Après la naissance de son fils Simon, Jeanne comprend peu à peu que son mari s'éloigne, ne l'aime plus tout à fait. Ils décident ensemble d'une vie amicale. La géographie de ce pacte est à la lisière de la comédie : un seul palier, deux appartements, une vie amoureuse libre, faste pour Pierre, que la narratrice surveille et jalouse. Une façon d'être ensemble, longtemps, jusqu'à ce que Simon grandisse. Comme il s'apprête à quitter la maison, la narratrice voit son monde chamboulé.
Jeanne parvient à s'arracher à cette promiscuité toxique en louant un appartement meublé dans une vieille bâtisse au charme mystérieux, située dans un quartier étrangement familier, où l'accueille une petite fille, Romance.
C'est là que vont lui revenir les souvenirs de sa propre enfance cassée : la mort brusque, soudaine et insupportable de son père, la terrible maladie qui la cloue à l'hôpital à l'âge de 10 ans avec une armée d'enfants menacés mais surtout la passion dévorante et chimérique qu'elle projette sur le médecin qui la soigne. La voici incarcérée durant plus de sept ans dans un amour obsessionnel et inavouable pour un homme quatre fois plus âgé qu'elle, le poids du secret alourdissant son corps de toutes les larmes qu'elle ne verse pas...
A l'âge où les sentiments se mêlent, dans la pureté et parfois la confusion, Romance se blesse, aime, découvre. Où donc sont passés Pierre et leur fils ? Et cette maison ancienne, faut-il vraiment y vivre, ou simplement la traverser ? Entre Marcel Aymé et Henry James, Anne Goscinny, dont les mots parfois crépitent, nous font rire, hésiter, ou pleurer, nous livre ici son roman le plus accompli.
"Je vois qu'elle est troublée. Elle se laisse faire, devient poupée de chiffon, veut me plaire et retrouver son Gabriel tendre et bienveillant, prend des poses lascives qui toujours me rendent fou...". Mais Gabriel a changé. Il n'est plus ce veuf doux et charmeur que Mathilde a rencontré, un jour de pluie, à Paris, tandis qu'elle rentrait chez elle. Il n'est plus cet amant passionné pour qui elle était prête à tout sacrifier, son mari et sa fille.
Non, c'est un autre homme car Gabriel vient de rencontrer une très jeune fille. Chez Mathilde, la douleur laisse place à la folie. Une folie presque ordinaire qui la conduira jusqu'à Saint-Pierre de Rome, au pied du chef-d'oeuvre de Michel-Ange. Dans ses pages brûlantes, Anne Goscinny nous raconte l'histoire de la passion qui soumet et de l'amour qui rend fou. Un drame cruel et vibrant sur ces hommes qui ne savent pas aimer.
« Je voulais un lundi comme les autres. Comme les autres lundis et comme les autres enfants. Pas un lundi avec un mort dans mon cartable. »
Sophie perd son père à dix ans. Chaque année, à la date anniversaire de sa mort, elle quitte Paris pour Nice, où il est enterré. Sur sa tombe, elle dépose une brassée de mimosa et une lettre dans laquelle elle se raconte. Et chaque année, le vieux Max, le gardien du cimetière, l'attend : il voit grandir cette petite fille à la fois naïve et tétue, qui, au fond, ne parvient toujours pas à enterrer son père. Max est un original. Coupé du monde, il partage son existence entre Sainte Thérèse d'Avila, qu'il appelle familièrement Thérèse et à qui il demande chaque matin conseil, et Marilyn, la fleuriste du cimetière, qui vit retirée dans sa boutique qu'elle n'a pas su baptiser autrement que « Certains l'aiment froid ». Max et Sophie se lient d'amitié, comme deux solitaires pour qui un deuil impossible semble avoir arrêté le cours du temps. Car Max vit lui aussi dans le souvenir: Hannah, sa petite voisine, sa fiancée, dénoncée par ses propres parents, concierges de l'immeuble, n'est jamais revenue des camps d'extermination. Pleins d'ingénuité et de fantaisie, Max et Sophie prendront à contre-pied le tragique de leur existence. A travers leurs récits alternés, tantôt solennels, tantôt cocasses, beaucoup de secrets et de non-dits seront levés, et les histoires de chacun, qu'on croyait distinctes, se révéleront liées.
