Comme tant d'auteurs de la fin du XIX? siècle, Villiers de l'Isle-Adam a mis dans ces Contes cruels (1883) toute son aversion pour la société bourgeoise de son temps. Ce ne sont pas les histoires qui sont cruelles, ni les personnages qu'elles recèlent : c'est l'auteur lui-même qui, avec une ironie sanglante, met au jour les travers d'une civilisation au bord de la crise spirituelle. Que ce soit par la satire, comme dans «Les Demoiselles de Bienfilâtre» et «La Machine à gloire», ou par la fantaisie, comme dans «Véra» et «L'Intersigne», chacun de ces contes donne à voir un autre monde possible et nous invite à nous affranchir d'une société matérialiste et positiviste, pour découvrir cette autre réalité dont l'écrivain atteste l'existence.
L'Ève future (1886) est au roman ce que les Poésies de Mallarmé sont à la poésie:le chef-d'oeuvre de l'époque symboliste, l'anti-Zola, l'anti-Goncourt.Villiers est le plus grand conteur fantastique français. La donnée est fantastique, ou de science-fiction, puisqu'il s'agit de créer une femme artificielle, qui évite les inconvénients des femmes réelles. Ce livre traite de l'amour impossible, pour une femme qui n'existe pas. C'est aussi un roman de la révolte, qui se termine sur le frisson du créateur de l'automate, Edison, face au silence glacé, à «l'inconcevable mystère» des cieux; un roman proche du mythe de Faust, autant que de Jules Verne, par l'anticipation scientifique; un ouvrage philosophique parce qu'il médite sur l'être et le paraître. Le style est brillant, somptueux, insolite et ironique, comme Mallarmé l'a relevé:il mène «l'ironie jusqu'à une page cime, où l'esprit chancelle.»
« Villiers, c'est le vaincu-type, le général tombé au combat, le rêveur et le railleur dont les troupes légitimistes et révolutionnaires (paradoxe qui va s'éclaircir au siècle suivant) peuvent faire leur emblème sombre, leur martyr prématuré. La bataille se continue aujourd'hui, bien entendu, et sous d'autres formes, mais il est temps de relire les pages fiévreuses et lucides de l'auteur des Contes cruels et de L'Ève future.» Philippe Sollers a su définir, dans ces quelques lignes, la personnalité complexe et l'étrange destin de Villiers de l'Isle-Adam : écrivain de génie mais auteur dramatique boudé par le public, témoin à charge d'un XIX? siècle qu'il détestait mais prosateur étonnamment actuel, le père de Tribulat Bonhomet est, à l'image de son oeuvre, fantastique et multiple. La Bibliothèque de la Pléiade donne de ses oeuvres complètes une édition qu'on peut sans exagérer considérer comme définitive. Les spécialistes qui l'ont établie ont nourri leur travail d'une masse considérable de documents sur les milieux où a vécu Villiers ; une recherche menée sur les manuscrits a mis en lumière les premières phases de la création et a aidé à en reconstituer les étapes successives. Tous les commentaires sont réunis dans les appareils critiques des deux tomes. On trouvera également, à la fin du tome II, les oeuvres non recueillies et les ébauches et fragments divers, qui sont d'un intérêt incontestable pour quiconque veut entrer dans la familiarité du créateur. Ainsi, il nous est aujourd'hui permis, en redécouvrant dans sa totalité cette oeuvre multiforme, de mesurer son importance dans notre histoire littéraire.
« Villiers, c'est le vaincu-type, le général tombé au combat, le rêveur et le railleur dont les troupes légitimistes et révolutionnaires (paradoxe qui va s'éclaircir au siècle suivant) peuvent faire leur emblème sombre, leur martyr prématuré. La bataille se continue aujourd'hui, bien entendu, et sous d'autres formes, mais il est temps de relire les pages fiévreuses et lucides de l'auteur des Contes cruels et de L'Ève future.» Philippe Sollers a su définir, dans ces quelques lignes, la personnalité complexe et l'étrange destin de Villiers de l'Isle-Adam : écrivain de génie mais auteur dramatique boudé par le public, témoin à charge d'un XIXe siècle qu'il détestait mais prosateur étonnamment actuel, le père de Tribulat Bonhomet est, à l'image de son oeuvre, fantastique et multiple.
La Bibliothèque de la Pléiade donne de ses oeuvres complètes une édition qu'on peut sans exagérer considérer comme définitive. Les spécialistes qui l'ont établie ont nourri leur travail d'une masse considérable de documents sur les milieux où a vécu Villiers ; une recherche menée sur les manuscrits a mis en lumière les premières phases de la création et a aidé à en reconstituer les étapes successives.
Tous les commentaires sont réunis dans les appareils critiques des deux tomes. On trouvera également, à la fin du tome II, les oeuvres non recueillies et les ébauches et fragments divers, qui sont d'un intérêt incontestable pour quiconque veut entrer dans la familiarité du créateur.
