Les systèmes politiques modernes sont à peu près tous fondés sur la souveraineté populaire. Ce souverain intimide, enthousiasme ou effraie. Sauf qu'il n'est peut-être pas celui qu'on croit.
Dans les dix textes rassemblés ici dont quatre livres, publiés au long de quarante années et qui présentent tous un caractère d'étude historique, Pascal Ory questionne certaines figures récurrentes comme le populisme ou l'anarchisme de droite, et certaines conjonctures radicales, comme le fascisme ou la Collaboration.
Chemin faisant, l'historien démontre qu'il existe un « bon usage des catastrophes », en se fondant sur quelques idées simples et de bon goût : l'Histoire est une science expérimentale ; en Histoire il n'y a pas de causes, rien que des effets ; à des questions politiques on ne peut donner que des réponses politiques ; la souveraineté populaire n'est qu'un postulat ; dans la définition stricte de la démocratie, il n'y a pas de place pour la liberté.
« D'où il découle, conclut-il, que le Peuple peut être autoritaire, jusqu'à l'amour de la dictature, identitaire, jusqu'à la xénophobie. Ce qui n'est pas si grave, puisque le Peuple n'est qu'une fiction, au reste assez utile. »
« Qu'est-ce qu'une nation ? » est la question posée au XIXe siècle par Ernest Renan que l'auteur reprend ici en se plaçant dans une perspective résolument planétaire ; une autre manière de faire de l'histoire globale. Car rien n'y fait : de la Révolution d'Octobre à la Pandémie de 2020 la nation, qu'on disait moribonde ou -pire- dépassée, est plus vivante que jamais. On ne compte plus, à la surface de la terre, les mouvements de « libération nationale », de l'Écosse à la Catalogne, de la Palestine au Kurdistan. Sans la nation comme clé d'interprétation, l'histoire du monde depuis trois siècles serait incompréhensible. Sans elle l'irréductibilité de la Norvège ou de la Suisse, du Brésil ou de l'Afrique du sud resterait opaque. Sans elle le destin des puissances d'aujourd'hui, des ÉtatsUnis à la Chine, de l'Inde au Japon, devient illisible. Il n'y a rien de plus mondial que le national. On la disait imaginée, voire imaginaire : elle est construite, assurément, mais ni plus ni moins que l' international, le monde ou l' humanité, toutes ces fictions utiles grâce auxquelles -et à cause desquelles- les individus et les sociétés vivent et meurent. Quant à son imaginaire, il touche à l'essentiel, puisqu'il est celui d'une rencontre entre l'identité et la souveraineté : un peuple y devient le Peuple.
Pascal Ory s'interroge en historien sur les origines et la persistance de l'antisémitisme, dans un essai utile et percutant appelé à faire débat face à la montée de l'islamo-gauchisme.
C'est une tragédie en trois actes, avec un prologue.
Le prologue se situe en des temps très lointains, avant l'ère chrétienne. Le peuple juif, contrairement à une version très répandue (on appelle ça la Bible), n'y fait pas l'objet d'une attention particulière.
Acte 1 : Si le monothéisme juif n'était pas un problème pour les polythéistes, le judaïsme, lui, est un problème pour les chrétiens - donc, dans la foulée, pour les musulmans - : le peuple élu refuse obstinément de reconnaître ici son sauveur, là son prophète. Mauvais exemple.
Acte 2 : Lorsque l'Occident va commencer à s'éloigner de l'hégémonie chrétienne, cela fait déjà mille cinq cents ans qu'il y a une supposée « question juive ». Ça laisse des traces, que le monde moderne ne pourra jamais effacer, surtout quand une certaine science invente la « race », quand un certain athéisme invente l'« antisémitisme ».
Acte 3 : À peine, avec la défaite d'Hitler, cette haine-là a-t-elle été anéantie que la naissance de l'État d'Israël en allume une troisième, « antisioniste », géopolitique, qu'on peut instrumentaliser à loisir, et qui n'a aucune (dé)raison de s'éteindre.
Et voilà pourquoi la judéophobie ne remonte pas à la nuit des temps, mais prend date pour être éternelle.
