P.O.L.
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Bobby vit avec Julie dans une petite ville de province. Il travaille sur des chantiers. Il aime marcher dans la forêt qu'il connaît bien où une découverte macabre vient d'avoir lieu : le corps d'une femme assassinée. Bobby aime rendre visite à sa grand-mère et aime ses enfants. Ses enfants ? Mais ce sont les enfants de leurs amis Max et Alexa, prétend Julie quand Bobby les cherche partout dans la maison. Et Bobby ne sait plus très bien surtout depuis qu'il a surpris, croit-il, Julie avec Max, son meilleur ami, dans une scène sans équivoque. Ou n'ont-ils jamais eu d'enfants ? D'ailleurs, Bobby est-il bien en couple avec Julie ? Et a-t-il jamais voulu d'enfants ?
« Je me suis servi de ma vie banale de père de famille pour inventer une histoire la plus excitante et stimulante possible », dit l'auteur. La question de la paternité devient une énigme embarrassante : désir d'enfant, peur de les perdre, de ne pas bien s'y prendre, fantasme de la vie avant ou sans les enfants. Pierric Bailly entraîne ses lecteurs dans un roman infernal où le doute devient le principe même de la narration. Le suspens du récit porte autant sur l'adultère, le désir d'enfants, l'assassinat d'une femme, que sur l'identité même du personnage principal. La lecture se fait au gré d'une succession de bascules dramatiques, ce qu'on appelle au cinéma des twists, pour démultiplier l'espace des possibles. Un questionnement sur le couple, la paternité, le piège du quotidien. -
En vue d'une réception qu'elle donne le soir même, Clarissa Dalloway sort acheter des fleurs. Commence alors une très longue journée de déambulation qui oscille entre le présent et le passé, l'intérieur et l'extérieur, le désespoir et l'amour de la vie, les heures frappées par le carillon de Big Ben. Sous le grand ciel bleu de ce jour de juin, Londres devient une houle qui, tour à tour, submerge, réconforte, transporte Peter, Hugh, Richard, Elizabeth, Sally pour les ramener tous autour de Clarissa, à sa soirée.Paru en 1925, Mrs Dalloway reste l'un des fleurons du roman moderne qui déconstruit les sensations, le temps et l'action, avec la grâce d'un poème en marche.Nouvelle traduction inédite de Nathalie Azoulai.
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Première édition poche de ce célèbre livre de Georges Perec, qui reprenait déjà le texte publié dans une édition illustrée en octobre 1994. Description scrupuleuse de l'île par où transitèrent, de 1892 à 1924, tout près de la statue de la Liberté à New York, près de seize millions d'émigrants en provenance d'Europe, il permet, dans sa nudité, de comprendre l'importance qu'eut pour Georges Perec cette confrontation avec le lieu même de la dispersion, de la clôture, de l'errance et de l'espoir.
« Ce que moi, George Perec, je suis venu questionner ici, c'est l'errance, la dispersion, la diaspora. Ellis Island est pour moi le lieu même de l'exil, c'est-à-dire le lieu de l'absence de lieu, le non-lieu, le nulle part. C'est en ce sens que ces images me concernent, me fascinent, m'impliquent, comme si la recherche de mon identité passait par l'appropriation de ce lieu-dépotoir où des fonctionnaires harassés baptisaient des Américains à la pelle. Ce qui pour moi se trouve ici ce ne sont en rien des repères, des racines ou des traces, mais le contraire : quelque chose d'informe, à la limite du dicible, quelque chose que je peux nommer clôture, ou scission, ou coupure, et qui est pour moi très intimement et très confusément lié au fait même d'être juif. »
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Paris-la-politique et autres histoires
Monique Wittig
- P.O.L.
- #formatpoche
- 21 Septembre 2023
- 9782818058718
Dans Paris-la-politique, l'enfer est ici et la-politique n'est pas une soirée de gala : «Je voudrais m'en aller, me mettre à l'abri, me reposer du mouvement et du bruit, aller chez moi. Mais c'est ici que j'habite en plein carnaval. Et quand je me fais rudoyer ou insulter, je ne peux pas quitter l'endroit comme on fait un théâtre si on n'aime pas les insultes des acteurs.» Tout geste est renversement. Or le renversement n'a pas aboli la division. Le renversement n'a pas fait révolution mais carnaval et dévore ses propres enfants. Wittig habite au carnaval. Paris-la-politique sera donc saturnale, satire. Anne F. Garréta Paris-la-politique et autres histoires est un ensemble daté de 1985 et publié pour la première fois aux éditions P.O.L en mai 1999.
