Twyla et Roberta avaient huit ans lorsqu'elles ont atterri dans la même chambre de l'orphelinat St. Bonaventure de Newburgh, au nord de New York. Quatre mois durant, elles sont restées inséparables - puis la vie les a éloignées. Des années plus tard, elles se recroisent trois fois de suite par hasard - dans un dîner, une épicerie, une manifestation.
Chacune, à l'occasion de ces retrouvailles inopinées, va se rendre compte à quel point elle est devenue étrangère à l'autre. Et pourtant, elles demeurent indéfectiblement liées par un événement terrible, remontant à leur enfance à l'orphelinat.
Twyla et Roberta ; l'une est noire ; l'autre est blanche ; mais laquelle ? Le lecteur ne le saura jamais - et c'est tout ce qui fait le vertige et la profondeur de cette histoire, que Toni Morrison a écrite « comme une expérience, dans l'idée d'eff acer toute trace de détermination raciale chez deux personnages pour qui la question de la race est déterminante ».
Un texte à la fois limpide et troublant, au coeur de problématiques qui agitent encore et toujours notre époque - la question raciale, l'identité, la violence, la diff érence, l'aliénation.
Frank Money est Noir, brisé par la guerre de Corée, en proie à une rage folle. À Atlanta, il doit retrouver sa jeune soeur Cee, cobaye d'un médecin blanc, pour regagner Lotus en Géorgie, la ville de son enfance ... « le pire endroit du monde ». S'engage pour lui un périple dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950 où dansent toutes sortes de démons. Avant de trouver, peut-être, l'apaisement. Parabole épurée, violemment poétique, Home conte avec une grâce authentique la mémoire marquée au fer d'un peuple et l'épiphanie d'un homme.
Lorsque Robert Wright est séparé de ses coéquipiers en Antarctique par une violente tempête, il sait que la situation est périlleuse, mais il ignore encore que son existence en sera changée à jamais. Il s'en sort vivant - contrairement à un de ses collègues - mais frappé d'aphasie. Rapatrié en Angleterre et désormais sous la garde de son épouse Anne, il doit réapprendre à parler. Pour raconter ce qui s'est passé lors de cette expédition, et pour dire qui il est, peut-être...
Le Mot pour dire rouge explore les répercussions tragiques d'un voyage extraordinaire sur une famille ordinaire, entre héroïsme, découragement et résilience. Et nous parle de la nécessité de transformer nos expériences en histoires - même lorsque les mots nous manquent.
La Source de l'amour-propre réunit une quarantaine de textes écrits par Toni Morrison au cours des dernières décennies et qui, chacun à sa façon, attestent de sa généreuse intelligence. Elle s'implique, débat, ou analyse des thèmes aussi variés que le rôle de l'artiste dans la société, la question de l'imagination en littérature, la présence des Afro-Américains dans la culture américaine ou encore les pouvoirs du langage. On retrouve dans ces essais ce qui fait également la puissance de ses romans : l'examen des dynamiques raciales et sociales, sa grande empathie, et son pragmatisme politique. Toni Morrison s'interroge : « Comment faire en sorte que personne ne soit plus perçu comme un étranger en son propre pays ? ». Elle s'emploie, pour répondre à cette question, à rendre hommage à ses prédécesseurs : James Baldwin, Martin Luther King, ou plusieurs peintres noirs qui, tous, ont théorisé ou incarnés les tiraillements identitaires de l'Amérique.
La Source de l'amour-propre est à la fois une porte d'entrée dans l'oeuvre de Toni Morrison et une somme où se donne à lire l'acuité combative de son autrice. C'est aussi, dans un style dont la vigueur ne cesse de nous éblouir, un puissant appel à l'action, au rêve, à l'espoir.
Bride est une femme magnifique. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Pourtant, elle a aussi été un choc à sa naissance pour ses parents. La jeune fille est prête à tout pour gagner l'amour de sa mère, même à commettre l'irréparable. Au fil des années, Bride connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du fardeau de l'humiliation, elle saura se reconstruire et envisager l'avenir avec sérénité. Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes et signe une oeuvre magistrale et puissante.
Découvrez le texte fondateur de J.R.R. Tolkien, précurseur des théories sur le conte de fée, le merveilleux et la littérature de Fantasy.