« Bronzage : action de recouvrir un objet d'une couche imitant l'aspect du bronze. » La définition donnée par le dictionnaire Littré en témoigne : on ne songeait guère, sous le Second Empire, à aller étendre son corps au soleil !Au début du XXe siècle, ombrelles et chapeaux rivalisent avec les préparations blanchissantes pour préserver la peau des méfaits du grand air. Dans les années 1930, les maillots de bain s'échancrent ; on préconise les bains de soleil contre l'acné et la cellulite... Comment est-on passé, en une vingtaine d'années, de la phobie du soleil à son exaltation ? Sous ses apparences futiles, le bronzage est un fait social riche de significations. Pascal Ory se saisit avec brio d'un objet peu étudié par les historiens, et qui fut pourtant l'une des principales révolutions culturelles du XXe siècle.
L'histoire culturelle est à la mode. Certains s'en agacent, certains mettent en doute son existence. On parle ici de flou conceptuel, là d'impérialisme. Comment, en effet, rendre compte d'un champ d'investigation qui s'étend des arts plastiques aux arts martiaux, de la sensibilité aux parfums à la spiritualité de Saint Louis ?
Cet ouvrage apporte quelques réponses simples à ces questions complexes : oui, il est facile de définir l'histoire culturelle - comme une « histoire sociale des représentations ». Oui, il n'est pas difficile d'en reconstituer les origines. On peut en préciser les objets, dans leur cohérence : la cohérence d'un regard sur les sources, sur leur mode de questionnement, qui est, par là, questionnement du monde.
Lorsque l'artiste Hervé Di Rosa rencontre l'historien Pascal Ory, cela donne La Spirale du temps, un livre d'images pour comprendre l'histoire des René en quatre-vingtdouze tableaux colorés et époustouflants.
« L'Histoire telle que les René l'ont vécue depuis que M. Di Rosa s'est intéressé à eux est dominée par trois grands principes, dont on peut penser qu'ils sont trois jouissances [...].
Appelons les Guerre, Sexe et Culture, par ordre décroissant de présence à l'image dans les oeuvres complètes de notre confrère. Les esprits systématiques y découvriront sans peine un écho, une réponse, voire une inversion du triptyque républicain, comme si le Sexe était la face obscure de la Liberté, la Guerre celle de l'Égalité, la Culture celle de la Fraternité. » Pascal Ory
Encore un livre sur la collaboration ? Pas tout à fait. Plutôt une topographie de ces itinéraires qui ont conduit à l'apologie de l'« Europe nouvelle » des Français convergeant de tous les points de l'horizon politique français, du communisme au royalisme.
Le parti pris collaborationniste interpelle chacun et pose, au passage, quelques questions graves : glissements et conversions politiques, responsabilité de l'intellectuel, pacifisme de principes face à un impérialisme conquérant, fascination des régimes « virils », fragilité des valeurs démocratiques françaises. Cet ouvrage essaie de faire en sorte qu'on parle désormais de cette collaboration mythifiante et mythifiée « en connaissance de cause ».
De zola à barrès, de brasillach à malraux, de sartre à raymond aron, d'aragon à régis debray, on retrouve dans ce livre les premiers rôles de l'intelligentsia : écrivains, grands universitaires, journalistes, tous aux prises avec l'événement ;
Mais aussi, au gré des hégémonies idéologiques, des crises et des modes, les réseaux d'influence et les solidarités actives oú ils se sont engagés.
Après tant d'essais, parfois brillants et souvent polémiques, sur le statut, la mission, les errements de l'intellectuel, cette tentative de synthèse historique est devenue une référence. les auteurs nous y proposent une lecture de la société intellectuelle depuis l'affaire dreyfus, de ses pratiques, réseaux, engagements et de ce pouvoir qui en fait une composante majeure de l'" exception française ".
Notre conjoncture historique ramène au devant de la scène une série de questions sur ce que fut l'expérience politique du XXe siècle. L'anniversaire de la révolution d'octobre 1917 fournit l'occasion naturelle de les examiner. Cet essai s'efforce d'y apporter des réponses précises.
Qu'est-ce que le populisme ? Une idéologie de synthèse qui permet à la droite de trouver le chemin des classes populaires en adoptant un style de gauche.
Qu'est-ce que la radicalité ? Une mythologie qui rapproche les extrêmes dans un rejet commun de la réforme et du compromis et facilite, le cas échéant, la circulation de l'un à l'autre.
Dans certaines conditions de température et de pression politiques, la radicalité de gauche ou la radicalité populiste peuvent accéder au pouvoir. Elles en font alors un usage qui satisfera, en proportions variées, le goût de l'absolu qui anime les radicaux et la servitude volontaire qui anime les populistes. Cela donne ce qui mérite le nom de « catastrophe ».