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Énoncé de phrases qui cherchent, en se succédant à la façon des tuiles d'un toit, à couvrir la question de la phrase et, à travers elle, à ouvrir à celle du penser. Chercher une phrase, c'est l'équivalent à la fois libre et exigent de «penser». Comment et avec quoi pense-t-on ? Telle est la question ici posée, question qui soutient, par sa forme même, que la littérature est la réponse : les phrases nouvelles pressenties puis formées.
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Je veux savoir.Savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir.Je veux être simple.Ceux qui savent sont simples.Paul CézanneCette nouvelle édition de Cézanne, un grand vivant, est précédée d'un texte inédit de Charles Juliet, Cézanne, un chercheur d'absolu.
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Un roman inspire un fait divers, qui devient un roman. Ce livre, paru en 2018, retrace l'histoire du premier grand kidnapping français qui agita le pays en 1960 (l'enlèvement d'Éric Peugeot, 4 ans, petit-fils du grand patron de l'automobile française), avant de découvrir qu'il était calqué mot pour mot sur un roman américain de la Série noire !
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Les contes : un genre de traduction de Violaine Schwartz
Jacob Grimm, Wilhelm Grimm, Violaine Schwartz
- P.O.L.
- #formatpoche
- 12 Octobre 2023
- 9782818058862
Il était une fois, non, elle était une fois une nouvelle traduction de vingt-et-un contes de Grimm (d'après le texte de la dernière édition parue du vivant des frères Grimm, en 1857), précédée d'Elle était une fois, un texte contemporain, interrogeant la place de la femme dans cette littérature et dans notre mémoire collective. Savez-vous Sorcières que vous êtes à la proue des manifs féministes ? Savez-vous Jeunes vierges écartelées que Barbe-Bleue tremble de peur à l'orée de son procès ? Savez-vous Grenouilles que vous êtes une espèce en voie de disparition ? Savez-vous Vastes forêts profondes que vous brûlez de la Bretagne à l'Australie ? Savez-vous Dragons que vous êtes devenus figurines en plastique made in China ? Savez-vous Princesses que vous pouvez devenir Princes et inversement ?
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Les pauvres et les riches ont profondément changé : les premiers ont été transformés en une foule semi-clandestine ; les seconds, en roue libre, se sont mis à enfourner et recracher du fric comme un distributeur détraqué. Alors que tout autour est dans le Zola ou dans le Barbara Cartland, le milieu du tableau continue à avancer prudemment en plein ciel après avoir perdu le contact avec la planète. Et si les classes moyennes étaient le seul véritable ennemi de la démocratie ?...
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«C'est un livre sur les voix, des voix enregistrées qui continuent d'émettre au présent, sur l'expérience de la perte et sur certaines ondes qui nous touchent.»
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Il s'agit ici, ni plus ni moins, et comme le titre l'indique, d'un autoportrait.
Ainsi l'auteur ne nous cache-t-il rien de ce qui le constitue, le désigne au regard des autres comme au sien, tant sur le plan physique que psychologique, voire sentimental ou sexuel, politique, philosophique, esthétique... Et il joue complètement le jeu. D'abord, loin d'une prétendue et affichée « sincérité », par une objectivité radicale qui passe aussi bien par la crudité, que la trivialité, ou la banalité. Ensuite par une totale absence de complaisance dans la mesure où chacune de ses propositions ne tolère ni délayage ni sensiblerie et ne s'entoure d'aucune précaution.
C'est que, sans y toucher, discrètement mais inéluctablement, la forme de ce texte en définit la morale. Il s'agit de phrases sèches, factuelles, sans aucun effet visible. Seule leur accumulation finit par provoquer cet effet d'individualité universelle qui, au-delà de l'anecdote, emporte une adhésion fascinée.
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Qu'est-ce qu'un bébé ?
Pourquoi si peu de bébés dans la littérature ?
Que faire des discours qui les entourent ?
Pourquoi dit-on « bébé » et pas « le bébé » ?
Qu'est-ce qu'une mère ? Et pourquoi les femmes plutôt que les hommes ?
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Dans la lumière des saisons : lettres à une amie lointaine
Charles Juliet
- P.O.L.
- #formatpoche
- 10 Février 2022
- 9782818054642
Quatre saisons. Quatre lettres adressées à l'amie lointaine.
Jour de printemps. Il marche dans les vignes, les bois, alors qu'un poème se compose dans sa tête. Ce texte parle de l'avidité de vivre. De l'attente. L'attente de ce qu'aucun mot ne saurait nommer.