Du conte de fées est l'essai de Tolkien qui correspond le mieux à l'ensemble de son oeuvre créatrice. Il est essentiel à la compréhension des écrits de Tolkien lui-même, et il pose bon nombre de ses principes créateurs, parmi lesquels la sous-création, le concept de Faërie et la valeur de la fantasy. L'objectif de la présente édition est d'ouvrir à l'oeuvre créative et théorique de Tolkien, afin de saisir son raisonnement autour de la littérature dite de Fantasy et le conte de fée.
Cette nouvelle édition française est accompagnée d'une préface de Nathalie Prince, universitaire spécialiste des littératures jeunesse et de Fantasy.
Dans cet essai, Tolkien se pose trois questions : qu'est-ce qu'un conte de fées ? Quelles en sont les origines ? Et surtout : quelle est leur utilité ? Les notions abordées y sont très importantes pour cerner l'importance qu'accorde Tolkien au conte de fées et mieux comprendre l'univers original qu'il a créé au fil de ses ouvrages.
La nuit du Nouvel An, dans un petit village anglais où tout le monde se connaît, une adolescente disparaît. Les habitants se lancent à sa recherche, bientôt rejoints par les journalistes et la police. Au fil des semaines, les chances de la retrouver s'amenuisent. La vie finit progressivement par reprendre son cours. Mais le retour au calme est-il possible quand le souvenir de la jeune fille persiste dans les mémoires et les paysages ?
Réservoir 13 est la chronique minutieuse et virtuose, pendant les treize années qui suivent le drame, de ce village au quotidien rythmé par les saisons et la nature alentour.
Le prix Nobel, Toni Morrison, revient sur les thèmes qui imprègnent son travail et dominent de plus en plus clairement la politique nationale et mondiale : la « race », la peur, les frontières, le mouvement de masse des populations, le désir d'appartenance. Qu'est-ce que la « race » et pourquoi est-ce si important ? Qu'est-ce qui motive la tendance de l'être humain à créer les Autres ? Pourquoi la présence de ces Autres nous fait-elle si peur ?
Dans le cadre d'une intervention à Harvard, faisant partie de la série des prestigieuses conférences « Norton Lectures », Toni Morrison réfléchit à ces questions - ainsi qu'à d'autres questions vitales - au sujet de l'identité. Dans sa quête de réponses, l'auteur se replonge dans ses propres souvenirs mais également dans l'histoire, la politique, et surtout la littérature qui joue un rôle important - notamment la littérature de William Faulkner, Flannery O'Connor et Joseph Conrad - dans la notion de « race » aux États-Unis, que ce soit de manière positive ou négative. L'auteur s'intéresse à ce que signifie être noir, à la notion de pureté des « races » et à la façon dont la littérature utilise la couleur de peau pour décrire un personnage ou faire avancer un récit. Élargissant la portée de son discours, Toni Morrison étudie également la mondialisation et le déplacement des populations à notre époque.
« Toni Morrison retrace, à travers la littérature américaine, les modes de pensée et de comportement qui désignent, de manière subtile, qui trouve sa place et qui ne la trouve pas... L'Origine des autres associe l'éloquence caractéristique de Toni Morrison à la signification que revêt, de nos jours, l'expression citoyen de monde. » The New Republic
La Légende de Sigurd et Gudrún nous donne accès à l'imaginaire nordique de J.R.R.Tolkien. Ces deux poèmes - « Lai des Völsung » et « Lai de Gudrún » - écrits au début des années 1930, racontent les légendes nordiques de l'Ancienne Edda, les combats de Sigurd, la mort du dragon Fáfnir, l'histoire tragique de Gudrún et de ses frères, tués par la malédiction de l'or d'Andvari.