La Belle Equipe, La Grande Illusion : deux films célèbres, témoins de la France du Front populaire. Deux formules emblématiques d'un moment capital de notre histoire, celui où est née la notion moderne de " politique culturelle ". Ce livre parle donc de théâtre ou de musique, mais aussi du nouveau CNRS ou de la télévision naissante, de l'" organisation des loisirs " ou de l'" art des fêtes ". Ses personnages s'appellent Léon Blum ou Jean Zay, mais aussi Le Corbusier ou Albert Camus, Jacques Soustelle ou Jean-Louis Barrault.
Ce sont des prix Nobel de chimie, des conservateurs de musée ou des champions de tennis. Ses objets fétiches sont un bibliobus ou une chanson de Prévert, ses lieux typiques, une auberge de jeunesse ou un musée de plein air. Même si les espoirs se sont soldés par maintes déconvenues, ces quatre années de vigoureuse activité créatrice, d'intense imagination politique ont placé la France dans une position originale qui dure encore.
sur une célèbre colline de paris, l'actuel palais de chaillot cache, derrière les apparences d'une
architecture spectaculaire des années 1930, une morphologie héritée d'un palais du xixe siècle
aujourd'hui invisible.
a l'éclectisme du trocadéro fait écho le "style entre-deux-guerres" de chaillot,
dont le livre et le dvd le palais de chaillot proposent la (re)découverte.
Pascal Ory définit ainsi son projet : « Le corps de l'homme est constitué de quatre-vingt pour cent d'eau, son présent de quatre-vingt dix pour cent de mémoire et sa mémoire d'une très grande proportion de presque-riens, sans lesquels elle serait irrespirable. De longues et futiles recherches ont été nécessaires pour définir ces territoires qui bordaillent le néant, une rigoureuse et arbitraire sélection a permis de ne conserver ici qu'un ensemble aléatoire d'entrées, présentées dans le seul ordre philosophiquement justifié à régir l'univers : l'ordre alphabétique. » Ainsi, dans sa Grande encyclopédie du presque rien, Pascal Ory nous promène aux marges de notre mémoire et de nos ignorances. Les mots, les personnages, les coutumes dont il réveille ici l'histoire et le sens avec une bonne dose d'humour et un soupçon de nostalgie sont de vraies perles de culture.
«On va tenter, dans les pages qui suivent, une histoire générale de la gastronomie française. Contrairement aux apparences, cette entreprise est sans précédent [...] Cette affirmation liminaire peut paraître prétentieuse. Elle est, tout au contraire, une protestation de modestie, une volonté de strictement délimiter un objet [...] Longtemps négligée, la littérature culinaire est aujourd'hui prise au sérieux, dans ce pays d'abord, et de plus en plus dans quelques autres, à commencer par les anglo-saxons...» Ainsi Pascal Ory ouvre-t-il son livre, et, après avoir «débrouillé le maquis» des écrits culinaires, défini ce qu'était la gastronomie - un lieu d'identité culturelle -, le gastronome, non pas celui qui en sait le plus en cuisine, mais celui qui en parle le mieux, il se lance dans une fort vivante, précise, savante, nourrissante histoire de la littérature gastronomique française depuis sa naissance, la toute fin du XVIII? siècle avec Grimod de la Reynière, jusqu'à nos jours. Et ne se prive pas de voir au passage, dans la littérature gastronomique ici rassemblée, la trace identitaire de générations superposées, de classes, dominantes et dominées, et celle, ethnique, de la nation France.
Damoclès naquit.
Une quinzaine d'années plus tard, il comprit enfin qu'il était né sans l'avoir voulu. Ce fut son dépucelage.
Alors il se décida à lever les yeux vers le ciel ; il vit, juste au- dessus de lui, flottant dans les airs, bien verticale, une longue épée effilée, dardée en direction de sa tête. Dès lors, il regarda de plus près les autres êtres humains et vit que chacun d'eux portait son épée, de même.
Plus ou moins longue, fine, épaisse, neuve, rouillée, celle-ci un peu courbe, celle-là franchement tordue. Mais chacun la sienne. Ça ne le réconforta qu'à moitié riais avec cette moitié-là, il put continuer de vivre.
L'histoire culturelle a désormais pignon sur rue. Cette reconnaissance, à une époque où la formule suscitait le scepticisme, est due en partie au talent de Pascal Ory. Grâce à lui, depuis son premier texte sur le sujet paru en
1981, on accepte ce concept neuf. Ce recueil défend et illustre l'histoire culturelle : il réunit une sélection des textes publiés entre 1982 et 2007, et propose certains inédits. Autant d'études de cas, du surréalisme à la astronomie, qui permettent de délimiter concrètement le champ de ladite histoire, approchée dès longtemps comme histoire sociale des représentations, tout en posant les questions de méthodes auxquelles cette histoire tente de répondre. L'ensemble est précédé d'une introduction inédite, où Pascal Ory présente les «thèses» (évidemment au nombre de treize) qui définissent les enjeux fondamentaux de ce débat.
