C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que Ivo Andric écrit La Chronique de Belgrade, un roman-chronique qui s'étend du début du XXe siècle jusqu'en 1944. À travers le portrait de « petites gens » l'auteur décrit la transformation de la société et l'évolution des mentalités et des relations au sein de la famille. Se dessine ainsi en filigrane le portrait imaginaire de Belgrade en une construction littéraire de son histoire récente.
De Portrait de famille qui évoque des relations familiales compliquées, jusqu'à Zeko, qui raconte l'histoire dissolue d'un personnage et de sa ville, La Chronique constitue un témoignage littéraire sur une époque troublée, sur les changements dramatiques et les circonstances tragiques qui ont affecté tant le monde extérieur que l'âme des individus.
Purextase plonge le lecteur dans l'underground des années 1990 et 2010, entre la Russie et l'Allemagne. Tollian, célèbre rappeur, est en tournée à Dortmund quand une rencontre imprévisible fait ressurgir son passé. On le retrouve à Rostov-sur-le-Don en 1990, où règnent le trafic de stupéfiants, le chômage, et la guerre en Tchétchénie. Tollian se démarque des autres par son don d'écrire du rap sans trop y croire.
De l'hôpital psychiatrique il va tout droit au monastère d'où il est tiré par une jeune femme qui croit en son talent. Il se met à écrire du rap, guérit de la dépendance narcotique, devient célèbre et découvre qu'il y a d'autres extases que celle procurée par la drogue : celles de la création et de l'amour. Un roman sur la recherche de soi et la possibilité de la rédemption
Ces 25 nouvelles sont l'oeuvre du jeune Tchekhov qui, au début de sa carrière littéraire, écrit pour gagner sa vie. Le lecteur devinera ici des larmes silencieuses, ces larmes invisibles qui vont tant caractériser toute son oeuvre. Avec aisance il passe du petit notable cupide au pauvre qui joue le noyé pour gagner quelques kopecks ou à l'amant hébergé par sa maîtresse sous les yeux de son mari. Il parle des êtres humains, observés minutieusement dans leur quotidien ;
Il dissèque les apparences, sans porter de jugement, tout en éprouvant une immense compassion pour ses personnages. De nouvelle en nouvelle, le lecteur perçoit le changement de style de Tchekhov.
L'effet purement comique du début disparaît au fil du recueil pour annoncer la tristesse de La Cerisaie.
Chronique de la cour de Staline depuis sa consécration comme « chef suprême » en 1929 jusqu'à sa mort, ce livre est aussi une biographie de Staline à travers son entourage le plus proche. Tirant profit de l'ouverture récente de ses archives personnelles, l'auteur reprend le cours des événements de 1929 à 1953 en se concentrant sur l'univers quotidien du pouvoir absolu et de ses protagonistes, mus par une fidélité parfois déconcertante envers le tyran géorgien. Par ce biais, il nous montre l'envers du décor, principalement la progression de la terreur que Staline met en oeuvre avec l'aide d'êtres obsédés par les rivalités permanentes et les désirs mesquins de jouir des moindres privilèges du pouvoir mais constamment angoissés par la peur de la disgrâce imprévisible qui signifiait toujours la mort. S'appuyant également sur des entretiens avec certains témoins de cette période et sur des documents familiaux inconnus jusque-là, Simon Sebag Montefiore a composé une oeuvre qui se lit comme une fiction de l'horreur, suivant une présentation habile des faits et un rythme qui tient en haleine. L'auteur fait défiler une galerie de portraits vivants de ces « potentats », jouets du prince, et de leurs proches qui forment entre eux une grande famille « mafieuse » : Molotov et Beria, pour les plus connus, mais aussi Ejov et Jdanov, Mekhlis et Mikoïan. À travers des anecdotes parfois incroyables de cette vie au sommet de l'État, on découvre peu à peu les aspects cachés de ces êtres. Au centre, Staline, les intrigues familiales et sa relation complexe avec Nadia, sa femme, qui se suicidera sans l'avertir - scène par laquelle s'ouvre le livre ; ses obsessions pour la musique, le cinéma, la littérature ; sa nature soupçonneuse et double, autant de traits qui lui confèrent une sorte de réalité plus « humaine », sans en excuser ou cacher la nature profondément maléfique. Autour de lui se démènent à tout moment des pervers, des crapules, des fanatiques, des dégénérés, des aventuriers. Tous se retrouvent dans les belles villas de la mer Noire ou dans les somptueuses résidences proches du Kremlin pour festoyer sans scrupules, même aux pires moments de la collectivisation et de la guerre. Chacun joue un rôle souvent mortel, sachant que le dernier mot n'appartient qu'au bon vouloir du tyran qu'il sert.
