Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive:Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu'il n'est «pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur». Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son «trou juif», elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d'eux-mêmes» qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.
Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. Cette fille, Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite «place au soleil». Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : « Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre.» Ce récit dépouillé possède une dimension universelle.
«Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail.»
«Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous.»
«Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts:à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais:Dickens, Kipling, Emily Brontë... Quel éblouissement!Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara:- Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.»
« J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler. »
MARC Comment peux-tu dire, devant moi, que ces couleurs te touchent ?... YVAN Parce que c'est la vérité. MARC La vérité ? Ces couleurs te touchent ? YVAN Oui. Ces couleurs me touchent. MARC Ces couleurs te touchent, Yvan ? ! SERGE Ces couleurs le touchent ! Il a le droit ! MARC Non, il n'a pas le droit. SERGE Comment, il n'a pas le droit ?
«Il a caressé des petits serpents très doux ; il parlait toujours. Le mégot brûlait son doigt ; il a pris sa dernière bouffée. Le premier soleil l'a frappé, il a chancelé, s'est retenu à des robes fauves, des poignées de menthe ; il s'est souvenu de chairs de femmes, de regards d'enfants, du délire des innocents : tout cela parlait dans le chant des oiseaux ; il est tombé à genoux dans la bouleversante signifiance du Verbe universel. Il a relevé la tête, a remercié Quelqu'un, tout a pris sens, il est retombé mort.»
Cortège [...] Un jour Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes Pour que je sache enfin celui-là que je suis Moi qui connais les autres Je les connais par les cinq sens et quelques autres Il me suffit de voir leurs pieds pour pouvoir refaire ces gens à milliers De voir leurs pieds paniques un seul de leurs cheveux Ou leur langue quand il me plaît de faire le médecin Ou leurs enfants quand il me plaît de faire le prophète Les vaisseaux des armateurs la plume de mes confrères La monnaie des aveugles les mains des muets Ou bien encore à cause du vocabulaire et non de l'écriture Une lettre écrite par ceux qui ont plus de vingt ans Il me suffit de sentir l'odeur de leurs églises L'odeur des fleuves dans leurs villes Le parfum des fleurs dans les jardins publics O Corneille Agrippa l'odeur d'un petit chien m'eût suffi Pour décrire exactement tes concitoyens de Cologne Leurs rois-mages et la ribambelle ursuline Qui t'inspirait l'erreur touchant toutes les femmes Il me suffit de goûter la saveur du laurier qu'on cultive pour que j'aime ou que je bafoue Et de toucher les vêtements Pour ne pas douter si l'on est frileux ou non O gens que je connais Il me suffit d'entendre le bruit de leurs pas Pour pouvoir indiquer à jamais la direction qu'ils ont prise Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit De ressusciter les autres Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes [...]
«Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y a eu d'abord l'Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'ai écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire.»Jean Giono.
Cinq soldats français condamnés à mort en conseil de guerre, aux bras liés dans le dos. Cinq soldats qu'on a jetés dans la neige de Picardie, un soir de janvier 1917, devant la tranchée ennemie, pour qu'on les tue. Toute une nuit et tout un jour, ils ont tenté de survivre. Le plus jeune était un Bleuet, il n'avait pas vingt ans. À l'autre bout de la France, la paix venue, Mathilde veut savoir la vérité sur cette ignominie. Elle a vingt ans elle aussi, elle est plus désarmée que quiconque, mais elle aimait le Bleuet d'un amour à l'épreuve de tout, elle va se battre pour le retrouver, mort ou vivant, dans le labyrinthe où elle l'a perdu. Tout au long de ce qu'on appellera plus tard les années folles, quand le jazz aura couvert le roulement des tambours, ses recherches seront ses fiançailles. Mathilde y sacrifiera ses jours, et malgré le temps, malgré les mensonges, elle ira jusqu'au bout de l'espoir insensé qui la porte.
Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit «le facteur timbré» parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le monde entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire «historique» de tous les siens, fidèle aux valeurs de «l'enseignement public obligatoire», le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essai de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France.Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel.
«C'était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d'un film.»
Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non : la constance n'est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos coeurs.
(Acte I, scène 2)
Pour expliquer le succès du Roi se meurt, on a dit que c'est un classique. Il montre l'homme ramené à sa condition fondamentale. Donc à l'angoisse devant la mort. Cet homme qui parle avec les accents du roi Lear est néanmoins notre contemporain. Il est tellement notre contemporain que son histoire - une existence qui a oublié ses limites - reflète exactement la célèbre «crise de la mort» qui secoue l'Europe de l'après-guerre. Le Roi se meurt n'est pourtant pas une pièce triste. D'abord, parce que l'humour n'y est pas absent. Ensuite, et surtout, parce que Ionesco propose les remèdes pour sortir de la crise. C'est également cela, une grande oeuvre classique : une leçon de dignité devant le destin.
« Femme, réveille-toi ! le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ;
Reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. » C'est par ces mots qu'Olympe de Gouges, grande figure féminine de la Révolution française, interpelle les femmes du monde entier.
