«King lécha le visage de Patricia et me tendit son mufle que je grattai entre les yeux. Le plus étroit, le plus effilé me sembla, plus que jamais, cligner amicalement. Puis le lion s'étendit sur un fl anc et souleva une de ses pattes de devant afin que la petite fille prît contre lui sa place accoutumée.» L'histoire d'un amour fou entre une petite fille et un lion.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d'Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et se convictions, le docteur Kersten consent à examiner Himmler, le puissant chef de la Gestapo. Affligé d'intolérables douleurs d'estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C'est le début d'une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l'enfer.
Joseph Kessel nous raconte l'incroyable histoire du docteur Kersten et lève le voile sur un épisode méconnu du XXe siècle.
Kessel a situé en Afghanistan une des aventures les plus belles et les plus féroces qu'il nous ait contées. Les personnages atteignent une dimension épique : Ouroz et sa longue marche au bout de l'enfer... Le grand Toursène fidèle à sa légende de tchopendoz toujours victorieux... Mokkhi, le bon sais, au destin inversé par la haine et la découverte de la femme... Zéré qui dans l'humiliation efface les souillures d'une misère qui date de l'origine des temps... Et puis l'inoubliable Guardi Guedj, le conteur centenaire à qui son peuple a donné le plus beau des noms : «Aïeul de tout le monde»... Enfin, Jehol «le Cheval Fou», dont la présence tutélaire et «humaine» plane sur cette chanson de geste... Ils sont de chair les héros des Cavaliers, avec leurs sentiments abrupts et du mythe les anime et nourrit le roman.
LES GRANDS TEXTES DU XXe SIÈCLE Londres, 1943, Joseph Kessel écrit L'Armée des ombres, le roman-symbole de la Résistance que l'auteur présente ainsi : La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie. (...) Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France.
De son périple africain du début des années cinquante, Joseph Kessel rapporte des expériences inoubliables, du lac Victoria au Kilimandjaro : la rencontre d'une tribu de Pygmées au bout d'une piste improbable ; la traversée en bateau à moteur du Nil, fleuve mythique ; l'authentique récit, au cours d'une soirée au coeur de la brousse, de l'amitié entre une lionne et une petite fille... Les captivants reportages d'un géant de la littérature du XX? siècle : un sens du détail sans égal, une troublante magie.
«Ce que j'ai tenté avec Belle de Jour, c'est de montrer le divorce terrible entre le coeur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour amour et l'exigence implacable des sens. Ce conflit, à quelques rares exceptions près, chaque homme, chaque femme qui aime longtemps, le porte en soi. Il est perçu ou non, il déchire ou il sommeille, mais il existe.»Joseph Kessel.
Dès 1933, Kessel est envoyé par Le Matin aux États-Unis pour relater la crise. Dans L'Amérique aux abîmes, l'écrivain-reporter écume les quartiers d'affaires et les bas-fonds miséreux de New York. Kessel retournera par la suite plusieurs fois outre-Atlantique. En 1936, il visite sans illusion la grande usine du cinéma américain (Hollywood, ville mirage) ; en 1948, il couvre l'élection surprise de Truman (Retour en Amérique) ; en 1959, il s'immerge dans le show-biz clinquant de Broadway. En 1960, Du fond de l'abîme, reportage cher à son coeur, dépeint les ravages de l'alcoolisme et l'espoir porté par l'expansion des Alcooliques Anonymes.Pour ses articles, le journaliste ne ménage pas ses efforts : il fréquente les lieux les plus insolites, interroge toutes les strates de la société américaine, aussi bien infortunés alcooliques que vedettes de théâtre et producteurs de cinéma, avocats et financiers, jusqu'au président Roosevelt. Cet ouvrage constitue un récit sans filtre des États-Unis de l'autre siècle, cousu d'allers-retours et de rencontres hautes en couleur.