« Son sourire aujourd'hui me donne envie de découvrir le monde. Elle oublie, je le vois, l'échéance des trois jours. Elle oublie que le temps est compté, elle oublie l'ombre et son murmure.
Il fait doux, Nice ouvre ses cadeaux. Il n'y a personne dans les rues. Je marche, enveloppée dans un caban trop large. Je ne pense qu'à ma mère. Je sais que la parenthèse se referme sur nous. Ma promenade, au gré du vent, au gré de rien, me conduit dans un joli jardin. Je m'assieds sur un banc, déboutonne mon manteau. Je respire. Trois pastels et mon carnet vont immortaliser le bleu, le vert et l'ocre.
C'est alors que je remarque cet homme. Il est là, tout près, assis sur un banc. Il me regarde. Il se lève. Vient vers moi. » A. G.
C'est à Noël, sous le soleil d'hiver, qu'Anne Goscinny réunit une mère et sa fille pour un dernier voyage. Un roman poétique et personnel.
Anne Goscinny est l'auteur, chez Grasset, d'un premier roman remarqué : Le bureau des solitudes (2002).
Le Livre:
Trois personnages pour ce roman d'Anne Goscinny, qui tisse finement tous les liens de la colère et de l'émotion. Un trio d'inséparables : la mère, la fille, le voleur. La mère, Hélène, est atteinte d'un cancer dont les rémissions sont autant d'espoirs déçus. Elle va en mourir, entourée d'une cour d'amis, protecteurs et présents. Trop présents ? Peut-être. La fille, Solène, l'accompagne jusqu'à la fin, entre accablement et révolte. Le voleur, Fabrice, est le meilleur ami de Solène, ondoyant et flatteur. Il va détourner à son profit l'amour d'une mère avant de l'escroquer, la voler par petits bouts, et insinuer le doute : la voleuse, ne serait-ce pas cette Solène, fille ingrate ? Les amis deviennent juges et censeurs. Solène comparait devant un tribunal où chacun détourne les yeux. La vérité tourne à la mascarade. L'amour filial est ici un combat dont ce livre intense se fait l'écho.
Jouant avec la chronologie des époques différentes (avant la mort et dix ans après), alternant les voix narratives en une composition polyphonique, Anne Goscinny a écrit un roman qui affronte les sujets les plus dérangeants. L'affection confisquée d'une mère. L'escroquerie dont la victime est à l'agonie. Le protocole d'une perte. La trahison d'un proche. En peu de pages, chaque mot de cette sonate en deuil majeur touche le lecteur.
Six personnages principaux dans ce roman des solitudes : trois s'épanchent dans le cabinet d'un avocat, trois se dérobent dans celui d'un psychanalyste. Entre les deux cabinets, un simple palier. Derrière le bureau du premier et assis au fauteuil du second, le même homme, narrateur unique de ces destins naufragés : « Il faut que je l'avoue : je suis un imposteur ». Cette tragi-comédie fait mine de respecter l'unité de temps (une seule journée), l'unité de lieu (un seul immeuble, avec le restaurant chinois pour point de fuite à l'heure du déjeuner), l'unité d'inaction (puisque les six personnages en quête de hauteur sont empêchés d'agir, par des procédures judiciaires ou des protocoles névrotiques). Mais la surprise finale déconstruit tout le puzzle du récit dans une mise en abîme virtuose. Le narrateur est-il un psychanalyste qui se rêve avocat (« je voudrais être avocat mais je suis psychanalyste. Finalement, c'est la même chose. Mes patients se portent partie civile dans le boxe des accusés ») ? Ou n'est-il lui-même que le personnage du récit qui l'invente (« Je n'ai jamais rien créé, sauf vous. Vous êtes la seule oeuvre que je laisse ») ? Peu importe au fond, puisqu'entre temps Hector Fèdre, Arlette Gide, Emma Liberteg, Cécile Hadellash, Monsieur Claude et Madame de Lothermore auront fait effraction dans votre mémoire, pour ne plus en sortir...