Ainsi, il nous est aujourd'hui permis, en redécouvrant dans sa totalité cette oeuvre multiforme, de mesurer son importance dans notre histoire littéraire.
Pour consoler son ami lord Ewald, que sa maîtresse fait souffrir par son égoïsme et son manque d'intelligence, l'inventeur Edison lui construit un automate qui a le corps d'une femme sublime.
Il est bientôt minuit. Dans son riche salon, le banquier Félix passe en revue ses livres de comptes, en compagnie d'Élisabeth, sa femme. Épouse dévouée et comptable appliquée, elle lui a permis de tripler sa fortune en quelques années. Ce soir-là pourtant, elle lui annonce brusquement son départ. La voiture l'attend en bas. Elle quitte son mari et sa fille pour échapper à l'ennui mortel d'une existence bourgeoise. Son seul désir : vivre enfin.
Une femme amoureuse qui revient de l'au-delà pour retrouver son époux ; une fête qui tourne court par la présence d'un mystérieux convive ; un comédien à la retraite qui, n'ayant jamais éprouvé que des sentiments factices dans ses grands rôles, décide de se confronter au réel ; des fleurs destinées aux défunts qu'on retrouve aux corsages des courtisanes ; un jeune homme maladif dont les hallucinations annoncent la mort d'un de ses amis...Récits fantastiques et poétiques, souvent teintés d'humour noir, ces cinq contes cruels révèlent la diversité du talent de Villiers de L'Isle-Adam.Le dossier invite à travailler sur la structure narrative des contes et permet d'étudier les caractéristiques du fantastique. Il propose également un groupement de textes sur la figure littéraire de la morte amoureuse (Gautier, La Morte amoureuse, Poe, Ligeia et La Chute de la maison Usher).
avec les contes cruels (1883) ; tribulat bonhomet (1887), le secret de l'échafaud (1888) ; histoires insolites (1888, in-16) et enfin nouveaux contes cruels donnent toute la mesure de son talent d'ironiste dans un style que saluèrent tous ses contemporains.
josé corti fut le premier éditeur à s'obstiner à défendre les oeuvres de villiers (les parutions s'échelonnèrent dès 1954).
Le recueil suivant extrait quatre des Contes cruels que Villiers publie en 1883, il s'agit du plus Beau dîner du monde, le désir d'être un homme, Le secret de l'ancienne musique et L 'appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir. T out l'art de Villiers s'y condense! L'analyse subtile des passions humaines y est servie par une langue unique, belle et chatoyante. Le récit prend parfois des détours légèrement fantastiques pour s'appuyer sur une vision prophétique et sans concession avec la modernité qui s'annonce. T ous les grands artistes de fin du XIXe siècle ont consacré Villiers comme un écrivain majeur.
Nul doute qu'ils ne se sont pas trompés et il est utile de publier ainsi quelques-uns de ses textes, pour donner au lecteur qui l'ignore un bel avant-goût de cet écrivain brillant.
reine guerrière, akëdysséril entre dans bénarès
drapée d'or.
mais délaissant son peuple amoureux
qui l'acclame, elle incrimine le grand prêtre de shiva. les deux terribles puissances s'affrontent. avec cette synthèse baroque du romantisme noir
et de l'hindouisme, l'auteur des contes cruels nous
transporte dans un monde sacré oú la mort est
sublimée par une sensualité idéale. " akëdysséril " est extrait du recueil de contes l'amour suprême, publié en 1886.
abrutir les pauvres par la boisson ; éliminer les artistes à des fins de " purgation sociale " ; " guérir " les impénitents sous prétexte d'hygiène ; telles sont les ambitions de tribulat bonhomet.
fervent zélateur du positivisme, cynique doublé d'un philistin, médecin malgré nous, le bon docteur bonhomet est plus que jamais notre contemporain.
Que se cache-t-il vraiment derrière le Bourgeois, cette figure politique et psychologique à première vue transparente, inodore et sans saveur ? Quels mystères inavouables, et terrifiants, recèlent ces gras visages illuminés de bon sens et ces airs bonhommes, innocemment satisfaits ? Y aurait-il d'inquiétants secrets méritant de se voir divulgués, liés à la genèse de cette classe sociale étrange, finalement parvenue au pouvoir total, et à l'emprise complète sur l'ensemble du monde moderne ? Pour le savoir, quoi de mieux que d'écouter ce que disait - voilà plus d'un siècle - celui qui, au plan littéraire, fut certainement dudit Bourgeois l'un des ennemis les plus acharnés, et talentueux : l'immense poète Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889) dont les contes ici rassemblés, légers, irrésistibles de drôlerie et de fiel, contribueront certainement à l'édification, sur cette douloureuse question scientifique, du plus large des publics.