Http://www.simonsebagmontefiore.com/
Les Petrov raconte quelques jours dans la vie d'une famille ordinaire en Russie. Souffrant d'une grippe intense, Petrov est entraîné par un ami dans une longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité. Peu à peu, les souvenirs d'enfance de Petrov ressurgissent et se confondent avec le présent.
Si au premier regard le couple Petrov ne se distingue guère, la face cachée de leur vie a de quoi étonner. Le mécanicien Petrov dessine des BD et croise régulièrement la route d'un homme étrange. La bibliothécaire Petrova passe son temps à assassiner des hommes ayant fait du tort à d'autres femmes.
Le succès critique et populaire des Petrov est dû à la prose imagée, décalée, drôle et très vivante de Salnikov.
Il a été adapté au cinéma par Kirill Serebrennikov en 2021.
Inspirées par l'expérience personnelle de Boris Pahor, les quatorze nouvelles d'Arrêt sur le Ponte Vecchio font découvrir un siècle d'histoire slovène et européenne, de la persécution de son peuple dans l'Italie fasciste aux rescapés des camps de la mort. Elles racontent une même histoire, celle de gens nés à un certain endroit à une même époque, comme si cette identité et cet ancrage historique et géographique primaient sur les caractéristiques individuelles.
Boris Pahor ne cède jamais au désespoir, et nous livre un regard tour à tour lumineux, désabusé, ironique ou tendre, dans une langue d'une rare élégance.
Et ces nouvelles bouleversantes rendent à la culture et à l'histoire slovènes leur place au coeur de l'Europe.
En grande partie autobiographique, le roman a pour cadre une école militaire au milieu des années 1920, à la frontière entre la Hongrie et l'Autriche. On y suit six jeunes adolescents qui vont faire l'expérience de l'éducation militaire avec ses règles et ses brimades. Ils découvrent un univers sans protection où ils sont soumis à l'injustice de la hiérarchie militaire et des élèves plus âgés. Les réflexions sur l'arbitraire collectif ou les décisions individuelles évoquent Robert Musil et Les Désarrois de l'élève Törless tout en s'inscrivant parfaitement dans la tradition du Bildungsroman, le roman d'apprentissage.
Une école à la frontière est donc l'évocation douce-amère du monde de l'enfance, mais aussi un regard acéré sur l'humain et la relation entre individu et société.
Béla est un enfant livré à lui-même dans la Hongrie des années 1920. Après avoir vainement essayé de s'en débarrasser pendant la grossesse, sa mère le confie à la « Tante Rozika », vieille prostituée et « faiseuse d'anges ». Là, seules ses ressources d'ingéniosité et d'humour lui permettent d'affronter le froid, la faim, les humiliations et l'injustice. A quatorze ans, il rejoint sa mère à Budapest, où il va connaître à la fois la vie humaine des faubourgs et l'atmosphère corrompue des palaces, l'amour idéal, le sexe et toutes sortes d'aventures étranges qui seront autant de tournants dans sa vie. En partie autobiographique, ce livre aux accents dickensiens nous plonge dans un univers où chaque individu brûle de vitalité.
Les Jours de Saveli est un petit traité de survie, écrit de manière très originale de la perspective d'un chat, mélange de tendresse, d'humour, de tristesse et de résignation, véritable métaphore de la vie humaine. Le chat Saveli nait dans une cour d'immeuble délabré et ouvre les yeux dès l'instant où il vient au monde. Doué d'une curiosité insatiable, Saveli met son museau dans chaque recoin, attentif à tout et attiré par des lieux inconnus. Du jour où Vitia le prend chez lui, les aventures s'enchaînent: il devient notamment employé officiel de la galerie Tretiakov et le colocataire d'un perroquet fou
Comme Doubar (éditions des Syrtes, 2021), ce recueil de cinq récits est consacré aux camps staliniens où l'auteur a passé quatorze ans de sa vie (1938-1952). Rescapé de la Kolyma, Demidov en a expérimenté et observé le fonctionnement dans ses infimes détails en tant qu'acteur et victime. Son expérience est divisée en séquences peuplées de personnages dont les situations illustrent toutes les facettes de la vie des camps. Il donne ainsi un tableau extrêmement précis de cet univers concentrationnaire. En tant que témoin fiable et impartial Demidov apporte ce qui n'est documenté par aucune archive historique : les sentiments, les émotions, les stratégies de survie...
