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alain minc
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Au terme de près de cinquante ouvrages et de cinquante ans de participation à la vie publique, Alain Minc nous offre ici un « arrêt sur images ». Ce ne sont pas à proprement parler des Mémoires mais un bilan d'étape qui se déplie et se déploie, comme un éventail, en quatre volets : figures, moments, legs et ratés.
« Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants » disait Cocteau. Aussi ce livre commence-t-il par les portraits de personnages, aujourd'hui décédés, dont l'auteur a été très proche et qui ont joué un rôle cardinal dans sa vie. C'est un mélange inattendu d'affinités électives où Jorge Semprun côtoie Bernard Tapie, François Furet, Yves Montand... et où souvenirs personnels et descriptions psychologiques se donnent la main.
Ensuite viennent les moments importants pour lesquels il retrace ses réactions analysées à travers le regard d'aujourd'hui : du « monôme » de 1968 au 7 octobre 2023, de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie à la chute du mur de Berlin.
Puis les idées ou concepts qu'il a lancés et sont devenus des lieux communs dans les débats d'aujourd'hui - comme par exemple « l'équité versus l'égalité », « la mondialisation heureuse » ou le « cercle de la raison » - sur lesquels il s'interroge avec le recul du temps.
Et enfin ses « ratés », les sujets qu'il estime avoir ignorés ou maltraités, réfléchissant rétrospectivement aux raisons de ses faux pas.
Sur chacun de ces thèmes affleure un mélange d'humour et de distance, de profondeur et de légèreté. -
Une sorte de diable : Les vies de John Maynard Keynes
Alain Minc
- Tallandier
- Texto
- 29 Août 2024
- 9791021061989
Il fut le conseiller du Trésor britannique pendant la Première Guerre mondiale, l'auteur des Conséquences économiques de la paix et de La Théorie générale, puis un acteur majeur lors de la conférence de Bretton Woods qui fut déterminante pour le système financier international à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Mais surtout, nous montre Alain Minc, l'économiste John Maynard Keynes (1883-1946) est une permanente alchimie des contraires.
Keynes est l'objecteur de conscience qui sert son pays en guerre, le marginal qui s'installe au coeur de l'establishment, le grand bourgeois élitiste qui devient la coqueluche des gauches du monde entier, le dandy homosexuel qui épouse une des danseuses les plus courtisées de l'époque, le spéculateur qui se méfie des marchés, l'intellectuel qui se rêve homme d'État, le conseiller qui s'imagine homme d'action... Il existe autant de Keynes qui, pourtant, n'en forment qu'un seul.
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Dictionnaire amoureux du pouvoir
Alain Minc
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 9 Novembre 2023
- 9782259314084
La vie plurielle d'Alain Minc dans la sphère économique, au coeur du monde des médias, en lisière de l'univers intellectuel et aux confins de la vie politique, lui a fait découvrir toutes les formes de pouvoir qu'il partage avec les lecteurs.
" Le théâtre des pouvoirs offre le plus bel espace pour s'amuser de la vie, des hommes, des circonstances.
