Ancien membre actif du SOE, Bob Maloubier a eu accès aux archives des services secrets britanniques pour nous raconter les coulisses de ces coups spectaculaires, pour certains orchestrés avec tant de discrétion qu'ils sont jusqu'ici restés méconnus.Un livre d'aventures et d'histoire pour découvrir les dessous intrigants de l'incroyable carrière de Winston Churchill.
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Dans la constellation des Romantiques, l'étoile de Vigny est celle dont l'éclat nous séduit le plus aujourd'hui. Enfermé par Sainte-Beuve dans une " tour d'ivoire ", l'auteur de la Mort du loup et de Chatterton se comparait lui-même au " Masque de fer " : prisonnier à l'identité inconnue qui meurt sans avoir ôté le masque rouillé par les larmes qu'il dissimulait. C'est sous ce masque imposé par l'éducation et treize années de vie militaire que Nicole Casanova débusque aujourd'hui un nouveau Vigny.
Démoniaque, métaphysiquement athée comme le seront certains héros de Dostoïevski, pervers avec tendresse, ce prétendu cousin d'André Chénier était parvenu à demeurer sanglé dans la noire redingote qui, chez Baudelaire, éclatera de façon misérable et splendide. Par-delà les vêtements sombres, les manières courtoises et glacées, les apparences d'une vie tenue comme à la longe, on découvre ici les contradictions et les désespoirs d'un " moi créateur " plein de trouble et de feu.
Le militaire en lui ne put jamais s'adapter aux contraintes de l'armée, l'aristocrate méprisait les Bourbons et le noble rêva d'une démocratie à l'américaine : d'une sensibilité fragile et déchirée, d'une folle violence dans les passions - sentimentales, esthétiques et politiques - et d'un pouvoir d'amour sans limites, l'homme surprend par sa modernité.
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Entre autres privilèges, Descartes eut celui de susciter de son vivant passions et légendes. Aussi les biographes s'attachèrent-ils très tôt à retracer la vie de ce philosophe qui déclarait lui-même : " Je m'avance masqué. " Mais plus de trois siècles ont passé depuis le dernier d'entre eux, Adrien Baillet, qui publia en 1691 une Vie de M. Descartes sur laquelle on a continué de faire fond jusqu'à aujourd'hui.
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" l'homme staline a été éclipsé par sa figure mythique, dont l'ombre portée écrase toute la perspective du xxe siècle. je tâche dans ce livre de raconter le parcours privé de cet homme, de cerner au plus près l'énigme de sa personnalité à partir d'archives inédites, de rencontres avec les survivants de la lignée familiale et du cercle de ses intimes. les faits historiques ne sont rappelés que lorsqu'ils sont nécessaires à l'intelligibilité de l'itinéraire de l'individu, ou lorsqu'ils permettent de découvrir, nuancer ou transformer des interprétations que l'on croyait définitives.
En plongeant dans la masse des documents soviétiques rendus accessibles aux chercheurs occidentaux, j'ai tenté de remettre en question un savoir trop cimenté pour capter le nouveau, éclaircir les zones d'ombre, faire la part entre la rumeur et la réalité, dénouer certaines controverses et révéler des aspects méconnus ou inconnus.
Il est certes rassurant de se dire que l'être sous le régime duquel se sont commises tant d'horreurs ne peut être qu'un monstre. mais cette satanisation de staline est une paresse de l'esprit, comme l'avait été hier sa divinisation : en le faisant exister en chair et en os, humain, trop humain, on ne le rend que plus vulnérable au jugement de l'histoire. " lilly marcou née en juillet 1936, lilly marcou a consacré son doctorat d'etat en histoire au communisme mondial de 1945 à 1985. elle a dirigé, de 1975 à 1981, un groupe de recherches sur le mouvement communiste international dans le cadre du centre d'études et de recherches internationales de la fondation des sciences politiques avant d'enseigner à l'institut d'études politiques de paris de 1982 à 1988. elle est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment : l'internationale après staline (grasset, 1979) ; les staline vus par les hôtes du kremlin (gallimard, 1979) ; les défis de gorbatchev (plon, 1988) ; il y a ehrenbourg, un homme dans son siècle (plon, 1992) ; elsa triolet, les yeux et la mémoire (plon, 1994).
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Malgré le nombre et la valeur des traductions, et malgré maintes études parues au cours des dernières années, le nom de Schelling est encore largement inconnu en France, et sa philosophie méconnue. Or, il s'agit d'un génie philosophique de premier ordre. Xavier Tilliette a entrepris de raconter une vie qui éclaire singulièrement une oeuvre « en devenir », épousant toujours le mouvement de l'existence. Schelling, éternel commençant, s'il n'a pu achever son grand projet des Âges du monde, a parcouru dans leur diversité les âges de la vie, « de la belle aube au triste soir », traversant la Révolution, l'Empire, le romantisme, la Restauration et 1848, pour finir dans un oubli relatif et dans l'isolement.