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, «des réserves». Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.Cette édition ne fait pas acception de «métiers» ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.Le «système Kessel», on croit le connaître : courir le monde, faire provision de «choses vues», livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman «kényan» de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins «du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire» (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il «l'air du temps», qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, «des réserves». Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.Cette édition ne fait pas acception de «métiers» ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.Le «système Kessel», on croit le connaître : courir le monde, faire provision de «choses vues», livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman «kényan» de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins «du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire» (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il «l'air du temps», qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue
« La Syrie ? Que savons-nous d'elle ? Avouons-le sans faux orgueil : quelques réminiscences historiques sur les croisades, quelques pages célèbres, les beaux noms de Damas, de Palmyre, de l'Euphrate, voilà tout notre bagage pour une grande et féconde contrée placée sous Mandat français. Mais qui discerne l'importance de ce Mandat ? Qui - à part de très rares spécialistes - pourrait tracer la physionomie politique de ce pays ? Qui expliquerait pourquoi l'on s'y bat et qui se bat ? Ce berceau des civilisations, ce lieu de passage prédestiné, dont la richesse et la beauté ont retenu, sans les mêler, tant de peuples, cette terre où poussent avec une force ardente les croyances et les hérésies, déroute et confond.» Le premier reportage de Joseph Kessel, publié en 1926. Des pages d'une surprenante actualité.
Lisez la presse, écoutez les bruits du monde : vous entendrez l'écho de ce journaliste-écrivain qui fit deux guerres comme combattant, sillonna tous les continents pour ses reportages et fut surnommé «L'Empereur» par tous ses confrères. Une résonnance évidente quand on réalise à quel point il fut aussi le témoin de bien des fureurs qui se prolongent aujourd'hui.
Il est pourtant, d'abord, salué comme un romancier, auteur de multiples best-sellers dont L'Équipage, belle de jour, Le Lion, L'Armée des ombres... Pourtant, ce sont bien les reportages qui sont à l'origine de tout : la matrice, la source d'inspiration et la matière brute de ses nouvelles et de ses romans. Il suffit de lire les reportages qui les inspirèrent pour non seulement se convaincre de leur intérêt, mais plus encore se laisser entraîner dans des histoires dont l'on ressort souvent les yeux pleins de poussière. Et de se convaincre que l'écriture du Kessel journaliste a cette vertu première : nous informer et, même, nous faire rêver.
Le croisement perceptible entre reportages et nouvelles, entre vie intime et roman, c'est la manière Kessel. Il se sert de ses reportages pour nourrir sa production littéraire, change parfois les titres, injecte ici ou là, laisse mûrir. Mais, quoi qu'il fasse, il n'oublie rien ni personne. Et qui a dit qu'un article ne survivait pas à la date de sa parution ? Ceux de Kessel sont vivants, colorés, vibrants d'une curiosité et d'une générosité salutaires. La lecture de ses articles ne doit donc pas attendre : ils sont la matière même du siècle tourmenté qui fut le sien et qui est encore le nôtre.
Nouvelle édition revue et corrigée
Né dans l'Aisne à Aubenton le 9 décembre 1901 et disparu en 1936 à bord de l'hydravion Croix-du-Sud au large des côtes de Dakar, Mermoz a eu un destin unique : il fut le plus prestigieux et le plus aimé des pilotes à l'époque où l'aviation comptait encore des aventures qui tenaient de l'épopée et inspiraient au monde entier une admiration sans borne. Kessel, son ami et son biographe, dit de lui : «Archange glorieux, neurasthénique profond, mystique résigné, païen éblouissant, amoureux de la vie, incliné vers la mort, enfant et sage, tout cela était vrai chez Mermoz, mais tout cela était faux si l'on isolait chacun de ces éléments. Car ils étaient fondus dans une extraordinaire unité.»
Plus secrète que la mecque, plus difficile d'accès que lhassa, il existe au coeur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante.
Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà mandalay. mogok autour de laquelle rôdent les tigres. la légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. c'était une sorte de soleil empourpré. l'aigle emporta le premier rubis de l'univers vers la cime la plus aiguë de la vallée.
Ainsi naquit mogok...