Pascal Ory a construit ce livre autour de deux thèmes entrecroisés :
« L'Extase de Sainte Thérèse », la célèbre sculpture en marbre du Bernin créée en 1652, célébrée autant par Stendhal que par Lacan, qui orne la chapelle de Santa Maria della Vittoria à Rome et qui semble exhiber davantage une jouissance sexuelle qu'une expérience mystique, et qui ne finit pas de faire jaser le monde de l'art autant que celui de l'église catholique. Le deuxième thème choisi par Pascal Ory est l'histoire de ses propres voluptés.
Ce livre en forme d'autoportrait est donc à la fois une plongée dans l'histoire de l'Italie du XVII e siècle, du triomphe du catholicisme sur le protestantisme, de l'invention du baroque et de la mise en scène, et une plongée dans l'enfance de Pascal Ory, surplombée par la figure tutélaire d'un père journaliste et grand reporter.
C'est dans une langue très élégante, gourmande, taquine et libre que Pascal Ory nous conduit dans les coulisses de ses différents regards et de ses différents mondes, passant presque naturellement d'un siècle à l'autre, d'une ville à l'autre, faisant apparaître aussi bien Ava Gardner ou Marlène Dietrich que David Bowie, Saint Ignace de Loyola, Maria Casarès, Alain Bashung ou Michel-Ange...
En janvier 2015 la France fut prise par surprise. Mais elle s'est, aussi, surprise elle-même. Aux deux massacres ont répondu des centaines de « marches républicaines », dont la polémique autour de ceux « qui n'étaient pas Charlie » n'a pas réussi à occulter la profonde signification politique.
L'événement est entré dans l'histoire. Il est entré aussi dans la géographie, sous le regard de l'étranger, lui-même témoin, acteur ou victime du drame.
Drame, au reste, ou tragédie ? Le massacre à Charlie-Hebdo a mis face à face deux radicalismes : une extrême-gauche vieillissante et un extrémisme religieux pour l'instant en plein essor. Le massacre à l'Hyper Cacher a confirmé la violence d'une haine du Juif cultivée dans certains milieux « issus de l'immigration ».
On a déjà beaucoup parlé de Janvier 15. Et ce n'est pas près de finir. Ce qu'on essaye ici, c'est d'analyser ce qui s'est passé, ce qui se passe encore et, dans une certaine mesure, ce qui va se passer, au travers d'une douzaine de clés d'interprétation, qui vont de Sidération à Soumission, en passant par Liberté d'expression, Laïcité ou Religion (Guerre de-).
Publié en 1983, L'Entre-deux-Mai le montrait déjà, à partir du seul exemple français. Rempli de faits et de statistiques, cet ouvrage pionnier de Pascal Ory était le premier essai d'une vraie « histoire culturelle » de la France, entre Mai 1968 et Mai 1981. Le voici réédité aujourd'hui, remis en perspective par son auteur.
Contemporains ou cadets de toute cette histoire, les lecteurs y entendront parler de Marguerite Duras ou de Philippe Sollers, oui, mais aussi de Pif Gadget ou du premier Marathon de Paris. Ils liront avec surprise la liste des nouveaux mots qui entrèrent dans le dictionnaire entre 1968 et 1981. Ils découvriront, même, ce moment étonnant où, en 1977, Paul Bocuse se métamorphosa en Michel Foucault.Sur la durée, ils mesureront l'ampleur de l'échec politique de 68, comme celle de sa réussite anthropologique. Ils y verront surtout, au final, s'inverser les tendances « progressistes » des Trente glorieuses : « La pièce par quoi le scandale arrive en 1968, s'appelle Paradise now, le film qu'on va voir en foule en 1979, Apocalypse now. »
La Crise qui domine notre nouveau siècle a une origine précise, qui se situe au milieu des années 1970. Plus le temps a passé, plus il a fallu reconnaître qu'elle n'était ni économique, ni même politique, mais bien culturelle. Publié en 1983, L'Entre-deux-Mai le montrait déjà, à partir du seul exemple français. Rempli de faits et de statistiques, cet ouvrage pionnier de Pascal Ory était le premier essai d'une vraie « histoire culturelle » de la France, entre Mai 1968 et Mai 1981. Le voici réédité aujourd'hui, remis en perspective par son auteur. Contemporains ou cadets de toute cette histoire, les lecteurs y entendront parler de Marguerite Duras ou de Philippe Sollers, oui, mais aussi de Pif Gadget ou du premier Marathon de Paris. Ils liront avec surprise la liste des nouveaux mots qui entrèrent dans le dictionnaire entre 1968 et 1981. Ils découvriront, même, ce moment étonnant où, en 1977, Paul Bocuse se métamorphosa en Michel Foucault. Sur la durée ils mesureront l'ampleur de l'échec politique de 68, comme celle de sa réussite anthropologique. Ils y verront, surtout, au final, s'inverser les tendances « progressistes » des Trente glorieuses : « La pièce par quoi le scandale arrive en 1968, s'appelle Paradise now, le film qu'on va voir en foule en 1979, Apocalypse now.