Nuit d'un été torride. Naguère, un enfant s'était enfoncé dans la forêt à la recherche de trois hêtres immenses. Il ne les avait pas trouvés, mais il avait vécu quelques minutes inoubliables près d'une source. Autre parcours : celui de l'aventure intérieure, avec ses aléas, ses angoisses, ses découvertes, et instamment espérée, ardemment attendue, cette seconde naissance qui permet enfin de consentir à la vie.
Journée d'automne et de balade sur les collines dans la douce et déclinante lumière de la saison préférée. Elle fait songer à un autre automne. Celui d'une existence. Celui qu'éclaire et enrichit la plénitude de la maturité.
Après-midi d'hiver. La neige. Les oiseaux. Le profond silence. Une totale passivité. Le plus enfoui affleure et la main note.
Des instants d'abandon, de lentes dérives. Une parole nue. Celle qui sécrète le murmure de l'intime.
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«- Tu aimes trop d'hommes à la fois, comment je pourrais trouver ma place dans ton coeur ? - Pourtant tu l'avais trouvée ! - Non, jamais... Tu veux vivre avec des fantômes, moi, je veux vivre avec un homme en chair et en os. "C'est quoi cette connerie ?" je pense en entendant ça. Je le trouve vraiment gonflé, lui de me dire des trucs pareils mais je me force à fermer ma gueule, je sais que si je dis quelque chose, Paul va se braquer et la discussion sera encore plus difficile. Je prend un ton doux, le plus doux dont je sois capable à ce moment-là et je sais pas où je vais chercher ça mais je lui dis : - Mais les fantômes peuvent devenir de chair et d'os. - Aucun homme ne pourra être celui dont tu rêves... Même pas moi. - Même pas toi ? Je lui dis ça et j'essaie de le toucher mais je peux pas, je me dis que ça va le faire partir et je veux qu'il reste auprès de moi, je suis même prêt à tout pour ça mais tout de suite après, je me retrouve dans une chambre en train de caresser le sexe de Pépé, un petit sexe sans poil et tout rose et il éjacule plein de merde qui vient se répandre sur ses couilles et il faut que je nettoie mais je ne sais pas avec quoi.»
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Réédition d'un ouvrage paru en 2013 aux éditions P.O.L, sous le nom d'Emmanuelle Pagano.
Plus qu'un roman sur l'amour c'est une multitude de petits romans sur l'amour qui vont de quelques lignes à quelques pages, ou plutôt une prolifération de moments, d'instants romanesques. Mais cela n'a rien d'un recueil de nouvelles. Il n'y a pas ce souci d'une chute ni celui de raconter une histoire du début à sa fin. Plutôt, il y a la volonté d'aller au coeur d'une situation, d'une émotion, d'une pensée, au plus immédiatement profond, en quelques mots, en quelques notations. Et ça marche, puissamment, car Emmanuelle Pagano a le sens du détail révélateur, du détail qui à lui seul résume tout et fait surgir le sens.
Histoires et moment de rencontres et de ruptures, de sexe et de sentiment, histoires et moment de bonheur ou de tristesse, de désarroi, d'exaltation. Des femmes et des hommes ensemble. -
Inspiré par l'« affaire de Tarnac », Tomates (P.O.L, 2010) parle de ce qui se passe au moment où il est écrit (2009). Nathalie Quintane le présente ainsi : « C'est un texte occupé. Pas seulement par moi, malgré les apparences. Un texte occupé par l'imposition d'un style, comme ils disent, par un ton, par des faits, par des manières de rapporter ces faits. De cette occupation, je n'ai pu me défendre que par une préoccupation - une inquiétude. Et par un amateurisme acharné en tout (de la culture des tomates à la culture tout court, de la politique à l'autobiographie). Il ne faudrait pas en attendre une définition, ou une description, valides (encore moins validées) du fascisme, par exemple, même s'il en est souvent question. Je crois qu'on y repère par moments des bribes d'essai, de critique littéraire, une conversation romanesque autofictive, des pamphlets en trois lignes, un lot de syllogismes, et toutes sortes de ressemblances ponctuelles avec des genres existant ou ayant existé. Cela dit, comme je l'ai écrit d'une traite, il me semble qu'il peut se lire d'une traite ; traversé, accompagné, par l'inquiétude - ou l'impression durable d'avoir les boules que je ne pense pas être la seule à avoir ressentie cette année-là. »
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La première édition de ce livre date de 2004.