«Il n'est point de romancier, a écrit Joseph Kessel, qui ne distribue ses nerfs et son sang à ses créatures, qui ne les fasse héritières de ses sentiments, de ses instincts, de ses pensées, de ses vues sur le monde et sur les hommes. C'est là sa véritable autobiographie.»Il en est ainsi du Tour du malheur, ce grand roman que Kessel mit vingt ans à mûrir, dix ans à écrire. Tout son temps s'y retrouve, en une ronde de personnages qui apparaissent, disparaissent, reviennent.Le personnage central en est Richard Dalleau. Engagé volontaire dans la guerre de 1914-1918, grand avocat ensuite, Richard est un de ces jeunes hommes qui aiment la vie, entièrement, furieusement. Dans toutes ses beautés et toutes ses jouissances. Fort et vite. Trop fort. Trop vite.
Coffret de deux volumes vendus ensemble
Montmartre au petit jour. Chaque matin, l'auteur, attablé au Sans-Souci, voit passer une femme dans la rue. Elsa Wiener, il l'apprendra bientôt, a fui l'Allemagne. Son mari Michel y est resté, enfermé dans un camp. Elle chante dans les boîtes de nuit. Elle vit seule avec un enfant juif, Max, que les nazis ont rendu infirme. On suit avec fascination la lente chute d'Elsa, sa déchéance, au nom d'un amour qui n'existe peut-être pas. Avec le portrait de cette passante des aubes transies de Pigalle, Kessel semble dire adieu au Paris des années folles. Ce livre, publié en 1936, parlait pour la première fois sans doute des camps de concentration hitlériens.
C'était en 1931 que kessel entreprit la rédaction de ce qui devait être un de ses plus beaux romans.
L'idée de " fortune carrée " lui vint sur le plateau volcanique de sanaa en voyant " le moscovite " caracoler sur l'étalon de l'imam du yémen.
Cette histoire virile met en scène deux hommes violents et sans attaches : hakimoff et henri de monfreid, dans un cadre époustouflant de beauté : le yémen, la mer rouge, l'éthiopie-somalie.
Un récit fulgurant qui s'inspire de la vie du grand voyageur que fut kessel et de ses rencontres avec de fabuleux personnages monfreid, mais aussi le sergent hussein ou encore gouri, le tueur aux bracelets de peau humaine.
Un roman d'aventures épique et vrai.
«Certaines nuits à Montmartre sont singulièrement fécondes en récits et en actions. Ce sont elles qu'attend obscurément, au prix d'une patience infinie, celui qui aime le mystère brusquement percé, l'aventure subite et brutale, la dure émotion.»Dans les années folles, les faits divers sont à la mode, l'essor de la presse en a fait une matière dont raffole le grand public. En 1928, Gaston Gallimard va lancer avec succès Détective, hebdomadaire illustré à grand tirage, consacré aux crimes et aux faits divers. Il n'en faudra pas plus pour attirer Joseph Kessel. Inlassablement, son tempérament aventureux et sa soif de rencontres le poussent à partir. Cette fois, pourtant, le voyage n'est pas long. Les terrae incognitae sont seulement éloignées de quelques stations de métro des salles de rédaction et des maisons d'édition pour lesquelles il travaille.Journaliste autant qu'écrivain, Joseph Kessel va chercher la fiction dans la réalité de la ville et confère à celle-ci la noblesse des mots, le drapé de la littérature.
« En 1915, j'étais âgé de 17 ans et, pour toute expérience humaine, possédais celle d'un écolier. En 1920 j'avais été journaliste, acteur, soldat, observateur d'aviation et fait le tour du monde avec mon escadrille. ».
Première Guerre Mondiale est un recueil de textes quasi inédits écrits par le tout jeune Joseph Kessel, témoin et acteur de la guerre de 14-18. Y figure le « cahier de novembre 1914 » contenant vingt-deux textes (témoignages, nouvelles, poésie) tous en lien avec la Première guerre mondiale. Le jeune Kessel est notamment marqué par son expérience à l'hôpital de Nice où affluent les soldats blessés dès 1914.