Je n'ai jamais exercé de vrai pouvoir et j'ai délibérément évité les voies qui auraient pu m'y conduire. Mais la vie plurielle que je me suis construite, dans la sphère économique, au coeur du monde des médias, en lisière de l'univers intellectuel et aux confins de la vie politique, m'en a fait découvrir toutes les formes. Ce dictionnaire se définit comme amoureux, mais tomber amoureux du pouvoir relève d'une légère pathologie. Traiter avec lui exige de s'imposer une hygiène qui prend, de mon côté, une forme symbolique : je porte depuis trente ans dans ma serviette un fac-similé de la lettre adressée le 2 novembre 1942 par Pierre Brossolette au général de Gaulle. C'est une leçon admirable de liberté de ton face aux puissants. Si elle a pu prévaloir dans les hauteurs auxquelles se situaient ces deux hommes, elle devrait être à notre portée dans les vies normales qui sont les nôtres. Puisse-t-elle apparaître au fil des pages de ce Dictionnaire amoureux. " -
«Nous ne nous sommes, depuis lors, jamais quittés, ce vieux Karl et moi. Plus la vie me faisait pénétrer les arcanes du monde capitaliste, plus Marx m'apparaissait unique, le seul à avoir compris, décrit, encensé, percé à jour un système dans lequel l'économie de marché et les mouvements profonds de la société sont indissolublement liés.»Le drame du libéralisme est qu'il rime souvent avec conservatisme et réaction, alors qu'il devrait en être l'antithèse:encore faudrait-il que ses épigones aient lu Marx ... Marx, élu meilleur antidote à la pensée anticapitaliste? Ce n'est pas le moindre des paradoxes mis en lumière dans cet essai décapant.Alain Minc nous fait redécouvrir une oeuvre qui incarne une tentative unique de penser le monde, en embrassant la philosophie, l'histoire, l'économie et la sociologie. Relisant le Manifeste communiste, Le Capital ou Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, lui qui se présente, non sans espièglerie, comme le dernier marxiste français livre ses propres hypothèses sur l'économie et la politique contemporaines.Il donne à voir un Marx qui se révèle éminemment pertinent dans sa description de la dynamique capitaliste, conçue comme une force de progrès. Un homme à l'ambition prométhéenne, dont la construction théorique et la vie ne font qu'un. L'auteur qui, de tous, nous aide le mieux à comprendre le monde d'aujourd'hui, et à agir pour une société plus juste.
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L'avenir du monde et le nôtre dépend des réponses que l'on peut apporter à une petite dizaine de questions.
Le creusement irréversible des inégalités nous menace-t-il d'une révolution ? La prochaine crise économique risque-t-elle d'être « terminale » ? Les États sont-ils devenus les otages des GAFA ? Peut-on vraiment combattre le réchauffement climatique ? La démocratie libérale sera-t-elle submergée par la vague populiste ? Quel dénouement envisager à la nouvelle guerre de trente ans qui s'est déclenchée au Levant ? L'absence de leader condamne-t-elle le monde à une instabilité chronique ? L'Europe saura-t-elle désamorcer la bombe démographique africaine ? Peut-on ressusciter l'Europe ?
Si « mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde » (Camus), Alain Minc s'efforce ici de bien nommer les interrogations cruciales du monde qui vient, et d'y apporter les réponses qu'il estime les plus probables. -
« La vie m'a donné, depuis quarante ans, l'opportunité de me trouver au carrefour de plusieurs mondes : économique, politique, médiatique, intellectuel. Ils constituent, à eux quatre, l'essentiel de ce que les populistes baptisent « le système » afin de mieux le vomir et de ce qu'ils nomment avec hostilité « les élites » afin de les vouer à la vindicte publique. Aussi la tentation m'est-elle venue de décrire « le système » de l'intérieur, tel qu'il m'est apparu et que je l'ai vu se métamorphoser.
C'est sans doute, de ces quatre mondes, le politique qui a le plus persévéré dans son être et l'univers médiatique qui a été le plus bouleversé. La vie capitalistique et la sphère intellectuelle se sont contentées de muter sans que leurs fondamentaux aient volé en éclats. »A.M.Analyses, portraits, récits, souvenirs, confidences: ce livre bref est certainement la meilleure introduction au fonctionnement réel de quatre piliers du pouvoir français et de leur évolution dans les dernières décennies, par un « frontalier » qui les connait tous de l'intérieur et qui n'a pas peu contribué à les rapprocher. -
« La Cinquième République a accompagné toute ma vie et ses Présidents -nos Rois- aussi : d'abord de loin, puis de plus près, enfin de très près.