L'oeuvre d'Edouard Levé, fulgurante mais dense, est partagée entre photographie et littérature. L'influence de l'art contemporain est particulièrement marquée dans ce Journal qui se présente comme une tentative de neutralisation du monde et du sujet par la réécriture de « rubriques ». Edouard Levé présentait lui-même son livre ainsi : « Dans mon prochain livre, Journal, j'ai repris des articles publiés par des quotidiens et des agences, et j'en ai effacé les référents historiques, géographiques, et patronymiques. J'ai mis l'ensemble au présent de l'indicatif. J'ai récrit certains passages, j'en ai supprimé d'autres, de manière à blanchir une écriture déjà anonyme et collective, celle du journalisme mainstream. Cette réécriture produit un effet de soudain éclaircissement, non pas sur l'événement, mais sur la manière dont on le traite. Lorsqu'on lit le journal, on cherche à être informé :
Qui, quand, où ? En lisant Journal, on est informé sur la manière d'informer. La mise à distance produit un effet d'inquiétante étrangeté. En lisant telle information de la rubrique « International », j'ai un sentiment de déjà-vu, de proximité et de distance simultanées. » Tout y passe et demeure très actuel plus de 15 ans plus tard : terrorisme, guerre civile, guerre, dictature, catastrophe, diplomatie, politique, économie politique, agriculture, manifestation, religion, people, vie sociale, vie locale, transport, accident, médias, justice, suicide, viol, pédophilie, drogue, vol, folie, science, technologie, annonce immobilière, annonce de décès, annonce de naissance, offre d'emploi, météo, sport, littérature, art, musique, théâtre, danse, cinéma, télévision.
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Au milieu des sables du bush, Kéziah règne en maître sur les moins que rien:Nello, le valet de coeur subjugué, et Siri, l'idiote à la beauté radieuse. De l'autre côté du monde, une grande ville occidentale clignote de tous ses feux. Kéziah part donc en guerre contre sa misère native, contre le sort auquel on a pensé pour lui:il invente, pour s'arracher à son coin de terre sinistré, un moyen étrange et cruel. C'est Nello qui raconte. C'est Nello qui se dresse au milieu des choses dites, semblable à elles et sans pouvoir sur elles. Mais l'histoire finit par tracer, cahotante, son propre sillage fumeux. «Si la seule idée d'un Dieu ne me faisait pas rire, je rendrais bien ici quelques oracles, quelque parole inspirée, quelque évangile enluminé qui réconcilierait les autruches effarées, les sauterelles rongeuses, les guitaristes mystiques, les filles à la blondeur boréale, les mères oublieuses de leur première portée, les pères devenus prédicateurs de salon, tous les ergs et les regs du N'mab, et même le souvenir, toujours fou en moi, toujours miraculeux, du garçon qui a trahi son ami pour les lumières de la ville.»
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C'était un des poètes les plus importants de sa génération : « Tarkos en poche, c'est pour que vous le lisiez » (Nathalie Quintane dans sa présentation).
Voici en format poche la première anthologie originale pour (re)découvrir l'oeuvre poé- tique de Christophe Tarkos (1963 - 2004) et rendre accessible à tous, ses poèmes et ses textes les plus connus. « Ma langue, écrivait Tarkos, est poétique par tous ses pores, par tous ses membres, le long de toute sa sublime sensibilité révélée par ses mots magiques, tous ses mots, le moindre de ses mots... » Nathalie Quintane et Valérie Tarkos ont rassemblé les principaux textes et poèmes qui ont fait la notoriété du poète comme Le Petit bidon, Le bonhomme de Merde, Je gonfle ou Manifeste Chou... Mais aussi plusieurs textes extraits des recueils L'argent, Caisses, Pan.
Nathalie Quintane a rédigé pour ce volume une présentation inédite du poète et de son oeuvre.
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'Ne laisse pas ma part obscure me parler. Je me suis dispersé là-bas. Je suis obscur. Mais là, même là, je t'ai aimé à la folie. Je me suis perdu et je me suis souvenu de toi...
Maintenant je reviens vers ta source. En feu. Le souffle coupé. Personne pour m'en empêcher. Je vais la boire. Je vais en vivre. Je ne suis pas ma vie. Je vis mal de moi. J'ai été ma mort.' Livre XII, 10 'Interpellations, confidences, exhortations, aveux, micro narrations, souvenirs, hymnes, fictions, louanges, analyses exploratoires, déplorations, cris, anathèmes, psaumes, discours, chants...