Nous découvrons aussi trois nouvelles poignantes, datées de 1915 et 1916. Et des scènes frappantes : des frères ennemis qui partagent leur nourriture et se tueront le lendemain, quatre vieillards d'Arras qui défient les obus, ou encore la folie collective des Allemands et les dangers de leur mégalomanie.
«- Je m'appelle Frank T. et je suis un alcoolique.
- Je m'appelle Elizabeth F. et je suis une alcoolique.
Selon la condition sociale, le vêtement était luxueux, ou pauvre. Selon le degré d'éducation, variaient les manières et les voix. Mais l'origine, la culture, le costume, la fortune des hommes et des femmes qui parlaient ainsi et des hommes et des femmes à qui s'adressaient leurs propos n'avaient aucune importance. Ils étaient tous unis par un lien commun, plus fort que celui d'un milieu, d'une race, d'une famille, ou même d'un amour. Blancs ou Noirs, opulents ou misérables, illettrés ou savants, ils étaient solidaires, ils étaient frères à jamais, parce qu'ils avaient subi le même mal dévorant et qu'ils avaient laissé aux griffes du monstre leur chair et leur âme.» Ce célèbre reportage contribua à l'installation en France des Alcooliques Anonymes. Il conserve toute son actualité.
Le coup de grâce est le roman d'une amitié virile, d'abord passionnée, puis trahie, enfin restaurée dans sa pureté intransigeante. Hippolyte Bibard, sergent cassé de grade, est envoyé à Damas pour une mission inconnue. Là, il rencontre le commandant Féroud, alias Mehemet Pacha. Éminence grise des États de tout le Moyen-Orient, Féroud règne au centre d'un réseau immense d'où émanent des ordres implacables exécutés par une armée invisible. Entre les deux hommes naît une relation de chef à subordonné exemplaire, renforcée par une amitié profonde. Jusqu'au jour où Hippolyte découvre que Féroud est l'esclave d'une courtisane libanaise, Violette, qui se jette entre les deux hommes et les précipite l'un contre l'autre.
1953. Voici Joseph Kessel dans un Kenya en révolte contre la Couronne d'Angleterre. Puis sur la route des Merveilles, du lac Victoria au Kilimandjaro, entre colons et guerriers Masaï. Partout, il s'émerveille d'une poésie à l'état brut, d'un paysage spirituel de tapisserie de Dame à la Licorne:«Quand je me réveillai une minuscule gazelle couleur de châtaigne, avec deux aiguilles pour cornes et deux dés de velours pour sabots, se promenait autour de mon lit...» Des reportages exceptionnels, à l'origine du Lion.
L'aventure n'est pas morte. Elle a encore ses lieux de prédiclection. Hong-Kong, Macao ont conservé, renouvelé, ce parfum d'aventure. Hong-Kong, colonie britannique, est une des portes de la Chine. elle a été le grand centre de l'opium ; depuis la Chine rouge, elle est devenue une puissante cité capitaliste qui importe et exporte des produits du monde entier. Macao, colonie portuguaise, quelques kilomètres plus au sud, était la capitale du jeu ; c'est en plus le grand marché de l'or en Extrême-Orient. Maintenant que Shanghaï a perdu son autonomie, Hong-Kong et Macao sont les deux postes frontières du monde occidental et de la Chine. Admirable voyageur, Joseph Kessel voit plus de choses en une page que d'autres en un volume. Dans ces deux villes clés, il a rencontré les personnages les plus étranges, entendu les histoires les plus singulières. Par exemple, l'aventure de ce jeune hongrois, qui s'était baptisé O'Brien pour pénétrer clandestinement en Amérique et qui en fut expulsé sur le premier navire en partance. de là, il ne cessa de voyager entre Hong-Kong et Macao, également expulsé des deux colonies, ce qui lui fit accomplir cinq cents quarante voyages consécutifs, sans quitter le bateau qui était son dernier asile ! "Hong-Kong et Macao" est un reportage étonnant dont les acteurs s'appellent l'opium, le jeu, la police secrète, la misère, à côté de richesses insoupçonnables.