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Le cèdre est un arbre connu pour fournir un bois ligneux, rigide, et peu sensible aux intempéries. C'est aussi le symbole national du Liban. Libanais, Samir Geagea l'est par la naissance, par la tête et par les tripes. Jeune combattant, puis chef de guerre redouté pendant la guerre civile qui a ravagé le Liban de 1975 à 1982, il défend alors avec âpreté, à la tête des Forces Libanaises, le « réduit chrétien » menacé de liquidation et s'oppose à toute forme de vassalisation de son pays, que ce soit par la Syrie, les Palestiniens ou les Israéliens. Accusé de plusieurs meurtres à la fin des hostilités, menacé, vilipendé, il refuse de fuir son pays malgré les mises en garde. Arrêté et condamné à mort par un tribunal à la solde de l'occupant syrien pour ces crimes qu'il n'a pas commis, il croupit onze ans dans une geôle de 6m2 au troisième sous-sol du ministère de l'intérieur à Beyrouth. Onze années passées à lire, à réfléchir, à prier et à effectuer un travail en profondeur sur lui-même. C'est un homme métamorphosé qui sort de prison en 2004 : le guerrier s'est transformé en homme politique, le chef de bande à la réputation sulfureuse en intellectuel. Seul rescapé de la vague d'assassinats qui a emporté en trente ans tous les partisans de la souveraineté libanaise, de Bachir Gemayel à Rafiq Hariri, il incarne mieux que quiconque l'idée d'indépendance nationale, car c'est un principe sur lequel il est aujourd'hui le seul, parmi les responsables politiques libanais, à n'avoir jamais transigé. Depuis son nid d'aigle du Mont Liban où il vit reclus par crainte - encore ! - des tentatives d'assassinat, Samir Geagea prêche désormais l'unité et le dialogue entre les communautés dans le cadre de l' « Alliance du 14 mars ». C'est néanmoins avec angoisse qu'il voit la guerre civile en Syrie ranimer les haines confessionnelles qui ont failli, une fois déjà, aboutir au suicide de la nation libanaise. Le guerrier, le réprouvé, le sage : Samir Geagea aura vécu trois vies - en attendant peut-être, enfin ! - une quatrième : celle d'homme d'État ?
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Bokassa 1er ; un empereur français
Stephen Smith, Géraldine Faes
- Calmann-Levy
- 29 Mars 2000
- 9782702130285
Première grande biographie de Jean-Bedel Bokassa, ce livre relate l'histoire d'un "indigène" devenu enfant de troupe, officier de l'armée française, maréchal président à vie puis empereur de Centrafrique et, après sa condamnation à mort et sept années de prison, "treizième apôtre du Christ", comme il s'était lui-même baptisé. Un destin hors du commun qui est aussi un formidable terrain d'enquête sur les imbiguïtés - et la "familiarité" - des relations franco-africaines.
Car si l'on a brodé sur le "soudard" de la coloniale qui s'est offert un couronnement impérial, sur ses délires mégalomaniaques, son anthropophagie prétendue et l'amitié trahie avec son "cousin" Valéry Giscard d'Estaing, on oublie trop souvent que, pendant treize ans, cette "bouffonnerie tropicale" a été un règne ordinaire soutenu par la France. Plutôt que de mettre en scène un "roi nègre" en habits napoléoniens, il restait à démonter les ressorts et les appuis de cette tyrannie, à revenir sur un sacre co-organisé par la France, à rouvrir le dossier de "l'affaire des diamants" et à éclairer un passé riche en révélations scandaleuses. -
François Guizot : Historien, philosophe, homme d'État
Jean-Claude Casanova, Collectif
- Calmann-Lévy
- 22 Janvier 2025
- 9782702194249
La postérité est injuste avec François Guizot.
Elle tarde encore à reconnaître l'importance et l'ampleur d'une oeuvre qu'elle a paresseusement ramenée à quelques phrases, tronquées et sorties de leurs contextes.
Pourtant, chacun des nombreux champs du savoir ou de l'action publique que Guizot a abordé porte encore sa marque, qu'il s'agisse de philosophie, d'histoire, ou des institutions de l'État.
Professeur d'histoire à la Sorbonne, où Taine et Tocqueville assisteront à ses cours, il est l'auteur d'une oeuvre dont Marx se nourrira et qu'il ne cessera de citer. Penseur de la démocratie, il en discutera les fondements et les limites avec Tocqueville.
Son action comme ministre ne fut pas moindre. La République lui doit son réseau d'écoles communales, la création de l'Académie des sciences morales et politiques au sein de l'Institut de France, celle de l'École libre des sciences morales et politiques, ancêtre de Sciences Po et, pour couronner le tout, rien moins que les trois couleurs du drapeau français.
À l'occasion du cent-cinquantenaire de sa mort, les essais réunis dans ce volume, de Jean-Claude Casanova, Jacques Verger, Aurelian Craiutu, Françoise Mélonio, et Xavier Darcos, éclairent les multiples aspects de cette oeuvre riche et féconde que Guizot nous a léguée