J'ai voulu, par une nouvelle traduction intégrale du texte d'Augustin, rendre justrice à cette véritable odyssée personnelle, à ce voyage intime dans le temps, la mémoire de soi et l'écriture. Augustin révolutionne ainsi la confession antique, détourne la littérature classique, et fait exploser les cadres anciens à l'intérieur desquels nous avons l'habitude de nous réfugier et de penser notre vie.' Frédéric Boyer.
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«C'est par la misère que j'ai approché la vie.
La toile est liée à un drame fondamental.
La peinture, c'est un oeil, un oeil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle.
N'être rien. Simplement rien. C'est une expérience qui fait peur. Il faut tout lâcher.
Pour être vrai, il faut plonger, toucher le fond.
La toile ne vient pas de la tête, mais de la vie. Je ne fais que chercher la vie. Tout ça échappe à la pensée, à la volonté.».
Bram Van Velde.
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« Guillaume Dustan était l'un des écrivains les plus forts de la littérature contemporaine, celle qui prend des risques parce qu'elle n'est pas formatée. » (Thomas Clerc) Dans ma chambre est le premier livre de Guillaume Dustan, paru en 1996. Il est publié pour la pre- mière fois en édition de poche.
La chambre ici, est d'abord celle du narrateur, où tout généralement se résout en étreintes répé- tées, violentes ou non, heureuses ou pas, nulles, tragiques, qu'importe. C'est aussi le milieu homosexuel, la vie dans le ghetto à suivre les nuits et les petits matins d'un jeune parisien à la recherche désespérée de « la baise du siècle ». Sorte d'introspection pornographique, radicale mais pas sans ironie, cette chronique crépusculaire ne tait rien, n'épargne rien ni personne et encore moins son auteur.
Peut-on faire de sa vie la matière de son art ? Peut-on le faire avec cette impudeur ? C'est en fait la question de la liberté de la littérature que pose Dans ma chambre.
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La première édition de ce livre culte, premier livre de Leslie Kaplan en 1982, a d'abord été publié dans la collection Hachette/P.O.L et repris en 1987 par P.O.L. L'excès-l'usine montre de face l'usine, le travail à l'usine et le devenir de ceux qui y vivent, leur enfermement dans cet espace immense, dans «la grande usine univers», infini en morceaux. L'usine est vécue au féminin, ce qui rend son impersonnalité d'autant plus impersonnelle (le «je» cède la place au «on») et le «cela» vécu dans l'usine dépasse, excède tous les mots qui pourraient le décrire, ces mots sont en trop. Cette nouvelle édition est augmentée d'un entretien de Leslie Kaplan avec Marguerite Duras réalisé en janvier 1982 ; ainsi que d'un texte de Maurice Blanchot sur L'excès-l'usine paru dans le journal Libération en 1987. « Je crois qu'on n'a jamais parlé de l'usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l'origine d'un autre temps. On la reconnaît. C'est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n'ont jamais abordé ça.» (Marguerite Duras) « Des mots simples, des phrases courtes, pas de discours, et au contraire la discontinuité d'une langue qui s'interrompt parce qu'elle touche à l'extrémité. C'est peut-être la poésie, c'est peut-être plus que la poésie.» (Maurice Blanchot)
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Le cinéaste Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre 2022. Il avait publié sept livres aux éditions P.O.L, dont six livres de « phrases » qui proviennent de ses six films éponymes : JLG/JLG, autoportrait de décembre (1996), For Ever Mozart (1996), Allemagne neuf zéro (1998), 2 x 50 ans de cinéma français avec Anne- Marie Miéville (1998), Les enfants jouent à la Russie (1998), et Éloge de l'amour (2001).
Ce volume exceptionnel reprend en format poche l'intégralité de ces six livres construits avec ce qui se dit, se pense dans ces films. C'est le « découpage dialogué » de chaque film : succession de phrases, d'aphorismes, sentences, histoires brèves, citations, qui font littéralement lever les images, les bruits, la musique des films, et en font résonner la parole heurtée. Pour Godard, phraser, c'était jouer en mettant en évidence - par des respirations - le développement d'une ligne mélodique. « Ce sont des sons et des phrases, qui correspondent à un type de diction, le mien », expliquait-il.
« Le montage de citations, d'aphorismes godardiens et d'incidentes extraites du déroulement des films font de JLG/JLG et For Ever Mozart, les livres, des oeuvres à part entière, distinctes des films qui leur ont donné naissance. [...] Chacun y trouvera ou retrouvera, au détour d'une colonne, quelques très indispensables détonateurs de la pensée - ne serait-ce que, dans JLG/JLG, l'admirable réflexion sur l'Europe, la culture et l'art. ».
Le Monde, 6 décembre 1996