Cora Seaborne, jeune veuve férue de paléontologie, quitte Londres en compagnie de son fils Francis et de sa nourrice Martha pour s'installer à Aldwinter, dans l'Essex, où elle se lie avec le pasteur William Ransome et sa famille. Elle s'intéresse à la rumeur qui met tout le lieu en émoi : le Serpent de l'Essex, monstre marin aux allures de dragon apparu deux siècles plus tôt, aurait-il ressurgi de l'estuaire du Blackwater ? Dans un cadre marqué par une brume traversée d'étranges lumières, Cora Seaborne construit sa liberté.Sarah Perry réhabilite brillamment le roman victorien. Nourri des lectures de Dickens et des soeurs Brontë, ce livre, remarquable par ses descriptions d'une campagne luxuriante, sait aussi sonder les méandres du coeur avec une élégance rare. Ariane Singer, Le Monde.Le sublime portrait d'une époque en plein basculement, ainsi qu'une réflexion intéressante sur la foi. Baptiste Liger, Lire.Traduit de l'anglais par Christine Laferrière.
Le roman de Margaret Drabble se déroule entre l'Angleterre et les îles Canaries. Fran Stubbs, septuagénaire employée par une organisation caritative, sillonne son pays afin d'inspecter des résidences pour personnes âgées lorsqu'elle n'apporte pas des plats faits maison à Claude, son ex-mari, perclus dans la maladie. Elle puise son énergie au contact de ses jeunes collègues sans pour autant en oublier ses amies. Si Fran vit avec son temps, se soucie des conditions de vie de ses pairs, elle n'en maudit pas moins une époque qui prolonge la vieillesse au-delà de ce qu'elle croit compatible avec la dignité humaine.
Entre La Vieillesse de Simone de Beauvoir et Happy Days de Samuel Beckett, Margaret Drabble offre au lecteur, dans un style vigoureux et non dénué d'humour, une réflexion profonde sur « le flot sombre » (selon les termes de D. H. Lawrence). Les tourments de la vieillesse sont combattus avec force par des personnages qui, dans leur volonté de vivre - joyeusement parfois, dignement toujours - le reste de leur existence, savent conserver diverses formes de liberté afin de supporter les désagréments de la maladie. Ce texte brosse avec bienveillance un portrait caustique et plein d'esprit du troisième âge.
Le jeune capitaine britannique Tom Barnes est envoyé en mission dans une zone de conflit. Au retour d'une patrouille nocturne, il marche sur un engin explosif improvisé et est immédiatement rapatrié en Angleterre. Il se réveille une semaine plus tard, les deux jambes amputées.C'est à travers quarante-cinq objets garrot, sac à main, prothèse, miroir, basket blanche, etc. conçus pour assister, observer ou nuire, que l'histoire se déploie et nous fait découvrir de manière inédite le destin et les pensées des acteurs du conflit et de leurs proches, quelles que soient leurs positions. Le témoignage singulier et saisissant de la reconquête de soi.Un livre éblouissant de force et de pudeur. Ariane Singer, Le Monde.Récit fragmenté, au scalpel, qui fait progressivement place à la puissance des émotions. Isabelle Duriez, Elle.Remarquable, poétique, dérangeant. Yann Perreau, Les Inrockuptibles.Traduit de l'anglais par Christine Laferrière.
La Fatigue du matériau est LE roman de la migration. Une géographie de la peur qui exhorte ses lecteurs à se mettre dans la peau d'un migrant. Ici pas de réflexion politique, économique ou jugement moral, car «c'est un livre volontairement physique, chaque phrase interpelle le lecteur, et l'oblige à vivre avec le héros». La force du roman du prometteur écrivain tchèque, Marek Šindelka, tient dans le fait que le lecteur ne consomme pas l'histoire mais la vit profondément, emporté dans le froid, la faim, l'angoisse et le désespoir de ce que l'auteur appelle «la conscience noire de l'Europe». Sans nom, sans pays, sans destination, les héros deviennent les archétypes du migrant.
Deux jeunes frères fuient clandestinement leur pays, après la disparition de leurs parents dans un bombardement. Ils arrivent ainsi séparément en Europe où ils ont prévu de se retrouver. Ce sont alors deux périples qu'entreprend le lecteur dans ce récit court, intense et haletant, au gré des épreuves que traversent les deux frères, dans l'espoir de se voir accorder un nouveau droit à l'existence. Il faut fuir et se cacher, trouver à manger, tenter de se repérer, avancer. Le monde se révèle à travers le prisme de l'angoisse, nous faisant vivre une véritable expérience physique et humaine. Mus par la force du lien fraternel et par la volonté de ne jamais se laisser humilier, Amir et son frère doivent tenir malgré la « fatigue du matériau », c'est-à-dire l'usure extrême du corps. Un puissant remède contre la déshumanisation.