Une femme a été tuée. La police enquête et interroge tour à tour les personnages qui ont croisé le principal suspect, mari de la victime et psychanalyste. Parmi les témoignages, celui de Jeanne, sa dernière patiente, qui avait décidé de suivre jusque dans son intimité la plus secrète celui à qui, trois fois par semaine, elle se livrait...
Chaque déposition, à sa façon, accuse le mari : son meilleur ami, sa mère, la femme de ménage, tous ont des raisons légitimes de lui en vouloir. Est-il coupable pour autant ?
Un kaléidoscope de points de vue, une ronde de styles, de tons et de voix, une tension romanesque jusqu'au coup de théâtre final.
« A tout à l'heure mon petit chat », lance gaiement un père à sa fillette de neuf ans, qui ne le reverra jamais. Un mystère tombe et ne quittera plus la narratrice : la mort. Alors que les adultes font entendre leurs sanglots, un étrange silence se fait en elle, celui du bruit des clefs que son père lançait à l'entrée de la maison. Sans ce tintement familier qui rythmait l'enfance, il faudra donc faire résonner dans la vie une autre musique... Anne invente la sienne, discrète et entêtée, à mesure que se succèdent les disparitions. Elle relève le défi qui lui est lancé, regarde le passé de toute une famille éteinte droit dans les yeux, apprend comment les siens ont été broyés par la Shoah et découvre, dans le même temps, la force de son legs. De la merveilleuse imprimerie de l'oncle Léon, située passage de l'Espoir, rien n'a été sauvé de la barbarie nazie... Sauf, peut-être, l'éternité de l'espoir. Libre d'être seule, solitaire dans l'exercice de cette liberté, Anne peut retrouver une enfance idéale dans ce que son père a créé : les aventures d'un Gaulois, les facéties d'un écolier prénommé Nicolas, et l'affection immense que portent à ces personnages des millions de lecteurs dont les yeux pétillent dès qu'ils voient apparaître sur une couverture le nom du père d'Anne - ce nom qui est aussi le sien, Goscinny. Mais pour se le réapproprier pleinement, encore faut-il bâtir une passerelle vers un imaginaire plus intime, cristallisé en un lieu dérobé, là ou se recueillent les quelques souvenirs fragiles d'un amour fou entre père et fille. Ce sont ces images-là, nichées dans le secret de sa mémoire, que l'auteur rassemble dans une quête fondamentale, avec l'aide de tous les pères de substitution qui l'ont suivie pas à pas.
Cette année, Lucrèce fait sa grande rentrée en 6e. Pas facile quand on a une mère archi débordée, un beau-père qui vous pique vos devoirs de maths, un demi-frère geek, un père artiste très abstrait et une grand-mère qui se prend pour une star de cinéma... Par bonheur, il y a Aline, Coline et Pauline : entre Lucrèce et les Lines, c'est amies pour la vie !
«Bien sûr, ça lui a fait un drôle d'effet à maman que j'aille au cinéma sans elle. Je ne lui dirai jamais mais même à moi, ça me fait quelque chose de grandir.»Sa première soirée au cinéma, un anniversaire avec les Lines, un grand événement à partager en famille, et un chaton qui s'invite à la maison... Dans le petit monde loufoque de Lucrèce, il y a toujours une raison de faire la fête !
Une bonne dose d'énergie, un soupçon d'impertinence et surtout beaucoup d'humour, revoilà Lucrèce ! Notre héroïne est confrontée à un exposé super important avec les Lines, ses meilleures amies, à un mariage sans mariée, aux fiançailles surprises de sa grand-mère, à un cours de claquettes et à bien d'autres mésaventures ! Elle a des parents toujours aussi compliqués, un petit frère horripilant et un cousin prénommé... Nicolas, comme le héros de ses livres préférés.
«Si je devais inventer ma vie, je ne changerais rien !» Participer à son premier conseil de classe, faire un stage d'observation au tribunal, trouver un cadeau pour la fête des Mères, partir avec les Lines en voyage scolaire à la ferme ou assister au tournage d'un film... Lucrèce est ici plus loufoque que jamais !