Ces récits constituent un témoignage littéraire de valeur inestimable non seulement sur les faits et les pratiques des camps, mais également, sur les particularités de l'imaginaire des bagnards. Malgré la dureté déshumanisante de la routine des camps, ils connaissent des sentiments forts, notamment l'amour. À travers cette mise en scène de l'extraordinaire, Demidov parvient à dire la terrible « banalité » du Goulag
Les Cinq dépeint le monde perdu des Juifs d'Odessa du début du XXe siècle, dans toute sa couleur et sa vitalité, sa vulnérabilité historique et son éternel optimisme. L'histoire de la famille Milgrom se confond avec le destin de sa ville. Les cinq frères et soeurs, pris dans la tourmente, vivront, chacun à sa manière, la confusion et la décadence de ce monde qui disparaîtra bientôt dans les secousses de l'Histoire.
Rarement l'amour d'une ville et le présage de sa fin ne se sont mariés de manière aussi poignante que dans ce merveilleux roman, dont certaines pages comptent parmi les plus belles de la littérature russe.
Iouri Riabinkine a seize ans au début de l'invasion allemande, le 22 juin 1941, lorsqu'il entame son journal. Le siège de Léningrad commence trois mois plus tard, et Iouri note : « Oui, c'est le premier véritable bombardement de Leningrad. C'est la nuit du 8 au 9 septembre. Que cette nuit nous apportera-t-elle ? » C'est le point de départ du plus long et du plus terrible siège de l'histoire : trois millions d'habitants sont soumis au feu ennemi allemand durant neuf cents jours faisant huit cents mille victimes. Durant encore trois mois, l'adolescent évoque la ville assiégée, les bombardements, la faim, les privations et une insidieuse déshumanisation. Malgré sa brièveté, le journal de Iouri Riabinkine est saisissant et illustre le calvaire de la population durant cet interminable siège.
En province, la ville imaginaire d'Okourov est séparée par une rivière. Sur une rive vivent les riches commerçants et les notables, sur l'autre, dans le faubourg, s'entassent les pauvres. Depuis toujours, les habitants s'observent, les pauvres envient les riches et les riches se méfient des pauvres. Le seul endroit où tous se côtoient est la maison close, le "Paradis de Felitsiata".
Mais, en 1905, l'atmosphère se charge petit à petit des idées de "liberté", de "réformes", et les faubouriens sont séduits par les perspectives de changement, ce qui n'est pas sans avoir des conséquences sur le paisible bourg d'Okourov. Un roman social court, instantané de la vie provinciale, qui montre l'antagonisme d'une population aux abois et avide de changements, à la veille d'une rupture fondamentale.
Échelonnées entre 1900 et 1949, les 36 nouvelles rassemblées dans ce recueil couvrent des périodes très différentes de la vie de Bounine. Qu'elles soient écrites dans son pays ou en exil, elles dépeignent dans leur grande majorité la Russie, dont il devient un chantre bouleversant. De nombreuses nouvelles sont imprégnées des souvenirs émerveillés de la terre natale, de ses paysans, de ses hobereaux, de son monde poétique mais fragile.
Poète-prosateur au regard original et profond, Bounine est le créateur d'un langage aux multiples ressources, l'un des plus somptueux que compte la littérature russe du XXe siècle.
Cette édition s'accompagne d'une nouvelle inédite, Une passion.