Juillet 1969. Le monde entier célèbre le succès de la mission Apollo 11. Les seuls à détourner le regard du vieux téléviseur dans ce bar perdu de l'Équateur sont sans doute Fay Fern et son fils de neuf ans, Wright. Et Wright est sans doute l'unique enfant à ne pas connaître le nom de Vincent Kahn, l'astronaute qui a foulé pour la première fois la surface de la Lune. Pourtant, Fay le connaît bien. Ou plutôt le connaissait bien. Elle l'a rencontré dix ans auparavant, alors qu'elle était serveuse dans un bar au beau milieu du désert de Mojave. Après une brève liaison, leurs vies ont pris des chemins différents, mais les conséquences de leur rencontre sont ineffaçables.
S'ils ne se reverront jamais plus. Fay et Vincent s'opposeront de loin, tels des symboles de deux mondes en collision : lui, héros de l'Amérique triomphante dans la course spatiale, elle, militante radicale du mouvement contre la guerre du Vietnam. Leurs contradictions s'incarneront tragiquement en la personne de Wright, qui grandira entre un père qui ignore jusqu'à son existence et une mère enfermée dans sa fureur. Ballotté de refuge en refuge, le FBI à leurs trousses, Wright ignorera ce que signifie avoir une famille, une école, un lieu où se sentir en sécurité. Son entrée dans l'âge adulte le forcera à se libérer du poids des erreurs commises par sa mère et par la grande nation américaine.
Roman à la fois intime et épique, L'autre découverte de l'Amérique est une histoire d'amour au temps de la guerre froide, une quête d'identité qui traverse une génération et interroge ses enfants.
L'écriture puissante et courageuse de Kathleen Alcott révèle les liens complexes entre nos destins personnels et les conflits d'une époque, dont les conséquences se font encore sentir aujourd'hui.
Au cours de son premier séjour en Afrique, Jessica Speight fait une découverte prophétique, qui laisse peut-être présager de son avenir : celle d'enfants atteints d'une maladie génétique rare. De retour en Angleterre, tandis qu'elle finit ses études d'anthropologie, elle se retrouve enceinte d'un homme marié, amené à quitter le pays sous peu. Elle décide néanmoins de garder l'enfant. Ainsi naît Anna, un « bébé d'or pur » au caractère angélique, au bonheur presque surnaturel. Rapidement cependant, il s'avère que ce n'est pas une enfant comme les autres : la fillette est maladroite dans ses gestes et ses facultés cognitives sont limitées. Jess doit admettre que sa fille souffre d'un léger retard mental. Commence alors pour elle une vie nouvelle, dans laquelle ses responsabilités de mère ne connaîtront jamais de fin.
C'est par le regard d'une de ses nombreuses amies que nous suivons le parcours de cette femme soudain confrontée à ce que l'on appelle abusivement « la maladie mentale ». Malgré cette situation compliquée, Jess ne renonce jamais à sa carrière d'anthropologue ni à sa vie amoureuse riche en rencontres. Ce sont les années 1960 et Jess est pleinement en phase avec cette génération optimiste et idéaliste. Au coeur du Londres multiethnique où elle réside, évoluant au sein des milieux intellectuels et fréquentant un important réseau d'amis, Jess est ainsi le témoin privilégié d'une société en bouleversements permanents.
D'une plume alerte et avec une rare lucidité, Margaret Drabble décrit et analyse ce petit groupe : Victoria, la mère haute en couleur d'un garçon autiste ; Steve le poète maudit ; Bob, l'époux américain, superficiel et néanmoins généreux ; Ursula, l'institutrice ayant sombré dans le mysticisme ; Zain, le bel étranger ; Raoul, dont l'amitié n'est peut-être pas désintéressée ; ou encore le Professeur, une fois son mystère élucidé...