L'été s'annonce joyeux et plein de surprises pour le plus grand bonheur de Lucrèce. Une grande maison qui ressemble à un petit château, une partie de pêche miraculeuse, une irrésistible promenade en vélo... Elle aura tant d'histoires à raconter aux Lines à la rentrée ! «Je ne sais pas où on va ni quel genre de maison on va trouver. Mais avec ma famille, j'irai au bout du monde.»
«L'amitié, c'est ce qu'il y a de mieux dans la vie, avec les tortues, le cinéma et les baskets.»Un vent de surprise souffle sur le monde loufoque de Lucrèce ! Un déménagement, une fiancée pour papa, des vacances au bord de la mer, et Simone, une nouvelle amie. Lucrèce adore quand ça bouge même si, au fond, elle aimerait bien que rien ne change jamais.
Scarlett fait une fugue, maman se prend pour une ado, et un invité surprise arrive à la maison : la vie est toujours aussi loufoque pour Lucrèce. Et voilà que s'annonce un week-end de rêve avec les Lines. Au programme : balade à cheval, sortie en mer et émotions fortes ! Lucrèce est prête pour l'aventure.
Anne Goscinny est l'auteur, avec Michel Fessler et Benjamin Massoubre, du scénario du film Le Petit Nicolas, qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?
C'est elle qui, épousant la voix de Nicolas et prenant la suite de René Goscinny, signe ce roman aussi drôle qu'émouvant.
Les illustrations sont extraites du film et redessinées avec maestria par Fabrice Ascione.
Je vous raconte enfin d'où je viens.
Quand je vais raconter aux copains qu'en plus d'avoir des parents, j'ai des auteurs, ils vont être drôlement jaloux.
Mes auteurs, René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, m'ont expliqué comment ils m'avaient inventé, moi je les ai laissés dire mais en vrai, je suis sûr que c'est quand même un peu grâce à moi qu'ils sont devenus célèbres.
Ce livre, c'est notre histoire. Ils me racontent leur enfance, leur jeunesse et moi, Nicolas, sous le marteau de la machine à écrire de René et grâce au pinceau de Jean-Jacques, vous me voyez venir au monde.
Vous comprendrez alors que je suis né de l'amitié de deux grands auteurs qui tout au long de ce roman illustré dialoguent, heureux de leur complicité.
Vous n'allez pas découvrir une nouvelle histoire du Petit Nicolas, mais l'Histoire du Petit Nicolas, et vous verrez comment et en quoi mon enfance est une réponse à la leur.
René Goscinny est l'un des auteurs français les plus lus au monde.
A elles seules, les aventures d'Astérix le gaulois, traduites en 77 langues et dialectes, représentent près de trois cents millions d'albums ! René Goscinny était un homme tout le temps drôle. Dans ses écrits, dans ses propos. Ce n'était cependant par un boute-en-train au sens habituel du terme. Toujours élégant, bouillonnant de l'envie de créer, il était courtois et, en même temps, très réservé. René Goscinny a tiré le diable par la queue pendant longtemps et puis, aux abords de la quarantaine, il est devenu un auteur comblé, et, enfin, un homme de bonheurs (sa femme, sa fille).
Ensuite, trop vite, comme ces ballons sur lesquels il aimait tirer dans les fêtes foraines, son coeur a explosé. Il est mort à 51 ans, le 5 novembre 1977. Pratiquant un art rare, dénué de méchanceté, de vulgarité, tout de légèreté et de précision, René Goscinny a été un immense scénariste de bandes dessinées (Astérix avec Albert Uderzo, Iznogoud avec Jean Tabary, Lucky Luke avec Morris, plus cent autres récits présentés ici), de télévision, de cinéma, et un évrivain touché par la grâce (Le Petit Nicolas, avec Sempé).
Il a été aussi en 1959 le cofondateur (avec J.-M. Charlier et A. Uderzo) du journal Pilote où est née la bande dessinée que nous lisons aujourd'hui. De Brétécher à Bilal, en passant par Gotlib, Cabu, Tardi, Mézières, Druillet, Fred, Lob, Giraud, Christin, Pétillon, Reiser.... C'est la trajectoire de ce gentleman pudique, drôle, fragile et mystérieux, que nous racontent Anne Goscinny, Guy Vidal et Patrick Gaumer.