De là l'envie d'un regard rétrospectif sur cette cohorte de huit monarques, qui se veut aussi distancié vis-à-vis du mythe de De Gaulle que d'un Emmanuel Macron que j'ai vu naître à la politique. »A.M De Gaulle, la dialectique des contradictions ; Pompidou, le génie de la normalité ; Giscard d'Estaing, un être paradoxal ; Mitterrand, du bon usage de Machiavel ; Chirac, un hussard nihiliste ; Sarkozy, un entrepreneur en politique ; Hollande, un journaliste guerrier ; Macron, un ovni « habité » : ces huit portraits à la pointe sèche restituent à la fois la quintessence des hommes et des époques, avec des saillies surprenantes, des jugements inattendus, des confidences savoureuses.
Une histoire de France en accéléré, qui montre bien, au fil de la Vème République, la dépossession progressive du pouvoir et la difficulté croissante à l'exercer, au sommet de l'Etat. -
L'optimisme historique s'efface : un règne de plus de trois siècles s'achève, qui avait postulé à la fois le progrès et l'ordre. Progrès, croyait-on, de notre civilisation, puisque, malgré ses faux pas, l'Histoire se devait d'aller dans la bonne direction : le millénarisme communiste n'aura fait que pousser jusqu'à l'absurde cette conviction. Ordre, parallèlement, du monde qui finissait par trouver un équilibre, impérialisme, colonialisme ou concert des nations aidant... Un cycle ne se bouclerait-il pas qui, par une apparente régression, nous ramènerait vers un nouveau Moyen Âge ?Tout ne procède certes pas de la chute du communisme, mais tout s'y ramène. À l'aune des grands effondrements, l'onde de choc est sans égale depuis peut-être la disparition de l'empire romain. L'après-communisme ne se résume ni au triomphe incontesté de l'économie de marché, ni à la vengeance des nations, ni à un hypothétique imperium américain. C'est cette incapacité de découvrir le principe fondateur du monde postcommuniste qui, à sa manière, nous ramène à un nouveau Moyen Âge.À nous de penser l'incertain avec le même soin qu'autrefois le probable, d'inventer de nouveaux concepts, de réestimer le rôle de l'État, d'essayer de réagencer les jeux complexes de poulies et de contrepoids qui structurent les rapports internationaux. Hier, nous avions le droit d'être fatalistes par optimisme ; nous devons désormais être audacieux par pessimisme.
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Dans sa Technique du coup d'État, Malaparte ne fait pas au 2 décembre et à Louis Napoléon l'honneur d'un chapitre. Il lui préfère le 18 brumaire, celui de son oncle. Sous l'angle de l'exécution, c'est une erreur : le 18 brumaire est une opération minable, à la limite de l'échec ; le 2 décembre une réussite parfaite. Ce n'est pas un hasard si son empreinte a marqué depuis d'autres soubresauts de l'histoire française. Le 18 brumaire est un mythe sans postérité ; le 2 décembre possède, lui, à défaut de mythe, une vraie postérité. Napoléon III, que la politique intérieure ennuyait, a été un honnête gérant de la France, et, alors que la stratégie le passionnait, un joueur international calamiteux : illustration supplémentaire de cette règle d'expérience qui voit les hommes d'État agir à rebours de leurs aptitudes supposées ou de leurs passions affichées. Est-ce cet exemple de contre-pied que François Mitterrand souhaitait analyser à travers le Coup d'État du 2 décembre 1851 qu'il s'était engagé à écrire pour Gallimard ? Avait-il été attiré par le sens du pouvoir et le professionnalisme du prince-président ? Pourquoi avait-il eu envie de se retrouver tête à tête avec un personnage fuyant et audacieux, marginal et obsédé par le pouvoir, efficace et désastreux - presque aussi sophistiqué que lui ? À ces questions désormais sans réponse, Alain Minc apporte la sienne à travers un Louis Napoléon revisité qui se veut, aussi, un Mitterrand revisité.