On se laisse peu à peu entraîner dans ce très riche et très harmonique récit, dont l'alternance entre passé et présent est parfaitement maîtrisée par l'auteur. Plus on avance dans la narration, plus le texte révèle son ampleur, son impressionnante composition. L'auteur a très bien bâti l'équilibre entre le personnage principal et cette narratrice à la fois visible et invisible, une seule fois nommée. Au final, c'est l'histoire incisive de toute une génération, et d'une femme en particulier, qui se dessine : des êtres solidaires, confrontés, entre autres, au handicap, à la maladie mentale, à la question de la maternité, mais aussi à des événements relevant du quotidien, plus ordinaires et réconfortants. Tout cela sur fond d'une Londres en pleine évolution - plusieurs décennies durant -, reflet d'une histoire sociale : les espoirs de l'après-guerre, le swinging London et l'insouciance de la jeunesse faisant place aux exigences sécuritaires, aux menaces urbaines et aux maux de la vieillesse.
Voici l'histoire d'un jeune garçon qui grandit sur les rives d'un lac en train de s'assécher, quelque part au bout du monde...
Un village de pêcheurs. Un lac qui s'assèche et des rives qui reculent de manière inquiétante. Les adultes ont de la vodka, les enfants de l'eczéma qu'ils grattent. Nami, lui, n'a rien, hormis sa grand-mère aux mains énormes et une vie devant lui. Cette histoire est aussi vieille que l'humanité. Pour son héros, jeune garçon qui part avec pour seules armes son obstination et le vieux manteau de son grand-père, il s'agit d'un pèlerinage. Pour découvrir le plus grand des secrets, il devra traverser le lac, en parcourir les rivages et, enfin, s'immerger jusqu'à son fond.
Un roman d'une grande puissance, un mythe original, un fascinant récit d'initiation.
Une épopée passionnante à suspense des frères Mašín en période de Guerre froide. Cinq hommes décident de prendre les armes contre le régime arbitraire tchécoslovaque, et tiennent tête à vingt mille soldats de la Volkspolizei d'Allemagne de l'Est armés jusqu'aux dents. À l'issue d'une lutte effrénée, ils réussissent finalement à passer en territoire libre, à Berlin Ouest.
J.R.R. Tolkien n'est pas seulement l'auteur d'une des oeuvres romanesques les plus originales du
XXe siècle. Il est aussi et avant tout un des plus grands spécialistes de philologie et du Moyen-Âge,
un linguiste exceptionnel, professeur à Oxford pendant trente-cinq ans. A travers sept articles et
conférences destinées au public, Les monstres et les critiques donne un aperçu de l'intérêt
particulier de Tolkien pour les langues réelles et imaginaires, pour la littérature médiévale (récits
arthuriens et Beowulf) ainsi que pour le merveilleux et la fantasy. Autant de domaines que l'on
retrouve dans ses romans : chez Tolkien (qui annonce de ce point de vue Umberto Eco), il n'y a
pas de distinction entre le savoir universitaire et l'invention d'un monde imaginaire. Les textes de
ce volume, datant de 1931 à son départ de l'université d'Oxford en 1959, constituent un formidable
témoignage sur la vie et l'oeuvre complexe de J.R.R. Tolkien et éclairent directement le monde du
Seigneur des Anneaux et du Silmarillion. A noter que ce volume inclut une nouvelle traduction de
l'essai Du Conte de fées.
Dans une ville du nord de l'Angleterre, peu après Noël, un homme est retrouvé mort dans son appartement. En cinq chapitres, de la découverte du corps jusqu'à sa crémation, en passant par la salle d'autopsie et le tribunal, Jon McGregor esquisse les principales étapes de l'existence de cet homme au gré des souvenirs de ceux qu'il fréquentait durant les dernières années de sa vie. Le récit est rythmé par les voix de ses amis - tous des toxicomanes qu'il hébergeait en échange de menus services -, dont on comprend très tôt qu'ils sont eux-mêmes désormais des fantômes. Décidés à accompagner Robert jusqu'à la fin, ils essaient de découvrir pourquoi il s'est ainsi retrouvé seul dans son appartement, à court de vivres, et quelles sont les causes de sa mort. Le récit des événements en cours alterne avec les souvenirs des personnages, qui se dévoilent eux-mêmes tout autant qu'ils évoquent Robert.
Le lecteur découvre ainsi le passé de chacun et le moment où ils ont basculé dans la dépendance, toujours en réaction à un événement insupportable : Robert a sombré dans l'alcool après le départ de sa femme et de sa fille, Heather s'est réfugiée dans l'héroïne après avoir été victime d'une mauvaise plaisanterie aux conséquences irrémédiables ; Ant, après avoir perdu une jambe lors d'une explosion en Afghanistan...
