Les Cinq dépeint le monde perdu des Juifs d'Odessa du début du XXe siècle, dans toute sa couleur et sa vitalité, sa vulnérabilité historique et son éternel optimisme. L'histoire de la famille Milgrom se confond avec le destin de sa ville. Les cinq frères et soeurs, pris dans la tourmente, vivront, chacun à sa manière, la confusion et la décadence de ce monde qui disparaîtra bientôt dans les secousses de l'Histoire.
Rarement l'amour d'une ville et le présage de sa fin ne se sont mariés de manière aussi poignante que dans ce merveilleux roman, dont certaines pages comptent parmi les plus belles de la littérature russe.
À la fin de la Première Guerre mondiale, Vladimir Jabotinsky avait envisagé une trilogie sur les héros bibliques : Jacob, Samson et David. Seul Samson a vu le jour, quelques sept ans plus tard. L'auteur revisite ainsi le récit biblique de la vie de Samson inspirée par le Livre des Juges de l'Ancien Testament. Choisi par Dieu, Samson, dans l'imagination de l'auteur, est un homme à deux visages : un colosse viril et un docile sage. Trahi par sa femme, ses amis, son peuple, Samson est capturé et devient un esclave. Mais même aveugle, sa force ne le quitte pas : il se venge de ses ennemis et périt avec eux. Écrit dans les meilleures traditions du roman symbolique, ses inspirations poétiques et ses personnages hors pair font de Samson une oeuvre humaniste avant tout. La passion retenue de la langue le place à côté des classiques du siècle inspirés par la Bible : Joseph et ses frères de Tomas Mann, Christ et Antéchrist de Dmitri Merejkovski, Judas Iscariote de Léonid Andreïev, et, plus tard, Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.
En 1923, Jabotinsky publiait un article au titre devenu célèbre : le Mur de Fer. Il y exposait sa conception du conflit israélo-arabe, élaborée au lendemain des émeutes de 1921 à Jérusalem, auxquelles il avait pris part en tant que témoin actif, ayant organisé l'autodéfense juive au sein de la Haganah. Cent ans plus tard, ses idées sur le sujet demeurent d'une étonnante actualité. Les articles réunis ici exposent une vision du conflit qui reste en effet très pertinente, tant à propos des racines du conflit israélo-arabe que des solutions que préconise Jabotinsky.
Celui-ci a en effet été un des premiers à reconnaître que le conflit entre Israël et les Arabes était de nature nationale et que la nation arabe n'allait pas renoncer à ses droits sur la terre d'Israël en échange des avantages économiques apportés par l'implantation sioniste. Mais ce constat lucide ne l'a pas conduit à préconiser un partage de la terre ou un Etat binational, contrairement aux pacifistes de son temps. L'originalité de l'analyse de Jabotinsky réside ainsi tant dans le respect qu'il porte à la nation arabe, que dans son refus de transiger sur les droits du peuple Juif.
Cet enfant terrible du sionisme russe, lecteur précoce de Shakespeare et de Pouchkine, polyglotte, traducteur en russe de Baudelaire et de Poe, profondément imprégné des cultures russe et italienne, fut un véritable écrivain, un journaliste talentueux et aussi un orateur exceptionnel. Son autobiographie nous entraîne aux quatre coins du monde - Italie, Afrique du Nord, Etats-Unis, Palestine mandataire (Eretz-Israël), Turquie, Pays baltes. Son regard lucide et sa plume acérée nous font redécouvrir des événements mal connus ou oubliés, comme le pogrome de Kichinev, les Congrès sionistes ou la première Guerre mondiale vécue en tant que correspondant militaire.
Un des épisodes les plus marquants de sa vie est la création de la Légion juive, premier embryon d'armée juive à l'époque contemporaine, au sein de laquelle Jabotinsky participe à la conquête de la Palestine par le général Allenby. Le sang versé par les soldats juifs - à Gallipoli notamment - et le prestige acquis sur les champs de bataille contribueront grandement à l'octroi de la Déclaration Balfour (1917). A cet égard, Jabotinsky aura joué un rôle essentiel dans l'épopée sioniste : il a compris avant les autres que le retour de la nation juive sur la scène de l'histoire mondiale ne pouvait se faire qu' avec toute la puissance nécessaire , et en prenant au sérieux les conceptions de ses ennemis donc en les combattant - non avec la prétention de les éduquer.