Écrit en 1791, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte fondateur dans le combat des femmes pour l'égalité. Un plaidoyer à lire ou à relire et à mettre en perspective avec les débats de la société d'aujourd'hui.
Parcours Bac : Écrire et combattre pour l'égalité
«La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une technique poétique font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités.»René Bertelé.
Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les troupes de Patton, le 11 avril 1945. L'étudiant du lycée Henri-IV, le lauréat du concours général de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa mort. Un temps, il va croire qu'on peut exorciser la mort par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Pour s'arracher à ce cercle vicieux, il sera aidé par une femme, bien sûr, et peut-être par un objet très prosaïque : le parapluie de Bakounine, conservé à Locarno. Dans ce tourbillon de la mémoire, mille scènes, mille histoires rendent ce livre sur la mort extrêmement vivant. Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou un document. Mais il a composé une oeuvre d'art, où l'on n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est qu'à quelques pas de Buchenwald.
Dès que le chevalier Des Grieux aperçoit Manon Lescaut, il tombe irrémédiablement amoureux de la séduisante et mystérieuse jeune femme. Il s'enfuit avec elle... Très vite, Manon trompe le sage chevalier et l'entraîne dans une lente descente aux enfers. Passion, trahisons, tables de jeux, prostitution et emprisonnements jalonnent l'histoire devenue légendaire de ces deux amants. - Le texte intégral de l'oeuvre accompagné de notes de bas de page - Huit fiches pour faire le tour de l'oeuvre 1. Prévost en 18 dates 2. L'oeuvre dans son contexte 3. La structure de l'oeuvre 4. Les grands thèmes de l'oeuvre 5. Le roman et ses personnages. Visions de l'homme et du monde 6. Un roman entre classicisme et modernité 7. Le siècle des Lumières 8. Citations - Pour préparer l'oral du Bac Des lectures analytiques au fil de l'oeuvre - Pour préparer l'écrit du Bac Un sujet complet - Deux groupements de textes 1. Passions fatales 2. Histoires d'amour et d'argent.
« Chantons, buvons ! » Bon vivant, le géant Gargantua exorte par cette formule le lecteur à le suivre dans ses « très horrifiques » aventures qui le conduiront de Paris à l'abbaye de Thélème et le feront grandir au fil du récit.
Découvrez ou redécouvrez ce personnage bouffon, devenu mythique sous la plume amusée et satirique de François Rabelais.
Parcours Bac : Rire et savoir (voie générale) - La bonne éducation (voie technologique)
Francis Ponge pose un regard neuf sur le monde qui nous entoure. Il nous invite à redécouvrir, à travers trente-deux poèmes en prose, les choses les plus banales : le galet, le pain, la bougie, l'orange. Utilisant avec virtuosité toutes les ressources du langage, le poète célèbre la nature et nous donne avec humour une belle leçon d'humilité.
Dossier pédagogique de Garance Kutukdjian. Argan, homme bien portant, se croit atteint de mille maux. Le remède ultime pour ce malade imaginaire ? Marier sa fille, Angélique, à un médecin. Mais c'est compter sans Toinette, la rusée servante, qui décide de déjouer les plans de son maître... Rires, danses et déguisements rythment cette comédie-ballet. Dans sa dernière pièce, Molière célèbre ainsi le triomphe de l'amour et de la vie sur la maladie et la mort.
Parcours Écrire et combattre pour l'égalité.«La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits.Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.»TOUT POUR COMPRENDRE- Notes lexicales- Biographie et contexte- Genèse et genre de l'oeuvre- Pour mieux interpréterÉCRIRE ET COMBATTRE POUR L'ÉGALITÉ- Analyse du parcours- Groupement de textes- Histoire des idéesVERS LE BAC- Explications linéaires guidées- Sujets de dissertation et de commentaire guidés- MéthodologieANNEXE- La Déclaration de 1789 annotéeCAHIER ICONOGRAPHIQUE
«Un caractère bien fade est celui de n'enavoir aucun.» Voilà qui annonce la couleur ! Dans ses Caractères, oeuvre magis-trale à laquelle il a consacré sa vie, La Bruyère brosse un portrait au vitriol de ses contemporains. Fin observateur, il n'épargne personne : l'ambition du courtisan, l'égoïsme du puissant, la vanité dupédant sont tournés en ridicule. Et à tra-vers eux, c'est toute une société, celle du« paraître » et de l'argent, qui est fustigée. - Une frise chronologique historique et culturelle - Une introduction : Pourquoi lire Les Caractères au XXI? siècle ? - Le texte intégral annoté Des sujets pour s'entraîner à l'oral et à l'écrit du bac - Des analyses de textes au fil de l'oeuvre - Un commentaire de texte et une dissertation rédigés - Des exercices de grammaire avec corrections - Des exercices d'appropriationUn dossier pour situer et comprendre le texte - Une présentation de l'oeuvre et de La Bruyère dans son époque - Les mots importants des Caractères - Un groupement de textes autour du parcours du bac : La comédie sociale.