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Quels sont les grands défis de l'an 2000 ? Quelles grandes actions économiques et sociales s'imposeront à la France dans les années à venir ? Assurer une croissance sans inflation capable de favoriser l'emploi. Rendre plus efficace l'État-providence. Adapter notre système productif à la mondialisation des échanges. Sur ces problèmes-clés pour la société française, Édouard Balladur a demandé à Alain Minc d'animer la réflexion d'un large éventail de personnalités. Son rapport s'affirme déjà comme un classique.
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Ce ne sont pas dix prophéties mais dix métaphores.
Derrière chaque journée se glisse un événement plausible : qu'il survienne ou non, il illustre un enjeu crucial de l'avenir.
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"L'Europe n'est plus fière d'elle-même. Elle ignore qu'elle est le modèle : un petit coin de paradis. A l'aune des valeurs de liberté, de justice, de démocratie, d'équilibre, elle est exemplaire. Un peu de fierté, que diable ! L'humilité interdit toute stratégie ; la conscience de soi l'autorise."A. M.
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Pourquoi se risquer, aujourd'hui, dans un éloge vibrant de Mirabeau ? Et pourquoi célébrer, à l'heure des déferlantes populistes, un tribun réputé pour son tempérament, sa petite vérole et son jeu plus ou moins trouble entre une monarchie agonisante et une Assemblée Constituante découvrant les vertus du parlementarisme ? Sans doute parce que Mirabeau fut, en son temps, le seul homme politique qui aurait pu « arrêter la révolution » (l'expression est de François Furet) ; qui aurait pu, par son talent de démiurge et sa position d'aristocrate rallié aux principes nouveaux , prévenir la Terreur et réconcilier l'Ancien Régime avec la Révolution. Sa mort prématurée (en avril 1791) coïncida avec le basculement de la France dans une tourmente - qui fut, en même temps, la matrice du pire et le creuset de notre modernité politique.
C'est cet homme-là qu'Alain Minc fait ici revivre : de sa folle jeunesse à sa passion interdite pour Marie-Antoinette, des vaines réformes de Necker à celles de Calonne, de ses dettes ruineuses à l'invention de la Monarchie Constitutionnelle, de sa prétendue « corruption » à son amour de la vie, de ses séjours en prison à son rôle majestueux lors de la réunion des Etats Généraux.
Au fil de cette évocation, se dessine, en filigrane, un idéal politique : que se serait-il passé si cet homme avait pu poursuivre son oeuvre ? La France serait-elle devenue une sorte d'Angleterre ? Et les Français auraient-ils alors pris goût à ce « réformisme » auquel ils semblent, hélas, allergiques ? -
" Le conformisme a changé de camp. Ce n'est plus le vieux conformisme bourgeois qui règne, mais un nouveau " politiquement correct " à la française. Il est l'apanage des maîtres du moment : féministes, gays, communautaristes, croisés de l'anti-mondialisation, dévots de la pureté, apôtres du populisme, parmi d'autres. Leur discours est omni présent ; leurs aspirations triomphent ; leurs fantasmes fabriquent désormais l'imaginaire collectif. La société a abdiqué devant eux, comme elle le faisait autrefois devant les seules classes dirigeantes. Etonnant renversement de perspective : est devenue dominante l'idéologie de ceux qui ont l'intelligence de se présenter encore comme les dominés.
" Ni Dieu ni maître " : pourquoi le plus beau des principes ne s'appliquerait-il pas à nos nouveaux maîtres ? Pourquoi échapperaient-ils à toute interpellation. Pourquoi, exhibant, tels des quartiers de noblesse, leurs souffrances passées, ou leur marginalité d'hier, seraient-ils à l'abri de la critique qu'ils ont, à juste titre, développée à notre endroit ? "
Dix épîtres à nos nouveaux maîtres pour lever cette chape de plomb :
ØPremier épître : à nous-mêmes, les mal pensants
ØDeuxième épître : aux féministes
ØTroisième épître : aux gays
ØQuatrième épître : aux communautaristes de tous acabits
ØCinquième épître : aux zélotes des " ONG "
ØSixième épître : aux croisés de l'anti-mondialisation
ØSeptième épître : aux obsédés de l'anti-américanisme
ØHuitième épître : aux dévots de la pureté
ØNeuvième épître : aux apôtres du néo-populisme
ØDixième épître : à nous-mêmes, hypothétiques bien-pensants -
"L'identité française s'est longtemps enracinée dans une tradition dont Renan, De Gaulle, Bernanos, Michelet et tant d'autres demeuraient les repères immuables. Elle allait de soi, sans culte des origines communautaires ou régionalistes ni doute existentiel. Cette identité est aujourd'hui en crise. Chacun bricole son identité, qui se démembre en chromosomes existentiels comme notre ADN en chromosomes biologiques.