1940-1944 : Vichy et Londres, sans doute. Mais aussi Paris : tous ceux qui cherchent du côté de l'Allemagne nazie le monde qu'ils attendaient. Des espoirs, des raisons, des références, des investitures, des récompenses. Vrais fascistes, modérés «anti», socialistes «néo», communistes en rupture de parti, tous sont sûrs d'être dans le sens de l'histoire. Pascal Ory présente ici les mots des collaborateurs. Proclamations et plaidoyers, rêves redoutables et songes creux, voici la parole, mystifiante et mystifiée, de la France allemande.
Paul Nizan, c'est beaucoup de monde à la fois : un brillant normalien, le condisciple de Raymond Aron, l'ami le plus intime de Sartre, qui en fut comme obsédé, un grand romancier politique, un pamphlétaire aux formules saisissantes, un militant sectaire et angoissé, l'amoureux de l'étonnante Rirette, le cousin de Lévi-Strauss, le compagnon de reportage de Cartier-Bresson...
Mais voici le même homme devenu, aux yeux de ses anciens camarades - Aragon, au premier rang -, un traître, voire un indicateur de police. Son crime ? Avoir rompu ouvertement avec l'Église communiste quand les chars soviétiques entrèrent en Pologne en 1939. Redécouvert par la génération de Mai 68, salué par Godard, Nizan était, paraît-il, passé de mode. Ce livre, qui n'est pas une sage étude universitaire, est une occasion de réapprendre le chemin de cette oeuvre séduisante, qui fut aussi une vie tragiquement singulière - ou faut-il dire : exemplaire ?
En inscrivant le repas gastronomique des Français sur la liste du « patrimoine culturel immatériel » de l´humanité, l´Unesco a mis en pleine lumière le lien qui unit les pratiques alimentaires à la délicate question de l´identité collective.
Dans cet
Pascal Ory examine ici les lointains précurseurs de l'anarchisme de droite dans les figures souvent mêlées du dandy, de l'artiste bohème ou du réactionnaire fulminant, au cours d'une analyse centrée sur les thèmes du pessimisme, de la violence, de la virilité ; c'est tout un pan de la civilisation de cette fin de siècle qui est passé au crible. Pascal Ory est conduit à s'interroger sur le caractère éminemment "français", ou non, de l'anarchisme de droite, à évoquer les figures d'intellectuels comme Ernst Jünger ou Julius Evola, d'artistes comme Samuel Fuller... ou Clint Eastwood. Ce livre est donc aussi un manifeste pour une "histoire des idées politiques" reconnaissant à un film policier ou à une bande dessinée la même dignité intellectuelle qu'à un traité théorique en bonne et due forme.
Marx ? tocqueville ? maurras ? oui, sans doute, mais aussi khomeiny ou freud, léon bourgeois ou frantz fanon.
A l'heure oú l'histoire politique revient en force dans le débat intellectuel - que l'on postule une "crise des idéologies" ou, avec plus de vraisemblance, leur constante métamorphose -, un ouvrage susceptible de renouveler la perspective traditionnelle des manuels existants s'imposait. cette histoire des idées politiques est nouvelle non seulement parce qu'elle explore le contexte idéologique le plus récent (l'islam contemporain, la "pensée 68".
), mais aussi parce qu'elle se donne pour ambition de découvrir ou de revisiter certains paysages méconnus de la pensée politique occidentale. rédigée chacune par un spécialiste de la question, les contributions sont précédées d'exposés synthétiques sur de grandes notions en usage ("nation", "prolétariat", "individu". ) et suivies d'annexes chronologiques et bibliographiques.