Le Journal d'Anna Dostoïevski constitue, par sa constante véracité, un document unique sur la vie d'un couple. Torturé, malade, inquiet, puéril dans ses entêtements, haïssable dans ses mesquineries, Dostoïevski est là, extraordinairement vivant et proche. À travers cette bouleversante confidence à soi-même il apparaît plus simple, plus vrai, à la fois pitoyable et fascinan
Innokenti Platonov se réveille amnésique dans une chambre d'hôpital. Son médecin lui demande de mettre par écrit tout ce dont il pourra se souvenir. Il consigne donc dans un journal des fragments chaotiques de souvenirs: visages, images, histoires, odeurs. Peu à peu sa mémoire fait émerger la ville de Saint-Pétersbourg dans les premières années du XXe siècle. Il se remémore l'enfance et ses bonheurs, sa première jeunesse, les études, l'amour, la révolution dont il a subi d'emblée les contrecoups, et, enfin, le camp des Solovki. Et Platonov devine, petit à petit, atterré, qu'il est né en 1900 et s'est réveillé en 1999...
Une histoire bouleversante empreinte de nostalgie sur la mémoire et la culpabilité, sur un amour si puissant qu'il parvient à vaincre le chaos, et même la mort...
La Veilleuse des Solovki décrit la naissance du système concentrationnaire soviétique et du premier camp de travaux forcés, les balbutiements de ce qui allait devenir le symbole de la répression bolchevique; les autorités n'avaient pas encore compris les avantages économiques du travail forcé. Le témoignage de Chiriaev est exemplaire ; les « maladresses » du début ont cédé la place, à partir de 1925, à un système d'extermination par le travail. 15 000 à 20 000 prisonniers vivaient aux Solovki et 10 000 y mourraient chaque année, de scorbut, de faim ou de typhus.
Chiriaev y décrit le travail forcé mais également la vie intellectuelle présente dans le camp à ses débuts. Sa grande force est de donner le premier rôle à l'homme qui, même dans les pires moments, peut rester un être humain.
Publié en 1870, À couteaux tirés est le dernier roman de Nikolaï Leskov. C'est aussi un roman prémonitoire, « le prologue d'un cataclysme inéluctable ».
Son but est la dénonciation du nihilisme, mouvement émergeant en Russie qui veut détruire la société tsariste.
Entre roman policier et drame social, on y suit les péripéties du nihiliste Gordanov et de sa maîtresse, Glafira Bodrostina, qui décident de tuer le mari de cette dernière afin de mettre la main sur ses biens et son argent.
Ce roman foisonnant et baroque frappe par son actualité à travers un éclairage sur la «Russie souterraine», celle qui annonce et prépare les révolutions du siècle suivant.
Il est le pendant des Démons de Dostoïevski, autre grand roman antinihiliste.
Si Entre Hitler et Staline évoquait le difficile choix des Russes blancs et des Soviétiques dans l'espace européen durant la Seconde Guerre mondiale, Au coeur de la guerre froide poursuit l'exploration de l'histoire de l'émigration russe à un moment d'extrême tension mondiale.
Vie politique intense, activités sociales et culturelles variées, associations religieuses, organisations humanitaires, mouvements de jeunesse, publications, radios en langue russe : tout un ensemble d'éléments ont contribué à la survie de cette vie communautaire spécifique.
Largement impliquée dans le processus de renaissance des valeurs traditionnelles de son pays perdu, l'émigration russe a contribué de manière décisive à la chute de l'URSS.
Conçu dans les années 1960 par Irina Golovkina et diffusé sous le manteau, Les Vaincus est publié pour la première fois en 1992 avant de connaître un immense succès. Roman de la tragédie russe après les événements de la dictature bolchévique, il évoque les derniers feux d'une noblesse héroïque et d'une intelligentsia idéaliste.
Le lecteur suit les destins entrelacés d'une illustre famille et d'une foule de personnages dans leur quotidien harassant. Vente de maigres biens pour survivre, car le travail leur est interdit, assignation à résidence, prisons ou camps. Poursuivis par la Guépéou, exilés, persécutés, exécutés, aucun n'échappera au rouleau compresseur soviétique. Ce sont des individus aux abois, traqués par les dénonciations, les interrogatoires et les arrestations arbitraires. Mais Les Vaincus est aussi une sublime histoire d'amour, celle d'une princesse en haillons, et le lecteur, est emporté par l'émotion que suscite ce drame puissant.