Humour et raffinement du style se marient dans cette nouvelle parue en 1886. Imaginez qu'un directeur de zoo charge un aventurier connu et peu scrupuleux de lui fournir un éléphant blanc, et sacré, de Birmanie, et que cet aventurier doive trouver le moyen de faire sortir l'animal du pays sans que nul n'y voie, bien sûr, rien.
Voilà toute l'affaire, qui risque fort de tourner mal..
Présentées ensemble, les deux pièces en un acte de Villiers de l'Isle-Adam, La Révolte, créée au Vaudeville en 1870, et L'Évasion, créée au Théâtre-Libre en 1887, montrent les facettes très diverses de la dramaturgie de l'auteur au service d'un même théâtre idéaliste.
Présentées ensemble, les deux pièces en un acte de Villiers de l'Isle-Adam, La Révolte, créée au Vaudeville en 1870, et L'Évasion, créée au Théâtre-Libre en 1887, montrent les facettes très diverses de la dramaturgie de l'auteur au service d'un même théâtre idéaliste.
Venez découvrir les Contes cruels de Villiers de L'Isle-Adam grâce à une analyse littéraire de référence ! Écrite par un spécialiste universitaire, cette fiche de lecture est recommandée par de nombreux enseignants. Cet ouvrage contient la biographie de l'écrivain, le résumé détaillé, le mouvement littéraire, le contexte de publication de l'oeuvre et l'analyse complète. Retrouvez tous nos titres sur : www.fichedelecture.fr.
Isis, publié pour la première fois chez Dentu en 1862, était destiné à être la première partie d'un ambitieux roman philosophique. Cette partie initiale n'aura pas de suite, et le livre se vendra avec peine à une trentaine d'exemplaires lors de son premier tirage. C'est dire si l'ouvrage, tout comme ceux qui suivirent (Elën, Morgane), représenteront pour son auteur autant d'échecs dans une vie d'écrivain sans concession au vulgaire. Son oeuvre ne sera reconnue que bien plus tard, fin des années 80 avec les Contes cruels et l'Ève future. Et pourtant, il y a déjà, dans cet ouvrage de jeunesse et fragment sans suite, de quoi classer l'auteur parmi l'un des plus grands prosateurs que la langue française ait fourni. S'y révèle la beauté de Tullia Fabriana, mystérieuse héroïne, blonde sublime aux yeux noirs qui, à la fois inquiète et nous fait adhérer à la jouissive recherche de l'absolu émanant de son être. C'est un fait, l'auteur est l'esthète de l'absolu. Ses phrases d'une surprenante beauté sont là, à chaque page, pour nous en persuader. Et pour peu qu'il ait l'esprit tourné vers le rêve et la quête de la sagesse par le savoir, le lecteur se laissera embarquer dans un jeu littéraire subtil, magique et envoûtant.
Ce recueil de nouvelles sous formes de contes sont d'une grande diversité. Leur dénominateur commun est, selon l'auteur, la cruauté. En effet, Villiers y montre sans fard, avec cynisme parfois, les travers de ses contemporains qui semblent bien cupides (Virginie et Paul), sots et superficiels (La machine à gloire). Néanmoins, les Contes ne se bornent pas, tant s'en faut, à une critique du temps : le fantastique (Véra, L'Intersigne) est représenté. Surtout, dans la plupart des contes transparaissent un sens du tragique et une poésie conformes à leur auteur, aristocrate ruiné, dramaturge sans succès et amoureux du Beau.
Véra.
Le comte Roger d'Athol, après la mort de Véra, avec laquelle il a connu " une fusion idéale ", demeure si fortement attaché à elle qu'il refuse sa disparition. Par la seule force de son amour, il nie la mort de sa " dame de volupté " et fait comme s'il vivait toujours avec elle. Mais la revenante disparaît fantastique s'évanouit sur le champ. Villiers de l'Isle-Adam fait se confondre avec virtuosité l'imaginaire et le réel dans cette nouvelle pour côtoyer l'absolu, à la manière des mystiques.
Comment un aristocrate catholique bascule brusquement dans le camp de la Révolution et, promeneur émerveillé, décrit le Paris communard, devenu capitale de tous les possibles. Ce texte rare, dont la dernière édition remonte à plus de vingt ans, permet de visiter de belle manière la vie et l'imaginaire de Villiers de l'Isle-Adam, l'un des écrivains français les plus méconnus, et précieux.
Villiers de l'Isle-Adam Le Pouvoir de l'amour Nouvelles Collection " Il était une fois... " " Il s'agissait de créer un mirage terrible. " - " Véra " Le soir où il l'avait vue pour la première fois il y avait à peine six mois, leurs regards s'étaient rencontrés. Ils s'étaient reconnus, intimement, de pareille nature, et devant s'aimer à jamais... jusqu'au jour où un accident terrible les désunit...
Rassemblées dans les années 1960, ces nouvelles proviennent de différents recueils (Contes cruels, Nouveaux Contes cruels...) ou revues, et forment ici un florilège des thèmes qui hantent l'oeuvre de Villiers de l'Isle-Adam.