«- Je m'appelle Filolog, dit l'homme d'une voix grondante, craquante et croassante. J'ai une proposition à te faire:je me charge de tous tes devoirs pendant une semaine si tu me donnes toutes tes prépositions et tes articles définis.»Ravi de l'aubaine, Paul accepte le marché. Peu importe le curieux langage qu'il adopte et qui fait rire toute la classe... excepté le maître.Un grand classique de la littérature jeunesse qui allie merveilleux et humour, pour réfléchir au pouvoir des mots.
Exilé russe, Fiodor Kokochkin revient à New York à bord du Queen Mary 2 d'un voyage en Europe sur les lieux de son enfance. Ses souvenirs couvrent la première moitié du XXe siècle avec les tragédies, les moments heureux, la chance aussi de survivre à deux tragédies : la Révolution russe et la révolution national-socialiste en Allemagne.
On est en 2005. Fiodor Kokochkin, un alerte nonagénaire, professeur émérite de biologie, retourne à New York sur le Queen Mary. Juif, il a dû émigrer aux Etats-Unis où il est devenu un scientifique mondialement connu. Chaque jour offre le tableau de cette sociabilité si particulière des traversées transatlantiques où les conversations de table, les distractions programmées, les promenades sur le pont sont autant d'occasions de rencontre. C'est ainsi que Kokochkin retrouve toute sa verdeur en se faisant le chevalier servant d'une jeune (pour lui) architecte de cinquante ans, Olga Noborra. L'humour tout en subtilité de Schädlich donne ici toute sa mesure.
Mais ces aimables instantanés du présent sont entrecoupés de retours sur le passé, un passé qui fut tout sauf aimable. En effet, si le vieux monsieur revient d'Europe, c'est qu'il a voulu revoir les lieux de son enfance et de sa jeunesse, et à son luxueux voyage immobile sur la mer fait contrepoint son voyage sur terre doublement fatigant, à cause des longs trajets épuisants mais plus encore de l'émotion que ces retrouvailles avec les lieux de son passé suscitent. A commencer par St-Pétersbourg, où Kokochkin est né et où il a vécu jusqu'à l'assassinat de son père, député menchevik, par les Bolcheviks ; puis Odessa où sa mère allait retrouver une partie de l'intelligentsia russe en exil - Bounine, qui l'aidera, et surtout Nina Berberova, dont elle partagera l'exil. Devenues de grandes amies, elles émigrent près de Berlin, là où vivait une grande colonie d'artistes et d'intellectuels russes, parmi lesquels notamment Maxime Gorki. Kokochkin fréquente alors un lycée allemand à Templin, dont on peut admirer au passage la pédagogie progressiste, et plus tard l'Institut de biologie de Berlin. C'est alors que l'arrivée des nazis l'oblige à fuir une fois de plus et il se réfugie provisoirement à Prague. Il parvient quatre ans plus tard à gagner les Etats-Unis tandis que sa mère, qui n'est pas juive, vit à Paris, comme Nina Berberova.
Cette double fuite au péril de sa vie devant les deux régimes totalitaires les plus sanglants du XXe siècle, évoquée dans l'atmosphère faussement rassurante du grand paquebot, donne à ce roman une profondeur légère qui est la marque du grand écrivain qu'est H. J. Schädlich.
Une demi-douzaine de malfrats et une femme ont dû se réfugier dans un bar-bunker souterrain, car leurs heures semblent comptées. Leur grand patron et son épouse ont quitté le pays, qui passe aux mains d'une autre équipe, et les communications sont coupées.Caractérisés par leurs surnoms d'animaux, ils s'engueulent, se soupçonnent, se trahissent avec une brutalité inouïe, sans qu'on sache s'il s'agit là d'une secte, d'un trust ou d'un gouvernement.Tableau poussé à la caricature, Trivial Roman n'est pas sans nous rappeler la pièce de Brecht, La résistible ascension d'Arturo Ui, où Hitler était représenté en Al Capone, la pornographie en plus...
Paul, qui n'aime pas spécialement l'école, est bien content le jour où un certain Filolog vient lui proposer de faire ses devoirs à sa place pendant une semaine entière. En échange, il demande au petit garçon de lui donner ses prépositions et ses articles définis. Résultat : Paul adopte un drôle de langage qui fait rire toute la classe. sauf le maître.
À la fin de la semaine, Paul n'a pas du tout envie d'être à nouveau obligé de faire ses devoirs. Il va donc trouver l'homme, qui, cette fois, lui demande en échange ses formes verbales. Les conséquences sont encore plus désastreuses :
Paul arrive à peine à se faire comprendre !
Il retourne voir Filolog pour lui demander de tout lui rendre. Mais celui-ci refuse. à moins que Paul parvienne à compléter correctement un texte à l'aide de. prépositions, d'articles définis et de formes verbales ! Heureusement, l'ami de Paul, Bruno, est là pour l'aider !