Il n'est cependant jamais question de justifier, seulement de comprendre, sans juger. Jon McGregor dévoile un monde généralement invisible : celui des marginaux et des toxicomanes. Il décrit avec une grande précision - et souvent avec humour - leur mode de survie et leurs déboires. Il nous fait pénétrer dans leur univers ainsi que dans celui de certaines institutions, exposant tant leur souffrance physique que l'extase procurée par la drogue, l'espoir que le désarroi, l'amour que la déception, et, toujours, leur volonté de vivre.
Jon McGregor, né aux Bermudes en 1976, a grandi dans le Norfolk et habite à présent à Nottingham avec sa femme et leurs deux enfants. En 2002 a paru son premier roman Fenêtres sur rues (Rivages, 2007), sélectionné pour le Man Booker Prize, lauréat du prix Betty Trask et du prix Somerset Maugham. En 2006, il publie Il n'y a pas de faux départs (Seuil, 2008) également sélectionné pour le Man Booker Prize.
Même les chiens, paru en février 2010, a été unanimement salué par la critique anglo-saxonne.
" Une alliance rare de profonde empathie et d'extraordinaire écriture. " Mark Haddon " Jon McGregor est un écrivain qui laissera une empreinte considérable dans la littérature mondiale. En vérité, c'est déjà fait. " Colum McCann " Un récit court, bien construit, qui recèle une extraordinaire vitalité émotionnelle. " David Robson, Sunday Telegraph.
" L'écriture de McGregor est époustouflante. Même les chiens laisse au lecteur une impression de solidarité, accompagnée de nombreux moments de tendresse. Le registre de ces existences malmenées se lit comme un panégyrique du coeur humain. Ce qui compte, pour finir, c'est ce que les personnages de McGregor sont les uns pour les autres, envers et contre tout. " Natalie Sandison, Times " Avec loyauté et compassion, McGregor se concentre sur la misère continuelle de la vie de ses personnages, dans une prose rythmique et ciselée, qui allie précision documentaire et plainte expressionniste... Extraordinaire. " Clare Allfree, Metro.
" Même les chiens pose un regard impassible et impartial sur les populations de la rue, sans abri et sans espoir. C'est un roman aussi glaçant et aussi revigorant que le " jour vide et glacial " sur lequel il s'ouvre : McGregor trouve de la poésie dans le profane et de la noblesse dans les combats menés par des âmes perdues qui tentent de garder la tête hors de l'eau. " James Lovegrove, Financial Times.
" McGregor jette un regard lucide et compatissant sur des vies que la littérature contemporaine s'est souvent montrée plus susceptible d'ignorer entièrement ou de recréer dans des récits tendancieux d'aliénation sociale. " Nick Rennison, The Sunday Times.
" Son immersion, digne d'un journaliste, dans le monde de ses personnages, avec sa gamme restreinte de tons et d'événements, rend cet impressionnant roman plus ingénieux encore. " Christopher Tayler, The Guardian.
" Nul voyeurisme dans cet ouvrage étonnant : il est profond et humain. C'est avec respect, et non ironie, que McGregor a pénétré dans un univers, en n'essayant ni d'expliquer, ni de justifier, mais de comprendre. " Eileen Battersby, Irish Times.
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Zelary est un hameau perdu dans le massif des Beskides en Moravie du nord. Dans les neufs récits qui composent ce roman, situé dans les années 1920 et 1930, nous retrouvons les mêmes personnages : Zena, qui compte ses sous, le forgeron Joza, une force de la nature, Selda le coureur de jupons, Lucka, qui est sorcière et guérisseuse, Honza le bouffon, Helenka, qui suscite les miracles... La vie est difficile, à Zelary, elle est faite de passions simples qui se nouent dans la violence et se dénouent parfois dans la grâce. On assiste à l'accomplissement radieux d'une petite fille qui n'était pas aimée, au face à face du prêtre et de l'instituteur, l'un et l'autre livré à leurs démons intimes, à la fugue éperdue d'un orphelin " irrécupérable ", aussi fort qu'il sait être tendre, l'auteur multipliant les récits dans le récit, mettant au jour le glorieux grouillement de la vie simple.
