Dans cette chronique saisissante d'une ville fantôme de Patagonie frappée par une épidémie de suicides de jeunes gens, Leila Guerriero, figure majeure du journalisme narratif en Amérique latine, mène l'enquête avec une empathie profonde pour trouver une explication à ce geste ultime et toujours incompréhensible. Est-ce une secte, l'ennui, l'alcool, la violence, la solitude, la religion, le climat ? Parcourant les rues désertes de ce bout du monde arasé par le vent et le froid, sorte de Far west moderne où viennent échouer les pionniers misérables du pétrole, elle pose en réalité la question de ce qui nous tient en vie. Sa réponse se situe du côté de la solidarité, du lien aux autres, à la communauté.
En janvier 2011, à Laborde, en Argentine, Leila Guerriero livre les secrets du Malambo, danse traditionnelle originaire de la région - dont la renommée a été occultée par celle du tango - qui consiste en un enchaînement de pas et de petits sauts très technique opposant deux gauchos au son des guitares et de caisses claires. La journaliste suit le parcours de Rodolfo González Alcántara, champion du festival en 2012 : une histoire simple, la vie d'un homme comme un autre, qui prend au fil des pages des allures d'épopée dans une chronique journalistique dont le suspense ira crescendo jusqu'à la dernière ligne.
En alternant descriptions et entretiens menés avec toutes sortes d'artistes participant au concours, puis en recentrant son récit sur la vie de Rodolfo, Leila Guerriero dresse le portrait d'une personne hors du commun : à travers les nombreuses conversations rapportées dans l'ouvrage mais aussi grâce à la narration de certains moments de sa vie, elle nous fait entrer dans l'intimité de cet homme et partager avec lui ses émotions les plus profondes.
D'une écriture très fine, à la fois précise et nuancée, Une histoire simple est également le reflet de ce que Leila Guerriero défend comme étant le « journalisme narratif », un genre dépassant la simple information et un style qui s'inspire des techniques développées dans les textes de fiction pour présenter des événements bien réels dans toute leur complexité.
Figure incontournable du journalisme narratif, Leila Guerriero part sur les traces des soldats argentins tombés lors de la guerre des Malouines et laissés à l'abandon sur ces terres perdues, sous une simple croix blanche anonyme. Trente ans après le conflit, elle suit le travail de l'Équipe d'anthropologie médico-légale de Buenos Aires, qui consiste à révéler « l'histoire que racontent les os », à faire parler les morts et apaiser les vivants, dans une quête de vérité intime et nationale essentielle. Par la grâce de son regard unique et d'une écriture aussi simple que terriblement émouvante, Leila Guerriero rend un hommage vibrant d'émotion à ces jeunes vies fauchées dans un conflit absurde.