La théologie orthodoxe a une spécificité. Soumise depuis le xviie siècle à de influences occidentales venues alternativement du catholicisme et du protestantisme, puis de la philosophie, cette spécificité s'est en partie perdue. L'irruption, en Occident, des sciences humaines dans plusieurs de ses branches, a constitué un nouveau défi, offrant à celles-ci le moyen d'être plus rigoureuses, mais présentant aussi le risque d'une sécularisation.
Ce livre a comme but de redéfinir, sur les bases de la Tradition orthodoxe, la nature et les méthodes spécifiques de la théologie orthodoxe dans son ensemble et dans les différents domaines où elle s'est déployée : théologie dogmatique, études bibliques et exégèse, patrologie, histoire de l'Eglise, théologie morale et bioéthique, hagiographie, iconologie, étude des canons, théologie pastorale... Ecrit dans un langage simple et clair, il ne s'adresse pas seulement aux praticiens de la théologie et à ceux qui enseignent ses matières, mais il intéressera aussi tous les fidèles qui, dans leur vie ecclésiale et spirituelle personnelle, en rencontrent les applications.
Dans un monde globalisé où toutes les frontières sont abolies et où les identités sont brouillées, il constitue un guide précieux pour un retour aux sources de la théologie orthodoxe dans ses formes et ses contenus. Jean-Claude Larchet, né en 1949, est un théologien et patrologue orthodoxe français bien connu dans le monde orthodoxe. Dans plus de trente livres, traduits en vingt langues, et près de cent cinquantes articles, il a abordé les différents domaines de la théologie orthodoxe, conjuguant le respect de la Tradition et le souci de répondre aux interrogations et aux besoins de l'homme contemporain.
On a écrit de lui qu' "il est l'un des rares auteurs contemporains capables de combiner la rigueur scientifique avec un sens vibrant de la vie intérieure de l'Eglise" .
Soloviov est un jeune historien qui rédige une thèse sur la vie de Larionov ; il cherche à comprendre pourquoi ce général de l'Armée blanche, une fois tombé aux mains des Rouges, non seulement n'a pas été exécuté, mais a même reçu une pension des Soviétiques. Parti à Yalta sur les traces de son héros, Soloviov est précipité dans une cascade d'événements tous plus rocambolesques les uns que les autres.
Vodolazkine offre un roman décalé et plein d'humour, qui se moque avec tendresse du sérieux du monde universitaire, et où sont déjà présentes toutes les caractéristiques de ses oeuvres ultérieures: un style parfaitement maîtrisé, une intrigue prenante, des personnages attachants, complexes et entiers à la fois, ainsi qu'une réflexion sur le temps qui déstabilise le lecteur.
La Rose des vents est un roman d'aventures inspiré de faits réels. Tandis qu'aux États-Unis la conquête de l'Ouest bat son plein, l'Empire russe est engagé dans une course pour asseoir sa puissance dans l'Extrême-Orient et sur la côte pacifique. C'est alors que le tsar confie une mission d'importance au navigateur Guennadi Nevelskoï. Le 12 mai 1849, le navire Baïkal entre dans la baie d'Avatcha, mais un changement de destination intervient et le vrai but de l'expédition est révélé. En lisant ce roman aux nombreuses péripéties, à la trame sentimentale discrète et plein de suspens, on a le sentiment de toucher du doigt ce qu'il faut d'efforts, d'ingéniosité, d'intrigues, de hasards... pour parvenir à une décision politique et humaine à l'effet déterminant sur l'histoire du monde.
Théodora Dimova explore les stigmates laissés par l'épuration sanguinaire lors de l'arrivée au pouvoir des communistes, en 1944. Un tribunal populaire juge sommairement l'élite qualifiée de "monarchofasciste".
Ces mois de terreur, de disparitions, d'assassinats, sont évoqués par trois femmes et une petite fille dont les maris et père sont abattus. Elles se retrouvent lors d'un matin froid de février 1945, au bord de la fosse dans laquelle on a jeté les corps de ces hommes qu'elles aimaient.
Les Dévastés est un portrait collectif de l'élite bulgare détruite par la terreur et le portrait d'une société dans laquelle la tragédie était le plus souvent un secret profondément caché. L'écriture de Dimova tient en haleine, bouleverse et chamboule jusqu'à la dernière page.