Sous le réalisme implacable de ce texte, le lecteur ne tarde pas à percevoir une profonde compréhension, une sympathie pour ces gens éprouvés par le sort. On se laisse emporter, finalement, par la poésie sobre et profonde qui jaillit de ce roman.
Les quatre textes réunis ici, dont la parution a été longtemps attendue, nous offrent un tableau remarquable d'un poème et d'un héros qui furent une source d'inspiration majeure pour J.R.R. Tolkien.
Par sa traduction en prose de Beowulf, chef-d'oeuvre de la poésie médiévale anglaise, l'auteur rend accessible la légende d'un vainqueur d'ogres et de dragons - qui recèle en sa poigne « la force de trente hommes » - tout en exprimant la dimension psychologique du héros au sein d'une atmosphère sombre et néanmoins fascinante, dans laquelle se déploient les vertus de loyauté et de courage.
Cette traduction s'accompagne de commentaires essentiels, souvent divertissants, sur la nature et la langue du poème, l'Histoire et la légende, ce qui permet au lecteur de mieux apprécier les multiples aspects du texte vieil anglais.
L'ouvrage inclut Sellic Spell, « récit merveilleux » par lequel J.R.R. Tolkien a voulu reconstituer la légende d'origine, et deux versions bilingues du Lai de Beowulf.
Au dire de l'auteur, cette histoire puise sa source dans son émerveillement face au monde des Tziganes et sa fascination pour des gens qui n'ont pas encore oublié qu'eux aussi ont jadis été enfants, et qui arrivent encore à chercher et à rêver. Mais elle devient universelle face aux êtres marginaux qu'elle dépeint, tant elle saisit la profondeur de leur âme. L'histoire tragique d'Andrejko, arraché à son hameau et plongé dans le monde des voleurs à Prague, se double, en filigrane, de celle de son peuple. Les Dunka vivent au gré des changements politiques - ils fuient les nazis puis les Russes, sont déplacés de force et paient un lourd tribut à l'Histoire dans leur propre chair. Devenu voleur hors pair, Andrejko connaît l'injustice et la haine des gadjé, parfois aussi celle des siens, passe de Prague à Plzen, de la maison de correction à la prison, lorsqu'il ne se réfugie pas dans sa campagne natale avec sa jolie cousine. Il tente de s'adapter à la société, sinon de retrouver ses racines, de placer certaines valeurs morales au-dessus de l'argent, mais il finit seul et le lecteur est aussi libre que lui d'imaginer la suite... Petite, allume un feu... est un éloge du sentiment de liberté, une célébration de la quête, à travers l'expérience de la découverte tout comme de la perte. C'est aussi un hymne d'amour au romani éhib, langue chargée d'émotion et de violence, émaillée de tout l'imaginaire des croyances populaires. Le destin d'Andrejko porte en lui le sublime et le tragique, dans une prose qui ne saurait laisser indifférent, tant par son réalisme que par sa poésie profonde.
Londres, 9 juillet 1864, on retrouve le corps d'un banquier sur le ballast, et un chapeau. Chargé d'élucider le premier meurtre commis à bord d'un train anglais, Scotland Yard file un jeune Allemand, vite suspecté. Face au débat sur la peine capitale, bijoutiers, cheminots, prostituées témoignent dans ce procès extraordinaire où les juges n'ont à craindre que le pouvoir de la presse. Reconstitution palpitante d'un fait-divers qui défraya l'Angleterre victorienne, cette enquête historique minutieuse se lit comme un véritable roman policier au suspense captivant.
Liverpool, 1889. James Maybrick succombe à une maladie dont les médecins ignorent la cause. Mais lorsqu'on retrouve de l'arsenic - remède en vogue - dans la demeure, tous accusent sa jeune épouse fougueuse et infidèle. Au terme d'un procès férocement débattu et relayé par une presse avide, Florence est condamnée à mort. Mais de nombreuses voix s'élèvent en faveur de son pardon... Essai historique, polar palpitant, portrait féministe : de cette affaire qui scandalisa l'Angleterre victorienne, Kate Colquhoun a tiré un roman-enquête minutieux, et passionnant.