Comment je suis Français devient une manière de décliner ce que je crois.
Parce que je ne crois ni à l' « identité malheureuse » ni au « suicide français », il me semble que la manière la plus honnête de participer au débat fiévreux sur l'identité de la France est de présenter ici ma « carte d'identités » : millefeuille dont les couches correspondent à mon itinéraire personnel, intellectuel, idéologique.
Ce livre mêle donc l'autoportrait, les souvenirs, les analyses et les idées d'un « Français de tant de souches », pour mieux exprimer ce que je ressens des problèmes existentiels que traverse notre pays."
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«Ce livre est un choix hédoniste. Ces hommes d'État m'ont toujours, les uns intéressé, les autres fasciné. À force de les fréquenter, ils finissent, dans l'esprit et dans la mémoire, par se répondre. Pourquoi, dès lors, suivant un procédé qui a eu de bien illustres précédents, ne pas les mettre face à face? Frédéric II et Richelieu sont aussi différents que leur action a été proche:ce pervers et ce monstre sont à la fois dissemblables et voisins. Bismarck et Clemenceau, le conservateur révolutionnaire et le révolutionnaire conservateur, ressemblent aux deux pôles d'une même histoire, celle si longtemps incompatible de l'Allemagne et de la France. Disraeli et Churchill, le Byron conquérant et le Falstaff résistant, témoignent de cette particularité si britannique de n'engendrer de grands chefs qu'excentriques. Harry Truman et Helmut Kohl, ces médiocres de génie, illustrent un style d'hommes d'État auquel la France trop aristocratique et trop élitiste, est peu habituée:ils incarnent cette réalité étrange, la banalité du bien.Appariés à partir d'une mitoyenneté, d'un contraste ou d'un ressort identique, ces quatre couples ont davantage fait l'histoire qu'elle ne les a fabriqués:sans eux, elle aurait, pour le mal ou pour le bien, pris une route différente. À leur manière et parmi tant d'autres, ils témoignent que rien n'est jamais écrit et que ni le destin, ni la fatalité, ni pour beaucoup la Providence ne sont nos seuls maîtres.»
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«Je ne suis ni mis en examen, ni juge d'instruction, ni magistrat du siège, ni procureur, ni avocat, ni professeur de droit, ni conseiller d'État, ni membre du Conseil constitutionnel, ni plaideur, ni juriste, ni légiste, ni arbitre, ni constitutionnaliste. Autant de raisons de garder un silence prudent et sage face au moloch judiciaire. Bien davantage que toute autre institution publique ou privée, la justice exige des lettres de créance en bonne et due forme de tous ceux qui ont l'outrecuidance de s'intéresser à elle. N'en ayant aucune, sauf le droit légitime du citoyen éclairé de s'interroger sur la révolution clandestine qui, sans crier gare, a bouleversé en France la hiérarchie des pouvoirs, et muni pour tout viatique d'une naïveté à la Candide, je m'autorise un aveu : s'il est un domaine où le discours "politiquement correct" va au-delà du supportable, c'est bien la justice.» Alain Minc.
