Barthélémy Schwartz
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A partir de pockets de western bas de gamme, Barthélémy Schwartz rejoue à sa manière une partition situationniste, et introduit dans la bande l'idée du décollement, travaillant des collages en volume photographiés. Le papier est mis en abyme ; les ombres et le flou font leur apparition ; des distortions et faux-raccords émergent dans la profondeur de champ. Pour autant, ne pas croire qu'il ne s'agira que de flâner, empreint de douce nostalgie, au milieu d'une stimulante réinvention d'images surannées.
Cette bande dessinée travaille un lourd héritage, sa scansion est celle d'une sourde indignation : "parler du catalogue sanglant de l'oppression".
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Benjamin Péret, l'astre noir du surréalisme
Barthélémy Schwartz
- Libertalia
- 20 Octobre 2016
- 9782918059882
D'abord dadaïste puis surréaliste, Benjamin Péret (1899-1959) est l'un des principaux acteurs des mouvements d'avant-garde qui ont secoué la poésie et l'art moderne au XXe siècle. Auteur d'une oeuvre majeure, il est pourtant un surréaliste que la postérité a laissé dans les marges de la célébrité. Son engagement dans les mouvements révolutionnaires de son temps n'est pas étranger à son occultation.Barthélémy Schwartz replace la trajectoire de Péret dans les enjeux utopiques du surréalisme, un mouvement qui voulait « transformer le monde » et « changer la vie ». Poète malmené par la vie, révolté permanent, c'est cela aussi qui rend Benjamin Péret et son oeuvre si lisibles aujourd'hui, si proches de nous.
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Le Rêveur captif est un livre particulier réalisé par un auteur au parcours aty-pique. Principal animateur de la revue Dorénavant entre 1985 et 1990, Barthélémy Schwartz y inventait une nouvelle forme d'(ultra) critique, fustigeant l'idéologie bédé et le storyboard de la production BD dominante, au profit de recherches sur une bande dessinée poétique qui exprimerait plutôt qu'elle ne raconterait. Après avoir délaissé la bande dessinée pendant 16 ans, il renoue avec ce langage à l'occasion d'un dialogue avec JC Menu dans L'Eprouvette, Schwartz propose avec Le Rêveur Captif une "cartographie" des rêves obses-sionnels de sa jeunesse, et panorama de souvenirs et de réflexions sur la bande dessinée.
Fidèle à ses références d'avant-garde, notamment surréalistes et situation-nistes, et grâce à une technique mixte mêlant dessin, photographie et effets graphiques, Barthélémy Schwartz nous livre une expérimentation des plus fruc-tueuses sur le langage du 9e Art et sur son apport atypique : "Je passais pour un martien dans le monde sage et policé de la bande dessinée". Gageons que ce soit toujours le cas.
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De Godzilla aux classes dangereuses
Alfredo Fernandes, Claude Guillon, Charles Reeve, Barthélémy Schwartz
- Ab Irato
- Tatoo
- 20 Juin 2011
- 9782911917523
Le spectacle du sécuritaire s'adresse en priorité aux « citoyens », cette construction sociale abstraite qui donne l'illusion aux « gens » qu'ils ne sont plus exploités comme salariés mais respectés comme individus. La peur est d'abord orchestrée à leur usage. Profondément ressentie par l'ensemble des citoyens, ce qu'on pourrait appeler le « syndrome de Godzilla » (en référence à ce film hollywoodien d'avant les attentats du 11-Septembre où un monstre ravageait New York), structure la vie sociale au son des sirènes hurlantes et des bruits policiers (la peur de l'Autre, du Barbare, du Fou, du Terroriste). Tous contre Godzilla ! tel est le mot d'ordre pour rappeler à chaque instant aux citoyens angoissés la direction de la vie normée. En revanche, la peur du « sans-abrisme », de la précarité, de la vie atrophiée par la perte du travail ou du logement, est à chaque fois rendue invisible par la peur citoyenne dans laquelle elle est amalgamée. L'ordre policier semble le bon remède, mais un remède qui ne permet que de vivre avec la peur.
Pourtant, à chaque fois que des luttes collectives esquissent des perspectives de rupture sociale et dépassent un certain seuil de « dangerosité », le syndrome de Godzilla recule, la peur s'inverse. Une nouvelle force sociale apparaît, autrement plus intimidante : c'est désormais le « syndrome des classes dangereuses » qui bouscule le paysage social et l'imaginaire des classes dirigeantes. La peur ne terrorise plus les quartiers périphériques, mais les beaux quartiers et les centres de décision : sus aux classes dangereuses ! tel est le nouveau mot d'ordre.