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Une histoire de France
Alain Minc
- LE LIVRE DE POCHE
- Ldp Litterature & Documents
- 1 Septembre 2010
- 9782253128052
Au rythme de chapitres brefs et enlevés qui sont autant d'étapes, de Vercingétorix jusqu'à aujourd'hui, Alain Minc nous raconte une histoire de France qui surprend et qui séduit. Promeneur de l'histoire, il nous fait découvrir des chemins encore inexplorés, de Sully à Pinay, de Turgot à Mendès France. Il s'autorise tout ce qui est interdit aux historiens de métier : rompre les enchaînements de faits ; illustrer le passé par le présent en de saisissants rapprochements (Louis XI était-il mitterrandien ?) ; créer sa propre hiérarchie des points de bascule de notre roman national au mépris des vérités établies... Au terme de ce braconnage sur les terres historiennes, cette vaste fresque objective, colorée par un regard subjectif, recompose une histoire personnelle de la France, passionnante de bout en bout.Un livre stimulant à conseiller à tous ceux qui pensent que le présent peut éclairer le passé... Jean-Christophe Buisson, Le Figaro.
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« L'intellectuel moderne naît, à mes yeux, au XVIIIe siècle, lorsqu'il échappe à la mainmise royale et à l'omniprésence religieuse. C'est la société qui constitue désormais son bain amniotique et non plus la monarchie et l'Eglise. Il prend place pour un face-à-face avec le pouvoir : cet affrontement définit son identité autant que le travail de création. L'intellectuel pense le monde : les mots sont des actes, les idées des armes, les théories des canons. C'est une spécialité très française. C'est donc à la rencontre de ce personnage que je suis parti. En quête aussi d'une réponse à une question lancinante : pourquoi les intellectuels français se sont-ils mis, au fil des décennies, à penser de plus en plus faux ? Pourquoi parviennent-ils à mener souvent des combats empreints d'humanisme et simultanément à divaguer idéologiquement ? Pourquoi la nuance, la mesure, l'équilibre sont-ils devenus aux yeux de la plupart, y compris aujourd'hui, des mots obscènes ? De même qu'historien du dimanche j'ai osé une Histoire de France, intellectuel de pacotille, je prends le risque de plonger au coeur de la corporation la plus durablement puissante de notre pays. De multiples pas de côté, des impasses voulues, des choix assumés, des raccourcis osés, des coq-à-l'âne délibérés, d'innombrables jugements à l'emporte-pièce ; tous les ingrédients sont là d'un procès en sorcellerie. Mais un peu de mauvaise foi souriante n'est pas interdit vis-à-vis des intellectuels qui cultivent souvent la mauvaise foi grinçante. »A. M.
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« Nous assistons à la mort des élites ou plus prosaïquement à la disparition de la classe dominante telle que Marx l'avait mise en scène : la communauté se dissout, qui réunissait les détenteurs de tous les pouvoirs, politique, économique, médiatique, intellectuel. Ce n'est pas simplement l'effet du populisme dont le marqueur idéologique demeure la haine à l'égard de ceux d'« en-haut ». C'est évidemment le résultat des lâchetés et des faux pas des élites elles-mêmes. Mais c'est surtout le résultat d'une société « hyperdémocratique », dirigée par l'opinion et les médias. De là l'apparition, à la place des anciennes élites, d'une élite de notoriété qui recherche l'influence à défaut du pouvoir, le salut individuel plutôt que des intérêts de classe. Son poids réel est illusoire : ce sont, désormais, par un étrange retour de balancier, les hommes qui font l'histoire et non plus les forces sociales. Le crépuscule des petits dieux est donc irréversible. »
Alain Minc -
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Depuis que l'histoire s'est remise en mouvement, après la chute du communisme, les Occidentaux oscillent entre le culte des dates et le goût des prophéties. Côté dates, 1989 aurait clos le vingtième siècle et le 11 septembre 2001 aurait ouvert le vingt-et-unième. Côté prophéties, nous avons connu l'irénisme dans les années quatre-vingt-dix, la paix et la prospérité étant supposées régner pour « les siècles des siècles », puis après les Twin Towers, le conflit des civilisations et une troisième guerre mondiale d'un nouveau type.
Tel est le mélange de faits et de simplismes qui nourrit notre quotidien. Il occulte les forces souterraines à l'oeuvre qui établissent le décor du théâtre mondial. Ces forces mêlent fatalité, paradoxe et hasard. Elles portent en elles le poids des phénomènes qui relèvent de « l'histoire longue » braudelienne : traditions, identités, cultures. Quelques-unes se lisent à livre ouvert ; d'autres sont encore inscrites à l'encre sympathique.
Exemple des premières : la transformation des Etats-Unis, d'un nouveau monde qui nous ressemblait tant, à un autre monde qui nous est de plus en plus étranger. Exemple des secondes : le développement, à terme, d'un modèle capitaliste chinois qui pourrait donner raison aux prophéties les plus noires sur le destin de l'économie libérale. Mais où classer la plasticité de l'Occident, dont celui-ci est inconscient, et qui avalera le terrorisme, comme il l'a fait pour tant d'autres chocs ? Et la plus grande faiblesse de notre système économique, qui ne tient pas au risque d'accident sur les marchés mais à l'absence de social-démocratie dans les nouveaux pays émergents ? De même, doit-on regarder l'Europe comme un « OVNI » dans le monde contemporain ou, au contraire, comme l'illustration même de la modernité, sa complexité témoignant de son adaptabilité ?
La France est malheureusement à mille lieues de ces débats-là. Plus « village gaulois » que jamais, en pleine régression dans sa compréhension du monde, elle choisit des mauvais enjeux et ignore les vrais. -
« Le sentiment s'est ancré de plus en plus fort en moi que les pays, comme les individus, ont un ADN et que si pour eux un partage s'est établi entre l'inné et l'acquis, leur nature profonde a largement conditionné leur comportement sur la scène internationale.
Je ne crois pas à un déterminisme génétique des Etats et des peuples, mais rien n'est explicable dans leurs actions, leurs attitudes, leurs ripostes si l'on ne comprend pas en profondeur les ressorts de leur identité, telle qu'elle a pesé sur leurs relations avec le reste du monde. D'où la quête inachevée, superficielle, contestable, voire provocante de l'âme des acteurs qui occupent, depuis un demi millénaire, le théâtre européen... »A.M. -
L'homme aux deux visages ; Jean Moulin, René Bousquet : itinéraires croisés
Alain Minc
- Grasset
- Document Grasset
- 2 Mai 2013
- 9782246807506
« Les itinéraires croisés de Jean Moulin et de René Bousquet sont fascinants : même milieu petit-bourgeois, radical, franc-maçon, républicain. Même ambition de provinciaux qui rêvent de gloire. Même carrière préféctorale jusqu'en 1940, avec un Bousquet plus courageux et plus brillant. Or, l'un devient progressivement un "héros" et l'autre un "salaud"...
Etait-ce écrit ? Non. La vie est pleine de carrefours et de chemins de traverse. Qui se souvient que Moulin a été durant six longs mois un préfet diligent du régime de Vichy avant d'être mis à la retraite d'office ? Ne l'eut-il pas été, que serait-il devenu ? Bousquet est pris dans l'engrenage de l'ambition bureaucratique, mais tout en planifiant la rafle du Vel d'Hiv, il aide des résistants. Quel aurait été son destin si, au moment où il est relevé de son poste de Secrétaire général à la police en 1943, il avait rejoint la Résistance, puisque la victoire alliée se dessinait ? Et si l'on avait permuté les fonctions, l'un officiant auprès de Cot et l'autre de Laval, les influences respectives auraient-elles déterminé des comportements symétriques ?
Ce livre suit pas à pas les deux hommes et tente de comprendre les évolutions psychologiques, les concours de circonstance, les hasards, les moments de vérité. Une vie n'est jamais complètement écrite. Il n'y a pas un ADN du bien et du mal : c'est une lente évolution qui fait pencher d'un côté ou de l'autre... »